Pendant plusieurs siècles encore, ce château restait l’état de masure, protégé par son titre de propriété du roi; mais au commencement du XVIIIe siècle, sur la fin du règne du grand Louis, le gouvernement, aux abois, chercha à se procurer de l’argent en aliénant, comme il l’avait fait souvent, une partie du domaine public. Le roi vendit ou plutôt engagea, d’après Vigier de la Pile, moyennant 12,500 livres, ce terrain où il ne restait que de mauvaises masures, et quelques domaines adjacents, ainsi que tous les droits seigneuriaux, les rentes, la justice haute, basse et moyenne, la pêche sur la rivière, au sieur Guillaume Deval, président de l’Election d’Angoumois, qui dès lors possédait le domaine de la Lesche, tout près situé. En effet, à partir de cet instant, les Deval prirent le titre de seigneurs de Touvre jusqu’à la Révolution et adoptèrent même un blason. Mais ils ne gardèrent pas longtemps l’ensemble du château, car à la date du 26 avril 1738 Jean Deval, seigneur de Touvre, avocat en la cour de Parlement de Paris, fils du précédent, donnait en baillette, à la charge de trois livres de rente, à Antoine Bataille, un mas appelé les masures du petit-château, séparé par les fossés des masures de l’ancien château. Par acte du 8 octobre 1736, il avait déjà cédé, pour pareille rente, à Marie Catafort, veuve Demay, un terrain proche les fossés de l’ancien château, avec droit de pacage sur cet emplacement; il lui donnait également la permission de prendre du moellon et du sable dans l’enceinte du vieux château, pour construire deux chambres sur le terrain vendu, ce qui semble prouver qu’il existait encore des débris assez considérables.
Source : Le château de Touvre, de Stéphane-Claude Gigon.