Le district une fois remis au goût du jour après le passage de Bordas, Lapeyre-Bellair rend compte de sa gestion aux Comités parisiens ; il ne dissimule pas le soulagement que l’opinion éprouve après la chute des triumvirs :
Lapeyre-Bellair dit tout haut ce que la bourgeoisie pense tout bas : l’activisme révolutionnaire a fait son temps.
Jean-Baptiste Lapeyre est un brave homme, le modèle du brave homme. Né le 19 mars 1749 à Abjat, la Révolution vient le cueillir au tournant de la quarantaine alors qu’il arpente sa vigne et ses champs. Dans sa belle maison de Saint-Germain de Montbron, il mène une vie patriarcale au milieu de ses enfants.
Comme tout le monde, il prête une oreille attentive aux rumeurs qui agitent le pays. Son village est calme. Tout naturellement, on le porte à la tête de la municipalité ; il met sur pied la garde nationale.
Les administrateurs du district lui demandent de venir les rejoindre ; il acquiesce. Un représentant de passage en Charente le renvoie à ses champs, la Révolution n’a que faire de modérés ! Un autre représentant le rappelle. Ainsi vont les jours de l’homme.
Cette bourgeoisie modérée soucieuse de trouver la place qui lui revient dans la représentation politique vit dans l’attente du régime qui balaira les outrances des Jacobins ; il lui importe peu qu’il soit d’essence monarchique ou républicaine pour peu qu’il ramène l’ordre et cautionne la propriété des biens ; le bonapartisme réalisera ses vœux. Perre-Benoît Lapeyre de Belair, l’un des fils de l’agent national, maire de Saint-Germain de Montbron en 1813, par ailleurs affilié à la loge Saint-Charles d’Irlande, sera nommé Commissaire du pouvoir exécutif.
Source : La Rochefoucauld au péril des jacobins, d’Yvon Pierron.