Notice dans l’Historia pontificum et comitum Engolismensium (« Histoire des évêques et des comtes d’Angoulême ») en 1160, traduction Claude Gigon.

Post quem suscepit electionem Cleri petitione & assensu Hugo natione Engolismensis, Rupis-Focaldi oppidanus, Petro patre, Edoarda matre natus, Ecclesiae Engolismensis Cantor, qui a primaria etate castitatem & munditiam fervavit, etiam verba illa que bonos mores corrumpunt verecunde vitabat. Fuit humilis in omni actu, in locutione gratiosus, nihil habens rusticitatis admixtum, qui cum parvus adhuc, vel habitu esset, tamen in predicatione facundissimus erat. Qui liberalibus artibus imbutus Magistro Gisleberto in Galliis adhaerens, illum maxime in Theologia sequutus est. Cum autem Gaufridus Burdegalensis decessisset, Canonici Burdegalenses vocem suam in electionem dederunt Engolismensi, Agennensi, Pictavensi, Xantonensi, Petragoricensi. Qui cum de electione secreto tractarent, Henricus Rex se intermiscuit concilio eorum, deprecans, quatenus Joannes de Saecli Magister Scholarum Pictavensium per eos in Archiepiscopum eligeretur. Et ipse praesens Rex volebat interesse electioni, ne aliquis Episcoporum contra voluntatem Regis aliquid diceret. Cum vero Rege praesente praedicti Pontifices timido silentio stuperent, solus Hugo Engolismensis Episcopus dixit: Domine Rex nobis quibus electio juste commissa est, de electione in praesentia vestra tractare non licet: quandiu autem hic nobiscum fueritis de officio Ecclesiastico & de ordinatione nobis commissa tacebimus, nec amplius qui voce nostra primo promotus est per nos promovebitur. Quod audiens Rex cum maximo rancore tristis abscessit. Comes itaque Guillermus de itinere Hierosolymitano regressus maximam guerram cum Rannulfo de Agernac sororio suo habuit. Qui Rannulfus quadam die cum magnas militum & peditum copias congregasset & Castrum novum capere pararet, praedicto Guillermo cum paucis sibi occurrente cum illa peditum & militum multitudine ab eo captus est. Item Arnaldo Bocardi praefatum Guillermum graviter infestante G. Mandugot, seu Manigot, cum ad auxiliandum illi properaret, a praedicto Consule captus & in vinculis redactus est. Idem Consul magnas guerras habuit cum Fulcone & Gaufrido fratribus suis, cum Focaudo Archiaci, cum Iterio de Coniaco & multis aliis Baronibus qui abstulerant ei munitionem Macuriae, quam obsidens praefatus Comes repulsis inimicis, honorifice suscepit. Illus quoque eximium illi accidit. Nam cum guerram haberet cum Guidone de Rupe-Foucaudi armata manu intrans castrum Rupis-Foucaudi, quidquid extra turris munitionem invenit aut ignis combustione delevit, aut rapinis dirupit. Cumque saepe nominatus cum Rege Anglorum ad obsidionem Chosae venisset, contigit quod Hugo Engolismensis Episcopus gravissima infirmitate correptus opprimeretur, quem modum infirmitatis cum astantes Medici judicare non possent, multa ignoranter dixerunt. Quantae charitatis praedictus Hugo Pontifex fuerit; quam assiduus in lectione, quam benignus erga subditos, dicere nequimus. Ex quo urbem ingrediebatur cum Cathedralibus in choro omnibus horis & maxime in matutinis Deo psallebat communi voce, non gravata Episcopali auctoritate, & fastidiens palatium in Claustro cum Cathedralibus frequenter residebat, nisi Ecclesiasticae causae traherent illum, qui maxima bona mense Episcopi contulit. Consilio ejus Ecclesia Engolismensis judiciariam de Julac acquisivit. Qui homo summae pacis & summae concordia ex quo ipse discessit, quasi cum eo pax & concordia discessit: tota civitas in seditionem versa est. Vix sexagenarius maximo planctu Clericorum, lamentatione nobilium, luctuoso gemitu utriusque sexus & aetatis post munitionem (inunctionem) & acceptam Eucharistiam obdormivit in Domino pridie Idus Augusti MCLIX anno ab Incarnatione Domini. Sedit annis X. mensibus 2. die uno. Sepultus est intra Ecclesiam Cathedralem a Septentrionali parte. Cessavit Episcopatus usque ad Idus Octobris sequentis.

Après Lambert, Hugues fut élevé au siège épiscopal avec l’assentiment et même sur la demande expresse du clergé. Il était de la province d’Angoumois et né dans la ville de La Rochefoucauld, de Pierre et d’Édoarde. Comme dignitaire ecclésiastique, il était chantre de l’église d’Angoulême. Hugues avait conservé la chasteté et la candeur du premier âge; il évitait toute conversation susceptible de porter atteinte aux bonnes mœurs; il était humble dans ses actions, agréable dans ea conversation où rien de rude ne venait se mêler, et bien qu’il eût un défaut de prononciation, il était fort éloquent dans ses sermons. Nourri dans les arts libéraux, il était étroitement uni à Gilbert, son maître dans les Gaules, dont il suivit en tout point les opinions théologiques. Peu après l’élévation de notre évêque, Godefroy, archevêque de Bordeaux, vint à mourir. Les chanoines du chapitre embarrassés donnèrent leurs suffrages aux évêques d’Angoulême, d’Agen, de Poitiers, de Saintes et de Périgueux, pour confier l’élection à leurs soins; et pendant’qu’ils s’occupaient en secret de cet objet important, Henri, roi d’Angleterre et d’Aquitaine, s’introduisit dans leur réunion, recommandant vivement Jean de Sechius, maître écolâtre de Poitiers, afin qu’ils relevassent à l’archiépiscopat; le rôi voulait même que la chose se décidât devant lui, dans la crainte que quelqu’un des évêques ne parlât contre sa volonté; et comme tout le monde en présence du monarque gardait un timide silence, Hugues seul, osant élever la voix, dit: « Seigneur roi, il ne convient pas que nous qui sommes seuls chargés de celte élection nous délibérions en votre présence; donc, aussi longtemps que vous serez parmi nous, nous nous tairons sur les affaires ecclésiastiques et sur l’ordination qui nous est confiée; quant à celui que vous, le premier, avez recommandé à nos suffrages, il ne sera pas élu de préférence. » Ce qu’entendant le roi, il se retira méconlent et plein de rancunes. Vers ce même temps, Guillaume, comte d’Angoulême, revint de son voyage à Jérusalem et eut une gnerre formidable avec son beau-frère, Ranulfe de Jarnac. Celui-ci ayant prémédité d’enlever Châteauneuf, assembla une grande troupe de soldats de pied; mais Guillaume, accourant au-devant de lui avec une poignée des siens, s’empara de sa personne et des soldats qu’il avait assemblés. Dans ce même temps, notre comte était gravement attaqué par Arnaud, fils de Bouchard, et Mandugot, allié de celui-ci, accourait en toute hâte pour lui prêter main-forte; mais, prévenu par Guillaume, il fut pris et retenu dans les fers. Il eut encore plusieurs autres guerres avec Fulcon et Godefroy, ses frères; avec Foucaud d’Archiac, Hier de Cognac et beaucoup d’autres barons, qui lui avaient enlevé la forteresse de Macurie. Le comte mit à son tour le siège devant la place, et, après avoir repoussé ses ennemis qui l’inquiétaient, il la reprit avec honneur. Enfin, il accomplit un autre haut fait éclatant. Ayant eu guerre avec Guy de La Rochefoucauld, il s’introduisit dans sa forteresse à main armée, et tout ce qui se trouvait en dehors des tours fut détruit par le feu ou ravagé par le pillage. Ensuite notre comte, de concert avec le roi d’Angleterre, vint mettre le siége devant Cozes, et alors il arriva que l’évêque Hugues, frappé tout à coup d’une maladie extrêmement grave, tomba dans la stupeur, et les médecins qui l’assistaient n’ayant pu juger de quelle maladie il était atteint, dissertèrent sur le sujet avec une extrême ignorance. Jamais nous ne saurons dire combien fut grande sa charité, combien il était assidu dans ses lectures, combien il fut doux pour ses subordonnés. Chaque fois qu’il entrait dans sa ville épiscopale, il se rendait au chậur avec ses chanoines, et là, à toute heure et surtout à matines, il psalmodiait avec eux d’une voix grave les louanges de Dieu, oubliant pour ainsi dire son rang et son autorité ; fuyant son palais, il résidait le plus souvent dans le cloître avec ses chanoines, à moins qu’il n’en fût arraché par l’intérêt de l’Église. Pendant son gouvernement, il apporta les plus grands biens à la manse épiscopale; par son conseil encore, l’église d’Angoulême fit l’acquisition de Juillac-le-Coq. Homme de concorde et de paix sublimes, il se retira de la vie, et il sembla qu’avec lui s’étaient aussi retirées la paix et la concorde, car après lui la cité tout entière fut en proie à la sédition. Bientôt, au milieu des cris de douleur du clergé, des lamentations de la noblesse, des pleurs et des gémissements du peuple, sans distinction d’âge ni de sexe, il s’endormit dans le Seigneur, à peine âgé de soixante ans, l’an de l’incarnation 1159, la veille des ides d’août, après avoir reçu l’onction sainte et avoir accepté l’Eucharistie. Il avait occupé le siège épiscopal dix ans deux mois et un jour. Il fut enseveli dans la cathédrale, vers la partie septentrionale.

La crosse épiscopale du XIIe siècle conservée au musée d’Angoulême appartenait à Hugues Tizon, évêque d’Angoulême de 1149 à 1159.

Hugues Tizon était chantre et l’un des chanoines de la cathédrale Saint-Pierre d’Angoulême avant son élection en 1149, suite au décès de Lambert de La Palud. Celui-ci l’avait désigné comme successeur.

Dans les chartes en latin, il était alternativement appelé Ugo Ticio, Ugo Tizo, Ugone Ticione, Hugonem Ticionem. Après il sera simplement connu sous le nom d’«évêque Hugues».

En 1144, le chanoine Hugues Tizon était témoin d’une donation de terre par le comte Guillaume Taillefer au chapitre d’Angoulême. Dans un traité relatif à sa chantrerie, il apparaissait aux côtés de l’évêque Lambert.

Issu d’une famille noble de La Rochefoucauld. Fils de Pierre Tizon, damoiseau.

Les Tizon ou Tison à Dirac figuraient parmi les prévôts de l’évêché aux côtés des Jourdain à Marsac. Ces deux familles étaient fortement soupçonnées d’accaparer les forêts sous leur administration et de s’enrichir indûment.

Le lignage aîné éteint au XVIIe siècle, allié aux maisons de Volvire, de La Rochebeaucourt… etc., prit le nom de Tizon d’Argence (Champniers) pour se distinguer des autres lignages cadets : par exemple Tizon de La Rochette, Tizon de Coulgens, Tizon de Jauldes.

Il mourut le 12 août 1159, âgé de 60 ans environ, et fut inhumé le lendemain.

Source : Généalogie Charente Périgord.