Aunac est un des châteaux gothiques les plus gracieux et les mieux conservés de l’Angoumois. Il est situé sur la rive gauche de la Charente, entre Verteuil et Mansle. Il attend qu’une main intelligente vienne lui rendre sa beauté primitive; comme il n’a encore subi aucune mutilation, c’est peut-être de nos jolies demeures féodales, celle qui se prêterait le mieux à une restauration bien comprise. Un homme de goût, M. de Montalembert, pair de France, a admiré Aulnac et a presque jeté l’anathème sur l’insouciance qui laisse tomber, une à une, les pierres d’encorbellement de ses mâchicoulis.
La première entrée du château, du côté du bourg, est protégée par deux tourelles percées de meurtrières.
La seconde entrée A est la porte proprement dite ; elle avait autrefois son pont-levis. Elle est surmontée de mâchicoulis et de créneaux, et flanquée de deux tours rondes à l’extérieur du côté de l’ouest, et carrées de l’autre. Les armoiries des La Rochefoucauld se trouvents culptées aux clefs de voûte du rez-de-chaussée des deux tours. On les voit aussi répétées en plusieurs endroits du donjon B.
Ce donjon, d’une magnifique construction, s’élève sur un très-beau plan. A l’est, vous avez devant vous une tour d’un immense diamètre, terminée dans le haut par un mâchicoulis crénelé; à l’ouest, c’est une tour d’un moindre diamètre formant avant-corps sur une façade carrée à ses extrémités. L’exécution ne le cède en rien à l’originalité du plan : tout y est sobre d’ornements, mais l’œuvre brille par la noblesse des lignes et l’harmonie de toutes les parties qui la composent. C’est un des bons morceaux de l’architecture du XVe siècle.
Les arts, en Angoumois, ont dû beaucoup à cette grande maison de La Rochefoucauld. La Rochefoucauld, Verteuil, Aunac, Bayers, Barbezieux attestent le goût éclairé de cette famille illustre. Du reste, le beau pays où ils ont élevé ces gracieux monuments méritait ce luxe de princes ; les bords de la Charente sont un pays enchanté.
Source : Statistique monumentale de la Charente, de Jean-Hippolyte Michon.
