Le seigneur des Ombrais, Charles Odet, se rendait à cheval, le 5 mai 1687, aux Lignons (Saint-Projet). « Il avait eu à se plaindre d’un domestique que le sieur Laforcade, horloger audit lieu, avais pris à son service. Que se passa-t-il alors ? Ce que nous savons, c’est que peu de temps après, il fut rencontré par plusieurs témoins sur le chemin des Ombrais, distant des Lignons d’une demi-lieue, la tête couverte de sang, auxquels il n’eut la force que de dire ces mots : « Les valets de Laforcade m’ont tué ! » À peine arrivé aux Ombrais, on le descendit de cheval ; il fut étendu sur son lit chez le métayer Delâge et rendit le dernier soupir. Sa femme, Anne Pasquet, aussitôt prévenue, le fit transporter à L’Âge-Baston, sa demeure ordinaire, et enterrer dans son jardin sans aucune cérémonie religieuse. » Une longue enquête fut ouverte ; elle ne semble pas avoir donné de résultats mais nous éclaire sur l’état d’esprit de l’époque, quelques années après la révocation de l’Édit de Nantes. Ne lisons-nous pas une déposition qui se termine ainsi : « Que foi ne doit être ajoutée à ce que pourrait avoir dit le seigneur des Ombrais avant sa mort, d’autant qu’il était mort hérétique, sans avoir abjuré l’hérésie, et même ayant refusé les sacrements de l’Église et s’est fait enterrer dans son jardin. » Sa fille Sarah préféra s’expatrier qu’abandonner sa religion.
Source : Histoire d’un vieux logis en Angoumois, le château des Ombrais, d’Henri de Montégut.