Récit de la campagne d’Égypte entre mai 1798 à août 1801, du point de vue de la 4e demi-brigade d’infanterie légère, chef de brigade Mathieu Lacroix (1761 La Rochefoucauld-1822 Angoulême) à la fin de la campagne.

La 4e demi-légère resta cantonnée à Bassano du mois d’avril au mois d’octobre 1797 ; en décembre elle est à Vicence d’on elle part le 10 janvier 1798 pour aller faire partie de l’armée d’Angleterre. Mais elle reçut contre-ordre en route, et en février elle figure sur les états de situation comme tenant garnison à Pavie ; elle passe ensuite en Corse et le 29 mars elle est à Bastia à l’effectif de 1,219 hommes, dans la 23e division militaire.

Désignée pour faire partie de l’expédition d’Égypte, elle fut embarquée et la flotte mit à la voile le 15 mai. Le 11 juin, le corps expéditionnaire était devant Malte, et la 4e demi-légère débarquée la première à la côte de Saint-Julien repousse daus la place 600 hommes de troupes maltaises.

Embarquée à nouveau le 14 juin à Saint-Paulen, elle est placée dans la brigade Marmont de la division Bon.

Le 25 juin la flotte française est en vue de l’île de Candie.

Le lieutenant Ledku se distingua particulièrement dans un combat qui eut lieu sur le passage de la cite méridionale de cette ile contre un vaisseau de ligne anglais : pendant l’action, le feu s’étant manifesté à bord du vaisseau l’Indivisible par l’explosion de deux gargousses, cet officier arrêta ceux qui s’enfuyaient par crainte d’une seconde explosion et les forca à éteindre le feu, leur donnant lui-même l’exemple et se jetant le premier au-devant du danger.

Prise d’Alexandrie (2 juillet 1798). — Le 30 juin la flotte française est devant Alexandrie et Bonaparte donne l’ordre de débarquement le 16 juillet au soir.

Débarquée une des premières, la 4demi-légère reçoit l’ordre de prendre position à une lieue de la ville sur la route de Bedha.

A 3 heures du matin Bonaparte passe devant le front des troupes débarquées dont la force était de 4,000 hommes; ce nombre lui parut suffisant pour attaquer Alexandrie dont la possession était de la plus grande importance pour l’armée.

Le général Bon prit la droite, Kléber le centre et Menou côtoya la mer. Ces trois colonnes marchaient à la même hauteur lorsque, arrivées à deux portées de fusil de l’enceinte des Arabes, elles se séparèrent; chacune d’elles se dirigea sur le point d’attaque qui lui fut désigné par le général en chef.

La division Bon atteignit bientôt la porte de Rosette qui est enfoncée par les sapeurs de la 4e demi-légère. Les murs sont couverts de Français qui se répandent dans la ville; les Arabes fuient de tous côtés et la terreur est générale.

Quelques heures après la ville est à nous.

Marche sur le Caire. — Bataille de Chebreiss (13 juillet). — L’armée partit d’Alexandrie les 6 et 7 juillet et se dirigea sur le Caire : elle avait 15 lieues de désert à traverser pour atteindre Damanhour.

Le spectacle des troupes à leur départ avait quelque chose de pittoresque; on y voyait des généraux montés sur des chevaux français, richement équipés et à côté d’eux des chameaux hideux portant d’énormes charges, des ânes, des mulets chargés d’eau, des moutons conduits par des soldats pour être tués et mangés dans le désert: beaucoup d’officiers étaient montés sur des ânes.

Le 8 juillet, la 4o demi-légère arrive à Damanhour. Pendant toute la route elle avait été en proie à une soif dévorante, car les puits avaient été comblés par les Arabes qui harcelaient nos hommes brûlés par l’ardeur du soleil.

Pendant le voyage, un aigle ayant attaqué un mouton de notre caravane a été attaqué lui-même par un soldat qui s’est bientôt vu entourer par beaucoup d’autres aigles; des soldats accourent et il s’est engagé un véritable combat entre les militaires et les animaux, ceux-ci n’ont lâché prise qu’après des décharges réitérées de mousqueterie.

Le 9 juillet, l’armée atteint le Nil et Rahmanié où elle séjourne le 10 et le 11; dans la nuit du 12 elle part pour Miniet-Solanié où elle couche, et le 13, avant le jour, elle se met en marche pour livrer bataille aux Arabes.

Ceux-ci étaient rangés en avant de Chebreiss; chaque division française forme aussitôt un carré avec l’artillerie aux angles. Les Mamelucks s’ébranlent en masse, mais malgré leur bravoure, ils viennent s’écraser sur nos baïonnettes et presque tous sont tués par la mousqueterie.

L’armée française continue sa marche sur le Caire et le 19 juillet Bonaparte apprend à Omm-el-Dimar que Mourad-Bey, à la tête de 6,000 Mamelucks et d’une foule d’Arabes et de Fellâhs, est retranché au village d’Embabé vis-à-vis Boulac; il attend les Français pour les combattre.

Bataille des Pyramides (21 juillet). — Le 20 juillet, à 2 heures du matin, la division Desaix qui était en avant-garde aperçoit un corps d’environ 600 Mamelucks qui se replient aussitôt. A 2 heures de l’après-midi, l’armée arrive aux villages d’Ébrerach et de Boutis, à 3 lieues d’Embabé.

La chaleur était brûlante, le soldat extrêmement fatigué;, Bonaparte fait faire halte; mais les Mamelucks n’ont pas plus tôt aperçu l’armée, qu’ils se forment en avant de sa droite dans la plaine. Un spectacle aussi imposant n’avait point encore frappé les regards des Français; la cavalerie des Mamelucks était couverte d’armes étincelantes. On voyait en arrière de sa gauche ces fameuses pyramides dont la masse indestructible a survécu à tant d’empires et brave depuis trente siècles les outrages des temps. Derrière sa droite étaient le Nil, le Caire, le Mokattan et les champs de l’antique Memphis. Mille souvenirs se réveillent à la vue de ces plaines où le sort des armes a tant de fois changé la destinée des empires.

Les Mamelucks s’ébranlent et se précipitent avec impétuosité sur les carrés des divisions Desaix et Régnier qui formaient la droite.

Pendant que ces divisions repoussaient avec succès cet assaut furieux, les divisions Bon et Menou soutenues par la division Kléber marchaient au pas de charge sur le village retranché d’Embabé, la clef de la position.

Le général Marmont à la tête d’un bataillon de la 4e demi-légère, et le général Rampon avec un bataillon de sa brigade sont détachés avec ordre de tourner le village et de profiter d’un fossé profond pour se mettre à couvert de la cavalerie ennemie et lui dérober leurs mouvements jusqu’au Nil.

Il est six heures du soir : les Mamelucks viennent d’être dispersés à Bechtyl, laissant la terre couverte de leurs morts; nos carrés reprennent partout l’offensive.

Une colonne détachée de la division Bon et conduite par le brave général Rampon, attaque les retranchements et s’en empare ainsi que des pièces qui les défendent. Le carré s’est formé : les Mamelucks le pressent de tous côtés, l’attaquent avec furie et viennent expirer en grand nombre sous les baïonnettes de nos soldats. Le désordre est au comble; à gauche il est augmenté par l’explosion d’un baril de poudre. Les Mamelucks veulent fuir dans la direction des Pyramides; mais le général Marmont avec un bataillon de la 4e demi-légère commandé par le chef de bataillon Delzons placé à gauche du géneral Dugua et soutenu par ce dernier s’étend le long du canal jusqu’au fleuve, reçoit l’ennemi à bout portant, en fait un grand carnage et le force à se précipiter dans le Nil.

Quinze cents Mamelucks à cheval et autant de fellà hs, auxquels les généraux Marmont et Rampon ont coupé toute retraite en tournant Embabé, et prenant une position retranchée derrière un fossé qui joignait le Nil, font en vain des prodiges de valeur; aucun d’eux ne veut se rendre, aucun d’eux n’échappe à la fureur du soldat; ils sont tous passés au fil de l’épée ou noyés dans le Nil. Quarante pièces de canon, 400 chameaus, les bagages et les vivres de l’ennemi tombent entre les mains du vainqueur .

Pendant la lutte corps à corps, le sergent Cumin entouré de plusieurs Mamelucks en tue un, en blesse deux et met les autres en fuite.

Récompenses accordées à la 4e demi-légère après la bataille des Pyramides. — Après l’action, le chef de brigade Destaing de la 4e demi-légère est nommé général de brigade sur le champ de bataille; le chef de bataillon Delzons est nommé chef de brigade et le remplace à la tête de la 4e.

Le capitaine Ducouret est proposé pour chef de bataillon et normé peu de temps après.

Les lieutenants Degouth et Gillet sont nommés capitaines pour action d’éclat.

L’adjudant Angelarge est nommé lieutenant; le caporal Angelarge est nommé sergent; les carabiniers Savarrans, Chibret et Guiguard sont nommés caporaus.

Entrée au Caire. — Le 25 juillet Bonaparte porte son quartier général au Caire; les divisions Régnier et Menou prennent position au vieux Caire, les divisions Bon et Kléber à Boulac.

Mouvement de la 4e demi-légère jusqu’à l’expédition de Syrie. — La 4e demi-légère reste au Caire jusqu’au 17 août; elle est alors envoyée à Rosette avec une pièce de canon sous le commandement du général Marmont, pour observer les mouvements des Anglais. Le 22 octobre elle est à Romanieh et en novembre à Alexandrie où elle se tient prête à former une ou plusieurs colonnes mobiles.

Le 17 décembre, le général Menou reçoit l’ordre d’envoyer les 2 premiers bataillons de la 4e demi-légère à Damanhour avec 2 pièces de canon pour mettre l’adjudant général Le Turcq, à même de contenir les Arabes; le 3e bataillon reste à Alexandrie avec le général Marmont.

La situation détaillée du corps à la fin de janvier était la suivante :

A Damanhour, sous le commandement du général Menou, les 1er et 2o bataillons comprenant 34 officiers et 505 hommes; ces 2 bataillons ont 54 hommes aux hôpitaux; 203 hommes sont détachés dans la province avec la pièce de 3 pour la rentrée des contributions; cartouches existant: 25,600.

A Alexandrie, sous les ordres du général Marmont, le 3e bataillon à l’effectif de 30 officiers et 308 hommes; cartouches existant : 14,000

Telle était la situation de la 4e demi-légère lors de la formation du corps expéditionnaire de Syrie.

Les 2 bataillons qui se trouvaient à Damanhour rejoignirent la division Bon au Caire, mais le 1er bataillon reçut l’ordre de partir pour Damiette où il se trouva sous les ordres du général Almeras.

Le 2e bataillon de la 4e demi-légère seul fit partie de la division Bon pendant l’expédition de Syrie.

En somme, le 17 février, les trois bataillons de la 4e demilégère étaient ainsi répartis :

1er bataillon, à Damiette; 2e bataillon, sous les murs d’El’Argch; 3e bataillon, à Alexandrie.

Expédition de Syrie. — Sièges de Jaffa et de Saint-Jeand’Acre. — Le 2e bataillon de la 4e demi-légère prit part au blocus du fort d’El’Argch et assista à la reddition de la garnison le 20 février.

Après avoir traversé soixante lieues du désert le plus aride, l’armée arrive devant Ghazah et part le 28 février pour la ville de Jaffa devant laquelle l’avant-garde paraît le 3 mars.

Prise de Jaffa (7 mars 1799). — Pendant que la division Kléber va couvrir le siège de Jaffa à 2 lieues sur la route d’Acre, les divisions Bon et Lannes font l’investissement de la place.

Le 4, on fait la reconnaissance de la ville entourée de murailles et flanquée de bonnes tours avec du canon.

Le sergent-major Deschamps, de la 4o demi-légère, fut chargé par le général Caffarelli d’une mission périlleuse sous les murs de Jaffa; il reçut deux coups de feu, l’un au bras droit et l’autre au travers du corps; malgré ses blessures, il s’acquitta de sa mission de la manière la plus satisfaisante.

Dans la nuit du 4 au 5, la tranchée est ouverte et on continue les travaux le 5 et le 6, après avoir repoussé deux sorties de l’ennemi.

Le 6, la brèche est jugée praticable à 4 heures du soir.

Le bruit se répand que la division Bon, chargée d’inquiéter la garnison du côté du port, a trouvé un moyen de pénétrer dans la place et fait les plus grands efforts pour s’y maintenir. Ce bruit se confirme bientôt: à l’instant même les troupes de la division Lannes, chargées de l’attaque principale, s’élancent à la brèche, la franchissent, culbutent l’ennemi, pénètrent dans la ville et se réunissent bientôt aux troupes de la division Bon qui de leur côté ont fait des prodiges de valeur, ayant eu à combattre la majeure partie des forces de la garnison réunies contre leurs efforts’.

Le capitaine Degouth, de la 4e demi-légère, monta un des premiers à l’assaut de Jaffa.

Le 14 mars, la division Bon continue sa route vers Acre; le 15, elle bivouaque à la tour de Zeta, à une lieue de Korsoum; le 16, à Sabarin, au débouché des gorges du mont Carmel. Le 17, l’armée marche sur Saint-Jean-d’Acre.

Les chemins étaient très mauvais, le temps très brumeux, l’armée n’arrive que très tard à l’embouchure de la rivière d’Acre, qui coule à quinze cents toises de la place dans un fond marécageux.

Ce passage était d’autant plus dangereux à tenter de nuit, que l’ennemi avait fait paraitre sur la rive opposée des tirailleurs d’infanterie et de cavalerie. Cependant le général Andréossy fut chargé de reconnaitre des gués; il passa avec le second bataillon de la 4e d’infanterie légère et s’empara, à l’entrée de la nuit, de la hauteur du camp retranché.

Siège de Saint-Jean-d’Acre (du 18 mars au 24 avril 1799). — Nous n’entrons pas dans les détails techniques de ce siège pénible qui devait se terminer par la retraite de l’armée française, exténuée de fatigues et décimée par la peste; nous signalons seulement quelques faits intéressants et les actions d’éclat relevées sur les états de service des braves de la 4e demi-légère.

Notre artillerie manquait de munitions; les Anglais prodiguaient les boulets. Nos soldats avaient été invités, au moyen d’une faible prime, à rapporter au parc les projectiles qu’ils trouvaient dans les tranchées; mais, lorsque les vaisseaux vinrent à les jeter à profusion sur la plage, le général en chef augmenta la prime et, dès ce moment, ce fut à qui serait le plus habile à s’en emparer.

Dès que les premières bordées se faisaient entendre et même aussitòt que les vaisseaux s’approchaient du rivage, nos soldats accouraient en foule, se placaient tout d’abord au milieu de ce singulier champ de bataille, et se précipitaient au-devant des nombreux projectiles que la marine anglaise faisait ricocher dans la plaine; aucun d’eux ne fut jamais atteint. Ces canonnades étaient tellement sans objet qu’on aurait pu croire que le commodore anglais, informé de notre pénurie en projectiles, employait ce stratagème pour nous en procurer.

Pour résister à la cavalerie des Mamelucks, on essayait l’emploi de petites piques de 4 pieds et demi qui se fichaient en terre et s’y maintenaient réciproquement au moyen d’une petite chaînette en fer fixée à chacune d’elles et se liant d’une pique à l’autre; ces piques formaient ainsi une sorte de palissade devant le front des carrés; chaque soldat avait la sienne placée en sautoir derrière son épaule gauche.

La division Kléber s’en servit à la bataille de Mont-Thabor; pas une seule ne fut rapportée en Égypte.

Actions d’éclat et citations. — Le capitaine adjudant-major Senille est cité pour avoir porté des dépêches au général en chef Bonaparte de la part du général Destaing qui commandait alors au Caire; il avait été, à cet effet, obligé de traverser le désert où il était poursuivi et attaqué par l’ennemi qui lui tua six dromadaires.

Le capitaine Ducouret, proposé pour chef de bataillon après la bataille des Pyramides, est nommé à ce grade pendant la bataille de Saint-Jean-d’Acre où il se couvre de gloire.

Le 30 mars, les Turcs firent une sortie; le lieutenant Roy commandait la 1re compagnie. Il repoussa l’ennemi presque sous les murs d’Acre et, en revenant, il aperçut tout à coup trois Français qu’on emmenait prisonniers; sans hésiter, et suivi de quatre des siens seulement, il parvint à les délivrer après avoir tué lui-même deux ennemis.

Le sous-lieutenant Poudroux fut nommé lieutenant sur le champ de bataille au siège d’Acre.

Le 3 avril, le sergent Cumin repousse avec quelques hommes la sortie d’un fort parti turc et lui fait éprouver de grandes pertes.

Le 19 mars, le sergent de carabiniers Menard se précipite au milieu d’un gros de Turcs qui s’était emparé d’une de nos positions; par son courage et son énergie il les força à lui céder la place, après une résistance opiniâtre.

Le même jour, le caporal Comberousse soutient avec trois de ses camarades l’attaque d’une multitude de Turcs qu’il repousse et force à rentrer dans leurs retranchements.

Le sergent Vavasseur et le caporal Vernet obtinrent, l’un et l’autre, un fusil d’honneur pour leur bravoure au siège d’Acre.

La 4e demi-légère était-elle à la bataille de Mont-Thabor ? – Nous avons dit plus haut qu’il n’y avait au siège de SaintJean-d’Acre que le 2e bataillon de la 4e demi-légère; parmi les quelques situations de l’armée d’Égypte déposées aux archives du Ministère de la guerre, se trouvent les suivantes qui prouvent bien ce que nous avons avancé :

Situation du 15 germinal an VII (4 avril 1799). — Le 34 bataillon de la 4e demi-légère à Alexandrie faisant partie de la division du 2e arrondissement de l’Égypte : 27 officiers, 248 hommes.

Situation du 22 germinal an VII (11 avril 1799). — Dans la province de Damiette, le 1er bataillon de la 4e demi-légère; à Damiette, 15 officiers, 236 hommes détachés sur le Nil; en contributions, 50 hommes.

Or, la bataille de Mont-Thabor est livrée le 16 avril 1799 à 26 jours de marche de Damiette.

Récit du maréchal Berthier (Extraits) :

Le général Kléber avait prévenu qu’il partait le 25 germinal (14 avril) pour tourner l’ennemi dans sa position de Fouli et Tabarié, le surprendre et l’attaquer de nuit dans son camp. Bonaparte laisse devant Acre les divisions Régnier et Lannes; il part le 26, avec le reste de sa cavalerie, la division Bon et huit pièces d’artillerie, etc.

Or, le 2e bataillon de la 4e demi-légère faisait-il encore partie de la division Bon?

Nous avons vu au début du siège de Saint-Jean-d’Acre ce bataillon combattre sous les ordres du général Andréossy; deux situations sans date sont classées dans le dossier « Expédition de Syrie » donnant ainsi la composition de la division Bon :

1° La division Bon se compose des 18e et 32e de bataille;
2° La division Bon, généraux Rampon et Vial, comprend un bataillon de la 4e demi-légère et les 1er et 2e bataillons des 18e et 32e de ligne.

Berthier dit au début de l’expédition de Syrie que la division du général Bon comprenait une partie des 4e demi-brigade légère, 18e et 32e demi-brigade de ligne.

Enfin, le maréchal Berthier écrit encore au sujet de la bataille de Mont-Thabor :

Bonaparte, arrivé à une demi-lieue du général Kléber, fait aussitôt marcher le général Rampon à la tête de la 32e, pour le soutenir et le dégager, en prenant l’ennemi en flanc et à dos.

Il donne ordre au général Vial de se diriger avec la 18e vers la montagne de Noures, pour forcer l’ennemi à se jeter dans le Jourdain, et aux guides à pied de se porter à toute course vers Jenin pour couper la retraite à l’ennemi sur ce point, etc…

Il n’est pas du tout question de la 4e demi-légère qui, si elle avait été présente, aurait été certainement première à marcher, étant donné l’usage qu’on faisait à cette époque de l’infanterie légère.

Enfin, un dernier argument qui permet de supposer que le 2e bataillon de la 4e demi-légère n’appartenait plus à la division Bon, c’est que, moins de 7 jours après la bataille de Mont-Thabor, il recut l’ordre de partir le 24 avril pour se rendre à grandes journées au Caire.

Nous avons cherché sur les matricules si un soldat au moins de la 4e demi-légère était porté comme tué ou blessé à la date du 27 germinal an VII (16 avril 1799), mais nous n’avons rien trouvé. Il est juste de dire que les troupes de secours amenées par Bonaparte ont subi ce jour-là des pertes très minimes.

Néanmoins, il résulte de tout ceci :

1° Que la 4e demi-légère n’avait que son 2e bataillon en Syrie;
2° Que ce 2e bataillon de la 4e demi-légère était bien à Saint-Jean-d’Acre, mais qu’il n’est pas sûr qu’il y faisait encore partie de la division Bon;
3° Qu’il n’est pas cité comme ayant pris part à la bataille de Mont-Thabor;
4° Que s’il y était, il n’a rien fait qui puisse justifier l’inscription de « Mont-Thabor » au drapeau du régiment.

A la bataille des Pyramides, la 4e demi-légère a véritablement été en première ligne; un de ses bataillons a coupé la retraite aux Mamelucks; son chef de demi-brigade a été nommé général de brigade sur le champ de bataille; plusieurs officiers et soldats, cités pour bravoure, ont été promus au grade supérieur ou bien ont reçu des armes d’honneur.

L’instructeur parlant aux jeunes soldats des batailles inscrites au drapeau, n’hésitera pas à leur montrer ces vaillants soldats résistant avec héroïsme aux charges impétueuses des cavaliers arabes; il les fera revivre aux yeux de ses hommes, citant leurs noms et leurs grades en racontant leurs hauts faits.

Ne semble-t-il pas que le drapeau du 79e, héritier de ces gloires d’autrefois, devrait porter dans ses plis cette inscription sacrée : Les Pyramides.

Les 1er et 2e bataillons se réunissent au Caire. — Le 24 avril 1799 le 2e bataillon de la 4e demi-légère qui était au siège de Saint-Jean-d’Acre reçut l’ordre de se rendre à grandes journées au Caire.

Le 23, le chef de bataillon Redon, avec son bataillon, 3 compagnies de grenadiers et 2 pièces de canon, repoussa les hordes innombrables d’El Mobdy, lutta contre elles pendant 5 heures et effectua ensuite sa retraite dans le plus grand ordre.

Le 1er bataillon, qui était à Damiette, arriva seulement au Caire le 22 juin.

Situation de la demi-brigade après l’expédition de Syrie. — La 4e demi-brigade avait été bien éprouvée par la peste et les fatigues; elle avait débarqué en Égypte avec un effectif de 1,132 hommes qui, le 2 février, s’était élevé à 1,192, par suite de l’incorporation de 60 matelots. Le 13 juillet 1799, la demi-brigade ne comptait plus que 893 hommes présents, officiers compris.

Bataille d’Aboukir (25 juillet 1799). — A la fin de juin, le corps expéditionnaire de Syrie était revenu au Caire où Bonaparte s’occupait activement de sa réorganisation. Il dirigeait lui-même une expédition contre Mourad-Bey, lorsqu’il reçut, le 14 juillet, une lettre d’Alexandrie lui apprenant qu’une flotte turque de 100 voiles annonçait des vues hostiles sur la ville.

Le 23, le chef de bataillon Redon, avec son bataillon, 3 compagnies de grenadiers et 2 pièces de canon, repoussa les hordes innombrables d’El Mobdy, lutta contre elles pendant 5 heures et effectua ensuite sa retraite dans le plus grand ordre.

Le 1er bataillon, qui était à Damiette, arriva seulement au Caire le 22 juin.

Situation de la demi-brigade après l’expédition de Syrie. — La 4e demi-brigade avait été bien éprouvée par la peste et les fatigues; elle avait débarqué en Égypte avec un effectif de 1,132 hommes qui, le 2 février, s’était élevé à 1,192, par suite de l’incorporation de 60 matelots. Le 13 juillet 1799, la demi-brigade ne comptait plus que 893 hommes présents, officiers compris.

Bataille d’Aboukir (25 juillet 1799). — A la fin de juin, le corps expéditionnaire de Syrie était revenu au Caire où Bonaparte s’occupait activement de sa réorganisation. Il dirigeait lui-même une expédition contre Mourad-Bey, lorsqu’il reçut, le 14 juillet, une lettre d’Alexandrie lui apprenant qu’une flotte turque de 100 voiles annonçait des vues hostiles sur la ville

Il partit aussitôt avec la cavalerie de Murat et une partie des divisions Lannes et Rampon; arrivé à Rahmanié, il apprit le débarquement de 3,000 Turcs à Aboukir. Le 23 juillet, le quartier général de Bonaparte est à Alexandrie et les troupes qui occupaient la place partent aussitôt sous les ordres du général Destaing et forment l’avant-garde de l’armée française.

Cette colonne était composée du 36 bataillon de la 4e demi-légère, de deux de la 61e de bataille et du 3e de la 75e. Le 25 juillet, à la pointe du jour, l’armée se met en mouvement; l’avant-garde est commandée par Murat, qui a sous ses ordres 400 cavaliers et le général Destaing avec ses 3 bataillons et 2 pièces de canon.

Après deux heures de marche, l’armée française est en présence de l’ennemi; la fusillade s’engage avec les tirailleurs.

Le général Destaing, avec ses 3 bataillons, enlève au pas de charge la hauteur occupée par la droite de l’ennemi; en même temps, la cavalerie lui coupe la retraite et force un corps de Turcs de 2,000 hommes à se jeter dans la mer.

Destaing marche ensuite sur Aboukir contre la seconde ligne ennemie et tourne le village pendant que la 32e l’attaque de front.

L’ennemi fait une vive résistance, envoie des secours considérables; mais, enfin, le village est emporté et les Turcs sont poursuivis, la baïonnette dans les reins, jusqu’à une forte redoute qui fermait à droite la presqu’île d’Aboukir jusqu’à la mer.

Pendant que les troupes reprennent haleine, on met des canons en position au village et le long de la mer; le 3e bataillon de la 4e demi-légère formait avec les autres troupes du général Destaing le centre d’attaque en face de la redoute.

Après de nombreux efforts, les retranchements des Turcs sont enlevés de vive force par notre infanterie, pendant que la cavalerie, qui avait coupé la retraite à l’ennemi, sabre tout ce qu’elle rencontre.

10,000 Turcs se jettent à la mer; ils y sont fusillés et mitraillés; aucun ne se sauve, car les vaisseaux étaient à deux lieues dans la rade d’Aboukir.

Bonaparte quitte l’Égypte et rentre en France. — Peu de temps après cette éclatante victoire, Bonaparte s’embarquait pour la France, laissant le commandement à Kléber.

La 4 demi-légère fait alors partie des troupes qui occupaient l’arrondissement d’Alexandrie; elle éprouve de grandes pertes par les maladies qu’elle contracte à Aboukir. Son habillement, qu’on avait dû renouveler, avait d’abord été confectionné en toile bleue; mais on reconnut bientôt l’utilité des vêtements de laine, et comme il n’y avait aucune fabrique de draps en Égypte, on dut employer des étoffes arabes de toutes couleurs. Chaque demi-brigade eut sa couleur particulière; la 4e demi-légère avait un habit vert clair, avec collet, parements et retroussis puce, les passepoils et le pantalon puce.

C’est dans cette bizarre tenue qu’elle acheva la campagne d’Égypte.

Le 25 septembre 1799 la demi-brigade, à l’effectif de 483 hommes, occupait Alexandrie et Aboukir, lorsque le 1er bataillon fut détaché sous les ordres du général Rampon pour faire une expédition contre Mourad-Bey; il rentra à Alexandrie dans le courant d’octobre.

Combat de Horeh (16 décembre 1799). — Au mois de dé. cembre, le 2e bataillon de la 4e demi-légère, commandé par le chef de bataillon Stieler fut détaché dans la province de Bohireh; ce bataillon ent affaire, le 16 du même mois, à 2,000 révoltés. Il combattit contre eux pendant seize heures et fut sauvé d’une ruine certaine par l’audace de son commandant.

Cette action, si honorable pour cet officier supérieur et pour son bataillon, est connue sous le nom de « Combat de Horeh ».

En janvier 1800, un sabre d’honneur est décerné au fourrier Maraille; le caporal Guignard et le carabinier Bouard obtiennent chacun un fusil d’honneur, en récompense de leur bravoure dans le combat précédent.

Révolte du Caire (21 mars 1800). — Ce bataillon se trouvait au Caire avec la 32e de bataille, pendant que Kléber remportait la fameuse victoire d’Héliopolis. Cette bataille n’était pas engagée qu’une insurrection éclatait au Caire; excités par quelques Turcs, les habitants massacrèrent une partie de la garnison.

La lutte dura deux jours; la ville fut reprise et les insurgés réduits à l’impuissance, à l’arrivée des généraux Lagrange et Friant, qui amenaient des secours. A la même époque, les 1er et 36 bataillons de la 4e demi-légère sont à Alexandrie; le 10 avril suivant, le 3e bataillon est embarqué pour Rosette.

Mort de Kléber (14 juin). — Kléber ayant été assassinė, le général Menou lui succéda dans le commandement de l’armée.

La 4e demi-légère qui était à Mansourah, faisant partie de la division Lanusse, est dirigée à marches forcées sur Ramanieh et là un de ses bataillons est renvoyé à Alexandrie.

Elle se réorganise pendant la période de tranquillité qui s’écoula du mois de juin 1800 au mois de mars 1801, et lorsque la flotte anglaise parut devant Aboukir, la 4e demi-légère était au Caire; à l’effectif de 790 hommes, elle faisait partie de la brigade Silly de la division Lanusse.

Débarquement des Anglais. — Combat du 13 mars 1801 devant Alexandrie. – A la nouvelle du débarquement des Anglais, le général Lanusse reçut l’ordre de partir, le 5 mars, avec trois demi-brigades, dont la 4e demi-légère, pour porter secours au général Friant qui avait toute l’armée ennenie contre lui.

Le 8, le général Lanusse, arrivé à Ramanieh, entend le canon d’Aboukir et part sur-le-champ; il effectue sa jonction avec le général Friant le 10, en avant d’Alexandrie. Le 13 mars, les deux généraux français résolurent de retarder la marche de l’ennemi et eurent l’audace d’attendre avec 4,000 hommes et 22 pièces de canon les 18,000 Anglais qui se portaient sur Alexandrie.

Ils se jettent sur leur première ligne et l’enfoncent; la 4e demi-légère, dirigée par l’adjudant-commandant Boyer, combat avec avantage contre la première ligne et la fait ployer; mais, trop inférieure pour soutenir seule le combat, elle commença sa retraite. Une belle charge, exécutée par le 3e de dragons, protège la demi-brigade qui était fort engagée et ralentit la marche des Anglais.

Le sous-lieutenant Deschamps resta plus d’une demi-heure à quinze pas de distance d’une colonne anglaise, excitant ses hommes et tâchant, par son exemple, de les engager à courir sur l’ennemi à la baïonnette; il ne quitta ce poste dangereux qu’après avoir été atteint de deux coups de feu.

Enfin, trop inférieures en nombre, les troupes françaises se retirent en bon ordre et viennent prendre position sur les hauteurs de Nicopolis; les Anglais n’osent attaquer et campent, la droite à la mer, la gauche au canal d’Alexandrie.

Le capitaine Degouth se fit remarquer dans cette affaire où il réussit, grâce à son courage, à sauver une pièce de canon.

Le capitaine Chamas est cité aussi pour sa brillante conduite.

Les généraux français résolurent alors de se rapprocher d’Alexandrie; l’ennemi, s’apercevant de notre premier mouvement de retraite, suivit d’assez près la 4e demi-légère qui était à l’arrière-garde et occupa les hauteurs que nous tenions le matin; c’est cette position que l’armée anglaise garda jusqu’à la bataille du 21 mars.

Bataille de Canope (21 mars). — L’armée française, commandée par le général Menou, arriva enfin et se rassembla à Alexandrie; le 21, avant le jour, elle attaquait la position fortifiée des Anglais.

Le général Lanusse était au centre; la brigade Silly, la 4e demi-légère en tête, fut chargée d’attaquer une forte redoute anglaise.

Les dromadaires, chargés de faire une fausse attaque, commencent l’action avant le crépuscule et s’emparent d’un pramier retranchement ennemi par surprise. Aussitôt le général Lanusse se met en mouvement, et une compagnie de carabiniers de la 4e demi-légère enlève un premier redan et y prend une pièce de canon. La brigade Silly marche alors sur la grande redoute, mais dans l’obscurité elle se heurte à la 32e demi-brigade, ce qui cause un peu de désordre. Aussi, la 4e ne peut franchir les fossés de la redoute, et, glissant sur son flanc gauche, elle est repoussée par la première ligne anglaise.

A ce moment critique, la demi-brigade se ralliait sous le feu de l’ennemi; pour inspirer plus de confiance aux soldats, le capitaine Monnier s’élance sur une butte où il est exposé aux plus grands dangers; blessé d’un coup de feu qui lui traverse le cou avec fracture de la mâchoire, il ne se retire qu’après que ses forces sont épuisées.

Après de vains efforts pour reprendre l’offensive, la division Lanusse, qui venait de perdre son général et la plupart de ses officiers supérieurs, resta en face de l’ennemi pendant toute la journée, tiraillant et s’accrochant au terrain.

Elle restait sous le feu des batteries anglaises et perdait à chaque instant une foule de braves; le capitaine Degouth s’avança alors avec l’artillerie de la demi-brigade jusque sur la ligne des tirailleurs et démonta deux pièces de canon qui, placées en avant des tranchées ennemies, faisaient beaucoup de mal à nos troupes. Les munitions étant épuisées et les Anglais ayant fait avancer quelques corps qui la prirent en flanc, la 4e demi-légère fut obligée d’abandonner les mamelons qu’elle occupait; ses tirailleurs, qui étaient sous la grande redoute, suivirent le mouvement en bon ordre.

Les Anglais n’osèrent pas sortir de leurs retranchements pour les suivre !

Les capitaines Lacroix et Chanas furent nommés chefs de bataillon sur le champ de bataille; les lieutenants Gillet et Berne furent nommés capitaines.

L’armée reprit les positions qu’elle occupait la veille en avant d’Alexandrie.

La 4 demi-légère resta à Alexandrie jusqu’au 14 avril, époque à laquelle elle fut envoyée à Rosette pour renforcer le général Valentin qui essayait de reprendre cette ville aux Anglais et aux Turcs.

Marche contre le vizir. — Capitulation du Caire. — Après s’être battue du 5 au 9 mai à Ramanieh, le 4e demi-légère suivit les troupes commandées par le général Lagrange, et, quittant cette localité le 10, elle arriva, le 14, à 10 heures du matin, au Caire qui était commandé par le général Belliard.

L’armée partit du Caire, le 16, pour aller combattre le vizir; elle rencontra l’ennemi le lendemain et livra un combat pénible au milieu des sables. Après avoir usé les deux tiers de ses munitions, le général Belliard, craignant que l’ennemi ne se portât sur le Caire, rentra le lendemain dans la place.

Les Anglais parurent devant Giseh, du 17 au 19 juin, et se joignirent aux troupes du vizir; le 22, ils cernaient la place et commençaient des batteries. Le jour même, le général Belliard conclut un armistice de trois jours avec l’ennemi; le soir, il réunit un xonseil de guerre et le 23 juin, il envoya trailer avec l’ennemi deux généraux de brigade qui conclurent, le 28, une convention aux termes de laquelle la garnison du Caire se retirait avec armes et bagages sur Rosette pour y être embarquée, et, de là, transportée dans les ports français de la Méditerranée aux frais des puissances alliées.

La 4e demi-brigade légère débarqua à Toulon au mois d’août; elle comprenait 3 officiers supérieurs, 45 capitaines, lieutenants ou sous-lieutenants et 618 sous-officiers et soldats, dont 38 malades.

La demi-brigade avait débarqué à Alexandrie avec 1,132 hommes; elle avait donc perdu la moitié de son effectif dans la campagne d’Égypte.

Ces pertes glorieuses ne montrent-elles pas que nos aînés savaient se sacrifier sans compter pour la Patrie ? Épuisés par les privations, décimés par les maladies, perdus dans les déserts immenses, ces vaillants soldats de l’armée d’Égypte donnaient chaque jour des preuves nouvelles de dévouement, de courage et d’abnégation.

Source : Historique du 79e régiment d’infanterie, de Léon-Jean-Baptiste Clerc.