Extrait des registres de la Société des Amis de la Constitution du club de la ville de Montbron. du département de la Charente, le 30 de la 3e décade du 1er mois de l’an II de la République française une et indivisible.

Citoyens représentants,

Depuis trop longtemps l’agiotage et l’accaparement. ces deux fléaux de l’humanité, pcsaient sur la classe du peuple la plus infligent; déjà vous aviez pris des mesures importante qui semblaient en opérer la destruction, mais ces deux mesures étaient insuffisantes parce qu’elles n’attaquaient pas le mal dans sa source; pour parvenir à ce but si digne de vos vues paternelles, il fallait nécessairement fixer le maximum de toutes les denrées de première nécessité et c’est ce que vous venez de faire par le décret des 11 et 29 septembre. Par là, vous avez encore obtenu un avantage essentiel, citoyens représentants, celui d’augmenter en quelque sorte, sans création, la masse des assignats.

Toutes les dispositions contenues dans ces deux décrets attestent d’une manière bien frappante que vous n’avez négligé, citoyens représentants, aucune des précautions possibles pour en assurer le succès mais plus ces précautions sont importantes, et plus aussi elles imposent l’obligation à tout bon citoyen de concourir de toutes ses facultés à leur exécution.

C’est dans ces vues, citoyens représentants, et pour nous conformer à vos sollicitudes, que nous croyons devoir voue représenter qu’il est urgent d’obliger le minière de l’intérieur à mettre toute l’activité possible dans l’exécution de l’article 22 de votre décret du 11 septembre les mesures proscrites par cet article nous paraissent être le véritable fondement de ce décret, et nous en regardons la prompte exécution comme tellement importante que, s’il en était autrement, nous craindrions qu’un décret aussi bienfaisant et qui fait le plus grand éloge des motifs qui vous l’ont dicté, ne devint très désastreux pour les départements qui ont un déficit de subsistances.

Il est tels départements citoyens représentants, dont le plus grand produit étant en vins, ne recueillent presque jamais les grains nécessaires à leur consommation, tandis que d’autres, au contraire, dont presque toute la culture est en grains, en ont toujours un excédent à offrir en échange. Veuillez bien, citoyens représentant, peser dans votre sagesse cette considération applicable à d’autres départements selon le genre de leurs productions : elle pourra vous conduire à examiner en même temps s’il ne serait pas à propos que le ministre de l’inférieur, sans attendre le complément du recensement de tous les grains de la République, fît passer provisoirement une partie de l’excédent manifeste de certains départements dans ceux dont le genre de culture annonce d’une manière également frappante leur défaut d’approvisionnement.

Ah ! sans doute, et nous aimons à en juger par les sentiments fraternels qui nous animent, les départements qui ont un excédent de grains s’empresseront, à la première réquisition, de le faire circuler pour le soulagement de leurs frères ! Comme nous, ils ont fait le serment de maintenir l’unité et l’indivisibilité de la République et ils savent bien que ces attributs essentiels qui la caractérisent n’en sont les plus fermes appuis que parce qu’ils imposent à tous les Français les devoirs sacrés de cette douce fraternité qui les oblige à se secourir mutuellement comme membres d’une famille une et indivisible.

Citoyens représentants, la patrie, en vous plaçant au poste éminent que vous occupez, vous a chargés d’une manière toute particulière de veiller sur ses destinées, nous vous invitions à y demeurer jusqu’au moment où vous aurez consolidé les bases de sa prospérité.

Les membres composant la Société des Amis de la liberté et de l’égalité de Montbron (département de la Charente).

Suivent 68 noms.

Pour expédition : J.-B. Raoul, président; Vallantin, secrétaire.

Source : Archives parlementaires de 1787 à 1860, tome 78.