L’ordonnance de 1669 interdira formellement l’entrée en forêt de tous les animaux sous peine de leur confiscation et vente au marché voisin et forte amende. Les maîtres particuliers seront tenus de visiter leur maîtrise une fois l’an, les gardes-marteau tous les six mois, les gardes et sergents journellement. Les gens d’église seront tenus sous six mois de faire borner et arpenter leurs bois; ils ne pourront les faire couper sans l’autorisation de la maîtrise; tous les pièges sur les rivières, établis sans titre sont supprimés (B 140/24).

En 1670 la grande garenne est visitée par Nicolas Dorien, maître des requêtes, accompagné de Jean Paulte, maître particulier; parmi les usurpateurs se trouve le marchand papetier hollandais Abraham Jansen; sur le chemin d’Angoulême à Basseau se trouve une espèce de motte plantée de trois arbres «chesniers» tout près d’une ancienne croix; ce lieu-dit porte encore le nom des trois chênes; il se trouvait sur la ligne limitant les fonds de l’évêque de ceux des dames de St Ausone; les bornes de l’évêque portaient un écusson avec une croix au sommet.

En Braconne comme ailleurs, tous les triages seront bornés; les usurpateurs une fois connus seront punis de 100 à 300 livres d’amende et à la restitution des bois volés; en cas de récidive la punition sera exemplaire.

Le sieur de Puyvidal pour avoir mis en culture après l’avoir essartée une partie de la forêt est condamné à la restitution du terrain et à le repeupler en bois sous peine de 500 livres par jour !

Tous ceux, particuliers ou collectivités, qui prétendent avoir des droits d’usage, pacage ou autres, devront sous quinze jours apporter leurs titres à la maîtrise en bonne et due forme; ces titres seront vérifiés par le commissaire enquêteur; peu en avaient.

Alexandre de Redon, Sr de Pranzac prétend avoir des droits sur la Braconne depuis 1269, droits répétés en 1374 par Edouard prince de Galles (le Prince noir); il exploite la Braconne avec Jean Florenceau marchand de bois; les terres et les bois sont réunis pour toujours et à perpétuité au domaine de sa majesté; le Sr de Pranzac est condamné à 10 000 livres d’amende, il restituera 35 000 livres à lui versés par Florenceau, plus 25.000 livres pour ce qu’il avait vendu au même.

François de la Tranchade, sieur de Bouëx, et ses fermiers sont condamnés à des amendes et à la restitution des bois usurpés.

Louis de la Charlonnie, malgré des lettres patentes de Louise de Savoie en 1497 permettant des droits d’usage et d’exploit — lisez exploitation — en Braconne voit ces droits abolis; ils étaient passés au Sr Couillaud, et aux Hauteclaire; ces derniers verseront 4 200 livres à la Charlonnie. Ces droits seront limités par la suite.

Les dames de St Ausone se prévalent d’un acte de 1270 pour un droit de chauffage en Braconne, en principe illimité, il y sera mis ordre.

Le Sr de Lunesse prétend avoir des droits de pêche sur la Touvre, plus l’usage de bois mort et mort bois en Braconne pour son chauffage et construction en sa maison, plus encore le droit de pacage pour son bétail; ces soi-disant droits seront fortement réduits.

Sont également limité les droits d’usage, fourre-tout des usurpations, de divers seigneurs : Arnaud de Chalonne, le Sr de Fissac, le Sr de Maumont, le Sr de Puyrobert.

Le Sr Nesmond de Brie produit un acte de 1362 du prince de Galles, accordant à sa famille le droit de chauffage et de chasse en Braconne; il réclamait les mêmes droits pour sa maison de la Michenie à Agris; il ne pourra prétendre qu’à un seul chauffage, comme il en avait été décidé en 1523.

Henry du Vignaud Sr de Fayolle (Jauldes) n’aura le droit d’usage que sur 40 pieds d’arbres et 30 charetées de bois, annuellement.

Tison de la Marche (Coulgens) n’aura pas d’avantage.

Roc Frotier-Tison, Sr de la Rochette, produit la copie d’un aveu et dénombrement du 15-10-1476 écrit en latin «rendu à la chambre des comptes d’Angoulême à cause d’un droit d’exploit en Braconne, pour y prendre des bois pour l’entretien de sa maison noble et bâtir et édifier en icelle, pour son chauffage et pour y faire paître et pasturer ses bestiaux au simple devoir d’un dîner, chaque an, aux sergents gardes de la forêt» (B 140/6).

Tous les riverains de la Braconne et de Bois Blanc ont usurpé; ils sont sanctionnés collectivement; ceux de Brie à 500 livres d’amende, ceux des Rigalloux (un village de Brie) à 50, ceux de Jauldes à 60, ceux de Coulgens à 120, ceux de la Rochette à 200, ceux de Villemalet et de Villebreton (villages de la Rochette) à 125 et 20 livres, ceux d’Agris à 500.

Tous sont avertis de ne pas recommencer; des officiers de la maîtrise tenant leurs assises à Mornac et à Agris recevront les versements espacés de 6 mois en 6 mois, en 4 règlements égaux (B 140/6).

(Société archéologique et historique de la Charente, 1994)