Le marquisat de Ruffec était un bien propre d’Eléonore de Volvire, marquise de Châteauneuf, grand-mère maternelle de Saint-Simon. Souhaitant que ce bien reste dans sa famille et voulant éviter qu’il ne tombe entre les mains de son fils aîné Charles de Laubépine qui, âgé de 46 ans, avait dilapidé tous les biens que ses parents lui avaient donnés à l’occasion de son mariage en 1665, Eléonore de Volvire vend le marquisat de Ruffec à la duchesse de Saint-Simon sa fille, seule de ses enfants en mesure, grâce aux revenus du duc Claude son époux, de faire face à une dépense de cette importance. La vente est signée le 14 septembre 1682 pour un prix de 500.000 livres, dont 50.000 réglées comptant, la duchesse de Saint-Simon s’engageant à payer à ses frères et soeur ce qui leur revenait du prix du marquisat. Cette opération obérera gravement les finances de la duchesse, qui y consacra le plus clair de ses revenus, et celles de son fils ; en effet, quand ce dernier est mort en 1755, il n’était encore pas parvenu à se libérer entièrement de ses dettes à cet égard.
Selon l’acte de vente de 1682, le marquisat réunissait les biens et fiefs suivants :
— le marquisat de Ruffec proprement dit, avec le château et forteresse de Ruffec et ses dépendances, jardins, prairies, moulins, parc et bois de haute futaie.
— les baronnies d’Aizie, d’Empuré et de Martreuil.
— le fief de La Touche de Civray et autres fiefs réunis au marquisat, consistant en :
– la ville et les faubourgs de Ruffec ;
– les paroisses du Vieil-Ruffec, de Mantardon, Saint-Gervais, Lovigné, Bioussac, Condac, Taizé-Aizie, des Adjots et Putreuil son annexe, de Montalembert, Londigny, Saint-Martin du Clocher, Bernac, La Faye, Villegast, Salles, Raix, Villefaignant en partie, Brette, Empuré, Ambourie, Theil-Rabier, Pioussay, Bouin, Hanc, Montjean, Paizay-Naudouin, Longré, La Madeleine, La Forêt de Tessé, Charmé, Lonnes et autres.
— les droits de justice haute, moyenne et basse, de fours à ban, de poids à peser, de vigerie, de visite-bouchon, de travers et péage, de minage, de paumée de sel, de poterie, de languéage, de ban à vin, de guet, de fenestrage et garde, de ban et de corvées.
Le marquisat de Ruffec assurait à Saint-Simon un revenu de 23.000 livres, dont 5.000 provenaient des forges qu’il avait fait construire à Taizé-Aizie en 1731. Le tout fut revendu 660.000 livres à Charles François comte de Broglie, ci-devant ambassadeur de Sa Majesté auprès du roi de Pologne, et à Louise Auguste de Montmorency son épouse, par acte du 6 décembre 1762.
(Cahiers Saint-Simon, 1994)