Généalogie Charente-Périgord (GCP)

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  • Le château de Blésignac, appelé aussi La Salle-de-Blésignac, est une construction moderne remplaçant une forteresse des premiers temps du moyen âge. Au commencement du XIIe siècle, Amanieu de Blésignac et son frère furent témoins d’une donation faite à l’abbaye de La Sauve par Bernard de Mouchac. Vers la même époque, Bernard de Blésignac, sentant sa fin prochaine, se fit moine dans ce monastère et lui fit don de la huitième partie de la dîme de Baigneaux, de quatre serfs et de quinze denariates de vigne, d’un autre serf qu’il avait à Boisset et de terres qu’il possédait à Espiet, Montignac, Branne et dans d’autres paroisses.

    Le 4 février 1279, Edouard 1er, roi d’Angleterre, comme duc de Guienne, donna à Ebulon de Puyguilhem la permission de construire une maison forte dans son fief nommé la Tour de Turval, à Blésignac; nous croyons qu’il s’agit ici du château de Blésignac.

    Après la conquête de la Guienne par Charles VII, nous trouvons Bernard Angevin en possession de la seigneurie de Blésignac qui, probablement, lui avait été donnée par le roi d’Angleterre, et qui lui fut, sans doute, confirmée par le roi de France comme tous ses autres domaines.

    La guerre de Cent ans avait mis presque toute la France dans un désordre étrange. « Il y eu, dit Dom Etienne Dulaura, de grands embarras et contestes tant entre les officiers du roi et les seigneurs particuliers, qu’entre ces seigneurs les uns à l’encontre des autres, sur le sujet des limites des juridictions et sur celui des rentes… Les officiers de la prévosté royale d’Entre-deux-Mers s’avisèrent, en 1479, de se servir de l’occasion et de la commodité du temps, en pêchant en eau trouble, avant que les choses ne fussent encore bien remises en leur ancien état, et que les seigneurs de l’Entre-deux-Mers ne se fussent bien rétablis dans la possession de leurs droits par une suffisante jouissance pour prescrire; ils font donc action aux sujets du commandeur de Montarouch, du marquis de Curton, du baron de Blésignac, de l’abbaye de La Sauve et autres, prétendant les obliger à se soumettre à leur jurisdiction et à reconnoistre que leurs terres relevoient immédiatement du roi et lui faisoient rente. Ils étoient poussés en cela par le procureur général de la sénéchaussée de Bordeaux et par le fermier du domaine qui, outre qu’il y avoit à profiter pour eux, vouloient, par là, faire les affaires de la couronne et en procurer les intérêts. Ils n’avoient point d’autres titres que celui de la Majesté royale; et, en effet, il ne leur en falloit pas d’autres étant de droit commun que toutes les terres du royaume en dépendent, si l’on ne fait pas voir, par de bons titres, ou quelles sont nobles ou quelles sont sujettes à d’autres seigneurs ». L’abbaye de La Sauve gagna son procès.

    Il est probable que Bernard Angevin, seigneur de Blésignac, gagna également le sien. C’est du moins depuis lors que quelques fiefs de la paroisse de Blésignac furent repeuplés par des étrangers :

    Jean Landreau, du pays de Saintonge, attiré, comme Gaufreteau et bien d’autres, par les proclamations des seigneurs de l’Entre-Deux-Mers, reçut à fief nouveau, le 27 mars 1480, de Jacques Angevin, procureur constitué de son père Bernard, une pièce de terre en friche, située au lieu de Landreau, contenant 107 journaux, pour la convertir en terre labourable et y bâtir une maison, plus un autre domaine de 25 journaux et quelques petites pièces détachées, pour en faire des prairies, le tout au devoir de 40 sous bordelais d’exporle à muance de seigneur et de tenancier, et pour 5 francs bordelais, 3 boisseaux de froment, 4 boisseaux d’avoine et une paire de gélines, d’oublies, par an, portés au château de Rauzan ou à La Salle-de-Blésignac à la volonté du seigneur.

    Nous croyons que les tenanciers qui consentirent les trois reconnaissances suivantes en faveur de Jacques Angevin, seigneur de Rauzan et de Blésignac, étaient des étrangers établis depuis peu dans cette dernière seigneurie. En premier lieu, le ier septembre 1483, Matalin Mossiteu et sa femme Marion Lambroyn déclarèrent tenir de ce seigneur soixante et un journaux de terre tant labourable que bois et prés avec les masures et maynes deserts (domaines abandonnés et non cultivés) qu’ils renfermaient situés, dans la paroisse de Blezignac, près de l’étang du moulin du Temple et du fief de Jean Mondolet dit Larmabalha (Larmavaille), bornés au nord par le ruisseau du Luc jusqu’au pont et chemin qui vient de La Sauve et va au moulin du Temple, et, ailleurs, par ceux de Dardenac à Loret, de Blésignac au Temple, et du moulin de Rafarin au même lieu.

    En second lieu, le Il juin 1484, Etienne et Jean Audigey, frères reconnurent de 140 j.ournaux de terre bois et désert situés dans la paroisse de Blésignac. au lieu appelé à Audigey, confrontant à une borne plantée sur le chemin qui va du Temple à Montarouch et un autre chemin qui va de Montarouch à Branne et sépare les juridictions de Bénauges et de Blésignac; plus une pièce de bois pour convertir en prairie au lieu appelé a Trossapalha; plus 8 journaux de prés au lieu du Cros; un pré à Trossapalha confrontant au ruisseau de la font de Blésignac; le tout au devoir de 32 liards bordelais d’exporle à muance de seigneur et de tenancier, et de 6 francs et 23 ardits bordelais, 3 boisseaux de froment, trois boisseaux d’avoine, une paire de chapons, une paire de gelines, par an. de rente portés à Rauzan ou à Blésignac au choix du seigneur.

    On trouve, en troisième lieu, le 11 juin 1486, la reconnaissance par Jean Durandet du domaine de Martin Botilhey, confrontant au pré de Martin Cantinole.

    Jacques Angevin, seigneur de Blésignac, se maria avec Marguerite de Montferrand dont il n’eut qu’une fille nommée Jeanne qui épousa, le 13 décembre 1478, Jean de Durfort seigneur de Duras, de Blanquefort et de Villandraut; celui-ci n’eut qu’un fils nommé aussi Jean qui fut héritier universel de Jacques Angevin, son aïeul maternel, mort le 25 juin 1504, et devint ainsi seigneur de Rauzan, Pujols, Civrac, le Cypressac et Blésignac. Jean mourut célibataire après avoir fait, le 9 décembre 1506, son testament par lequel il institua héritier universel François de Durfort, son frère puîné, lequel épousa Catherine de Biron, fille de Paul de Gontaut, baron de Biron, et de sa seconde femme Marguerite de Biron de Montferrand. Il mourut, le 22 février 1525, laissant Symphorien de Durfort sous la tutelle de sa veuve. Catherine de Biron.

    C’est à cette époque que nous voyons arriver à Blésignac les membres de la famille de Gaufreteau établis depuis cinquante ans environ à Dardenac. Le 22 mars 1520, Girault de Gaufreteau acheta à honorable homme M. Me Dominique Ram, docteur en droit et avocat au parlement de Bordeaux, le moulin à eau de Ramefort, situé dans Blésignac, pour la somme de 300 francs bordelais. Ce Girault, était fils de Jacques de Gaufreteau ainsi qu’il résulte d’une transaction, portant partage, du 8 janvier 1529, entre M. Jean de Gaufreteau, prêtre, et Girault de Gaufreteau frères, enfants de feu Jacques de Gaufreteau, paroissiens de Dardenac, d’une part; et Peyrot et Jean de Gaufreteau, frères, leurs cousins germains, fils et héritiers d’autre feu Jean de Gaufreteau, frère dudit feu Jacques, d’autre part.

    Le 14 mai 1529, Catherine de Biron, dame de Duras, tant en son nom que comme mère et légitime administratrice de Symphorien de Durfort, seigneur et baron de Duras et Pujols, afferma, après s’être entendue avec Jean de Durfort, seigneur de Civrac, « à honorable homme Girault de Gaufreteau, marchand, demeurant à Dardenac et à Guillaume-Arnaud de Cazenove, bourgeois de Bordeaux, tous les cens, rentes, honneurs, les fruits décimaux et agrières tant de blé-que de vin, avec les vignes, forêts et domaines étant des appartenances de la juridiction de Pujols, avec les droits de greffe, prévosté, guet, maneu vres, etc., de cette juridiction; sauf les droits d’amende arbitraire, de prison, d’exporle et de ptélation, d’un jardin et des bêtes épaves, pour le terme de deux ans et pour le prix de huit cents livres par an » que les fermiers devaient payer d’avance; mais il fut convenu que s’il arrivait des accidents sur les fruits, Catherine de Biron en supporterait les conséquences et rembourserait aux fermiers ce qu’ils auraient payé ou avancé.

    Le Ier septembre de la même année, cette dame afferma à Girault de Gaufreteau seul tous les droits qu’elle possédait dans la juridiction de Blésignac pour trois ans et pour la somme de cinquante livres par an.

    Pendant que Gaufreteau et Cazenove étaient fermiers de Pujols, la grêle enleva toute la récolte; ils réclamèrent à Mme de Biron la somme de onze cent cinquante livres qu’elle leur devait encore des avances qu’ils avaient faites, de sorte que, le 7 juillet 1530, elle vendit, à pacte de réméré de quatre ans, à Girault de Gaufreteau, la maison noble et seigneurie de Blésignac avec tous les cens, rentes, revenus, émoluments, gaudences et autres choses appartenant à cette seigneurie sans en rien réserver, tout le droit de justice haute moyenne et basse, mixte, mère impère, avec puissance d’y établir des juges, prévôts, greffiers, sergents et autres officiers, pour la somme de douze cents livres; Girault de Gaufreteau, avant de passer le contract, avait remis à la dame de Pujols, la somme de cinquante livres restant des onze cent cinquante qu’elle devait, et promit de payer tout ce qu’elle pourrait devoir sur cette dernière somme à Arnaud de Cazenove.

    Le 23 décembre 1538, Peyrot et Girault de Gaufreteau frères, marchands, achetaient des terres à Blésignac.

    Enfin, le 6 février 1542, Symphorien de Durfort, seigneur de Duras et de Pujols, autorisé par son curateur Me Guillaume de Lur, conseiller du roi au parlement de Bordeaux, seigneur de Longua, vendit à Girault de Gaufreteau, marchand, demeurant à Bordeaux, et à Jean de Gaufreteau, cousins, tout le droit de plus-value (le seigneur de Duras déclarait que la somme de douze cents livres, que Gaufreteau avait payée à Catherine de Biron, était beaucoup trop faible) et autres droits quelconques qu’il prétendait posséder encore sur la seigneurie de Blésignac, moyennant la somme de six cent cinquante livres tournois. Il donna pour garant de cette vente Mre Jacques de Pons, seigneur baron de Mirambaud et de Plassac.

    Quelques années après, Syrnphorien de Durfort, seigneur baron de Duras, Pujols, Villandraut et Blanquefort, attaqua Pierre de Gaufreteau et consorts en rescision de contrat; ceux-ci, pour se défendre, furent obligés de fournir un certain nombre de pièces, deux entre autres qui prouvaient que la vente avait été bien faite : la première est une transaction, du Ier mai 1548, entre Jacques de Pons, chevalier, baron de Mirambeau et Catherine de Biron, sa femme, d’une part, et Symphorien de Duras, majeur de vingt-cinq ans; celui-ci et sa sœur Jeanne de Durfort, enfants de Catherine et de François de Durfort, son premier mari, devaient restituer à leur mère sa dot et diverses sommes, montant à trente mille livres, pour lesquelles lui fut vendue la terre et seigneurie de Rauzan, à pacte de rachat. Pour faciliter ce rachat, Catherine consentit que son-fils vendit trois cents journaux de la forêt de Rauzan et que, moyennant qu’il lui payât vingt-quatre mille livres, elle lui revendrait la terre de Rauzan; et quant aux six mille livres restant, elle les lui donnait dès à présent, tant pour son droit de légitime que pour future succession, à la condition que Symphorien approuvât sans réserve l’arrêt des comptes qu’elle avait rendus de l’administration des biens de son fils depuis la mort de François de Durfort, son mari; la seconde pièce est une autre transaction, du même jour, entre les mêmes, portant approbation par ledit de Durfort des comptes rendus par Jacques de Pons et sa femme de l’administration qu’ils avaient eue des biens et revenus de Symphorien, sans pouvoir revenir, plus tard, sur ces comptes approuvés par MI’, Mes Guillaume de Lur et Michel Vallon, curateurs dudit Symphorien. Moyennant cette approbation, les seigneur et dame de Mirambeau avaient donné audit de Durfort la somme de seize cents livres huit sous tournois qu’ils lui devaient suivant ce compte et remis, de plus, le prix des réparations et améliorations qu’ils avaient faites au château de Rauzan depuis la vente de cette seigneurie par Catherine.

    Pierre de Gaufreteau et les siens gagnèrent leur procès, puisque la seigneurie de Blésignac leur resta; et, le 9 mirs 1557, Pierre et Jean de Gaufreteau et Alixon de Pimpoix, au nom et comme tutrice de Françoise-Marguerite et Alixon de Gaufreteau, héritières de feu Girault de Gaufreteau, seigneurs et dames de Blésignac, présentèrent au grand sénéchal de Guienne le dénombrement de cette terre consistant en deniers, blés et poules de rentes, et valant, toutes charges déduites, 20 francs bordelais, avec le droit de justice qui, disaient-ils, coûtait, les officiers payés, plus qu’elle ne valait.

    Sire Pierre de Gaufreteau, habitant de la paroisse de Dardenac, fit son testament le 3 septembre 1558. M. Jules Delpit s’est contenté de le signaler, mais nous croyons devoir l’analyser, ne serait-ce que pour faire voir quelle fortune considérable avaient faite, au bout de cent ans environ, ces marchands étrangers venus à Dardenac pour y établir des tanneries, après la guerre de Cent ans : Pierre de Gaufreteau se recommande à Dieu, à la Sainte Vierge et à tous les saints; il demande à être enseveli dans l’église de Dardenac, et laisse, pour faire prier Dieu pour son âme et celles de ses père et mère et amis trépassés, la somme de 100 livres, dont 10 aux couvents de l’Observance de Bordeaux. Il dit que lui et son frère Jean de Gaufreteau ont leurs biens en commun, et, comme ils ont pris sur la communauté diverses sommes, il veut qu’il en soit tenu compte. Il ne veut pas que la grande maison qu’il habite, avec ses bâtisses et jardins, confrontant, d’un bout, à celle des héritiers de feu Girault de Gaufreteau, et, de l’autre, au grand chemin qui va de l’église de Dardenac au Temple, soit partagée, aussi la légue-t-il à Jean de Gaufreteau, son frère; les autres héritiers prendront la maison de Mériot (Meyreau ?) située au village de même nom, dans Dardenac, avec des terres attenantes à ce village. Pendant la communauté, son frère et lui ont acquis la moitié du village de Jauguet, situé dans la paroisse de La Sauve; il le légue à ses héritières nommées ci-après, et il lègue à son frère, pour l’indemniser de ce qui lui appartient sur ce village, ceux de Guabaron et de Saubary, situés à Targon et à La Sauve, et certaines terres et divers droits dans les paroisses de La Sauve, Saint-Léon et Camiac, dans le lieu de Tartenac à Targon, une maison à Blésignac; sa part d’une adouberie (tannerie) située au « Palay-Gallianne alias Fondaudege », dans la ville de Bordeaux, dont il a hérité de Marie, sa sœur; sa part d’une maison située rue des Aydes, à Bordeaux, qu’il a acquise de feu Pierre Boutin, portier de la ville; tout cela valant plus que sa part du village de Jauguet; et, pour les grands services qu’il a reçus de son frère Jean, il lègue à lui et aux siens « sa part et cottité entièrement de tout le cabal et marchandise qu’ils ont ensemble, concistant en peaulx et cuirs tant tanés que à taner dans les fosses et pellains et dehors, graisse, escorce, suifs… et autres choses estans et appartenans audict cabal et marchandise et en dépendantes d’icelluy, avec les douilz, cuves, chaudières, bassines, mulles et moulin à mouldre escorce, couteaulx, ferremens et generallement tous les aultres hostils et choses necessaires au metier de thaneur et à l’abilhage et entretenement tant dudit cabal et marchandise que de la tannerye. a Il lui légue encore toutes les affaires faites et à continuer pour ladite tannerie, tout l’argent qui se trouvera chez lui à sa mort. Il veut que . ledit Jean donne à ses héritières sous-nommées un tiers seulement de sa vaisselle, de son linge, de ses meubles, etc., et, un an après son décès, 1,200 livres en compensation de toutes ces marchandises. Il lègue de plus à son frère toute l’adouberie avec ses appartenances et dépendances et un moulin à eau, le tout situé dans la paroisse de Dardenac et confrontant au grand chemin qui va de l’église de Faleyras au Temple. Il constitue héritières universelles Périnne de Gaufreteau, damoiselle, femme de Blaise de Ligardes, conseiller et avocat du roi et de la reine de Navarre au siège de Castelmoron-d’Albret, et Catherine de Gaufreteau, femme d’Etienne Cruzeau, le jeune, bourgeois et marchand de Bordeaux et contregarde de la monnaie de la même ville, ses filles légitimes, et de feu Jeannette Bardeau, sa femme, par égales portions, ou leurs enfants si elles décèdent ayant lui. Il leur substitue son frère jean qu’il nomme exécuteur testamentaire avec Me Pierre Landreau, curé de Dardenac. Enfin il révoque un testament précédent.

    Pierre mourut vers 1562, son testament fut attaqué par ses deux filles qui se prétendaient frustrées au préjudice de leur oncle; mais, par transaction du 30 juin 1563, il fut convenu que le testament aurait son plein effet, sauf sur ce qui regardait certains meubles et ustensiles qui devaient être partagés entre les parties.

    Après la mort de Pierre, la seigneurie de Blésignac resta indivise entre Jean de Gaufreteau, habitant de Dardenac, et les héritiers de feus Pierre et Girault de Gaufreteau. Girault laissa trois filles : Marguerite, mariée avec Martin de Hiribéry, écuyer, Alixon, femme de Romain Blays, et Françoise, femme de Guillemot Moreau, marchand habitant de Dardenac; elles devaient toutes les trois une somme de 2000 livres à Etienne de Beaumont, conseiller du roi au parlement de Bordeaux, et Martin Hiribéry avait répondu pour elles; n’ayant pu payer le tout au terme fixé, Beaumont le fit mettre en prison; après sa libération, Françoise lui devait encore 83 livres 5 sous, elle lui ceda pour cette somme, le 4 août 1559, une portion de maison à Dardenac, et une terre labourable située, dans la paroisse de Montarouch, au lieu de Carneau. Le 9 novembre 1568, Martin Hiribéry, coseigneur de Blésignac, acheta à Me François Sieulane, prêtre, bénéficier de Saint-Michel de Bordeaux, une maison située dans la rue de l’Alemandier joignant le cimetière de cette église.

    Jean de Gaufreteau, frère de Pierre, avait épousé Françoise Bardeau, sœur de Jeannette Bardeau, femme de Pierre; ils eurent un fils, nommé aussi Jean, qui se maria, le 8 mai 1564, au lieu de Mériot à Dardenac, en présence de Girault de Gaufreteau, conseiller du roi au parlement de Bordeaux, et de Fort de Perin, lieutenant du juge de Sauveterre, avec Françoise de Ligardes, fille de feu sire James de Ligardes et de Jeanne Gayot, de la ville de Sauveterre; la future était autorisée par sa mère et par Biaise de Ligardes, son frère, mari de Perinne de Gaufreteau, fille de Pierre. Les futurs époux devaient aller habiter chez Jean de Gaufreteau, le vieux; Blaise devait donner à sa sœur 1300 francs, bordelais de dot et l’habiller le jour de ses noces. Jeanne Gayot lui fit don de 200 francs de la même monnaie et du cinquième de tous ses biens.

    Le 9 mars 1569, Jean de Gaufreteau, frère de Pierre, et sa femme Françoise Bardeau, sœur de Jeannette, habitants de la paroisse de Dardenac, firent leur testament mutuel; il m’a paru si intéressant que j’ai cru devoir en faire, malgré sa longueur, une analyse détaillée.

    Ils commencent par déclarer vouloir que leurs enfants obéissent à la lettre de ce testament et que ceux qui y manqueront n’aient que leur droit de légitime; ils laissent 200 francs bordelais pour faire célébrer des messes, ce dont seront chargés Guillaume et Jean, l’aîné, leurs enfants, qu’ils instituent exécuteurs testamentaires. S’ils meurent à Dardenac, Jean veut être enterré dans l’église de cette paroisse avec feu Pierre de Gaufreteau, son frère, et Françoise veut qu’on l’ensevelisse dans la même église, dans la sépulture de Jeanne Bardeau, sa sœur. Il leur reste douze enfants de leur mariage, huit garçons et quatre filles.

    L’aîné est Girault de Gaufreteau, conseiller du roi et magistrat en la cour présidiale de; la grande sénéchaussée de Guienne, auquel ils ont ci-devant fait dcnation, par préciput, de toutes les sommes qu’ils ont employées pour son instruction jusqu’à son office de conseiller; ils lui lèguent en outre tout le droit et part qu’ils ont sur la maison où il demeure, à présent, sur les fossés des Tanneurs, à Bordeaux, avec les meubles qu’elle renferme; la moitié de tous les droits qu’ils ont sur la justice, château, juridiction, etc., de Blésignac, qui est indivise entre eux et les héritiers de feus Pierre et Girault de Gaufreteau, plus ceux du domaine et maison noble de La Font et le village de Durandet la joignant, situés dans ladite paroisse; plus une vigne dans la paroisse de La Sauve, et un bois taillis dans la paroisse de Nérigean.

    Jean de Gaufreteau, leur second fils, a toujours demeuré avec eux et passé tout son temps à les servir; ils lui léguent la maison où ils demeurent dans la paroisse de Dardenac avec tcut le domaine et les autres immeubles qui leur appartiennent dans les paroisses de Dardenac et de Daignac, les prés et les aubarèdes, situés près de La Salle, sauf le pré du château qui reste avec la seigneurie; plus les terres et taillis qui sont entre la paroisse de Dardenac et le chemin qui va du château de La Salle au village du Plantier; plus leur part de la grange de Fontonne avec toutes les terres qu’ils possèdent à Faleyras, au comté de Bénauges, plus les terres, vignes, etc., qui sont entre le chemin qui va de La Braude à Landreau, et à la Croix-de-Bernard-du-Néyrat, et celui de ladite croix au château de Montarouch et au village de Geoffre et séparant les juridictions de Bénauges et de Blésignac; plus l’autre moitié de leur droit sur la seigneurie, justice et château de Blésignac. Ils disent avoir marié ledit Jean avec Françoise de Ligardes qui a porté en dot 1500 francs bordelais qu’ils ont reçus, ils lui donnent pour le payement de cette somme les prés situés dans la palu de Bonne-Maison, à Moulon, et les terres qu’ils possèdent au-delà de l’estey, terres confrontant aux fiefs du chapitre de Saint-Emilion et du seigneur de Savignac, et, pour ce que leurs fils et belle-fille ont à prétendre sur les acquêts, ils leur donnent leur droit sur le moulin de Troussepaille avec le taillis de Bardeau, à La Sauve, contenant 7 journaux, enfin tout ce qu’ils ont dans la ville de Saint-Emilion.

    Pour ce qui regarde Me Guillaume de Gaufreteau, leur troisième fils, curé de Bellebat en Bordelais et de Soussac en Bazadais, ils déclarent avoir fait toutes les démarches nécessairss pour le faire pourvoir de ces deux cures dont il jouit paisiblement, et avec le revenu desquelles il a fait plusieurs acquisitions; néanmoins ils lui léguent ce qui leur appartient dans la paroisse de Blésignac, au village de Charryer et ailleurs, entre le chemin qui va de l’église de Blésignac au Temple, et celui qui passe à travers la terre de Catherine de Gaufreteau, femme du sieur Cruzeau, leur nièce, tirant au village de Borbonnet, sans y comprendre la maison appelée Du Faure qui est devant le domaine noble de La Font, le tout clos de murailles; plus un pré à Romagne, et enfin son habitation, pendant sa vie, dans la grande maison de Dardenac, avec son frère.

    Ils ont marié Peyrot (Pierre) de Gaufreteau avec Guillemette Denis, et lui ont donné 600 francs bordelais; il lui lèguent le village de Bertranet en la paroisse de Blésignac, confrontant au grand chemin qui va du village de Perreau à Montarouch; tous leurs prés situés dans la paroisse de Montarouch et la vigne de Content, dans celle de La Sauve; un pré dans Blésignac; toute la part qu’ils ont en deux maisons neuves et sur une autre maison située sur les Fossés des Tanneurs à Bordeaux, à la condition qu’il leur laissera la maison de. Créon, lui venant de feu Pierre de Gaufreteau, qu’il désirent donner à Jeannot, leur autre fils, et si Peyrot n’y consent pas, Jeannot aura les droits sur les maisons de Bordeaux.

    Ils ont marié Jeannot avec Suzanne de la Caussade, et lui ont donné 500 francs bordelais, ils lui léguent la maison de Créon aux conditions susdites; le village de Luquet, autrement dit La Graulat, à Camiac, indivis entre eux et Honoretle Bardon, et onze journaux de terres, près de ce village; le pré de Maynot, à Moulon, enfin la part du moulin du Graveyron, à Nérigean.

    Pierre, dit Parme de Gaufreteau, aura le village de Gabarron, dans la paroisse de Saint-Léon; la vigne dé Friquet, située dans les trois paroisses de Saint-Léon, La Sauve et Targon; un pré à la Sauve, le droit qu’ils ont sur une maison de la rue des Ayres, à Bordeaux, en face de la mairie.

    Pierre, le plus jeune, aura la maison du Faure, à Blésignac, avec la terre joignant, le tout clos de murailles; le pré qui les touche, situé devant l’église, confrontant aux villages de Duraudet et de Perreau; une pièce de terre dans la même paroisse, au lieu de La Narguegrue, confrontant au chemin qui va de la maison du Faure au Temple, et qui leur vient de feu Pierre de Gaufreteau, leur frère; un pré à Saint-Léon; une vigne à Montarouch; leur part du bois de Tartenac, à Targon, indivis entre eux et les héritiers de feu Girault de Gaufreteau, leur cousin; leur part du moulin de Bourret, à Saint-Quentin.

    Guillaume, le plus jeune et dernier de leurs enfants, aura la métairie de Ricard, située dans la paroisse de La Sauve,près de l’abbaye, donnée par M. Cluzeau, curé de Soussac; une maison avec terre et jardin au bourg de La Sauve, en général ce qui a été donné par ledit Cluzeau.

    Louise de Gaufreteau, l’aînée des filles, a été mariée deux fois; la dernière avec Me Michel de Lorrière, huissier; il lui a été donné ses habits nuptiaux et 700 fr. bordelais de dot; et, pour lui parfaire les 1,000 francs qu’ont eus ses autres sœurs, ils lui léguent l’adouberie située au Palais-Gallien à Bordeaux, autrement à Fontdaudège, et la vigne appelée de Gratecap, près du boulevard de Sainte-Croix-lès-Bourdeaux.

    Ils ont marié Catherine, leur seconde fille, avec Pierre Lambert, .bourgeois de Bordeaux; elle a reçu 1,000 francs de dot et ses habits nuptiaux.

    Quant à Marie et l’autre Louise, elles auront, lors de leur mariage, pareille somme et leurs habits de noce.

    Ils veulent que leurs quatre filles, Louise, Catherine, Marie et autre Louise aient, toutes ensemble, pour leur part, le village de Rougerie, avec ses appartenances situées à Camiac et à Espiet; leur part du Petit-Moulin, autrement appelé de Ramefort, dans la paroisse de Blésignac; la gaudence des Droyneaux, qui est une barrique de vin, trois boisseaux de blé et 35 hardits par an; la maison de Par-le-Bas, à La Sauve, et un pré dans cette paroisse.

    Comme Jean l’aîné, a eu, ci-devant, le maniement de leur cabal et administré leurs affaires, il sera déchargé de la reddition de compte et ne devra pas être inquiété là-dessus par ses frères et sœurs; les dots des filles à marier seront prises sur le cabal et sur les meubles seulement. Ils veulent que la maison où ils demeurent reste audit Jean avec les bestiaux, meubles, etc.

    Girault et Jean, qui ont leur part de la seigneurie de Blésignac, payeront les rentes dues au seigneur de Blésignac.

    Si un ou plusieurs de leurs enfants meurent avant eux sans enfants, leur part sera partagée entre tous les autres.

    Celui des deuxtestateurs qui survivra aura l’usufruit de tousles biens sans être obligé d’en rendre compte. Les enfants qui inquietteront le survivant n’auront, pour tout héritage, que leur part légitime, et le reste sera partagé entre les autres.

    Le 27 mars 1571, Jean de Gaufreteau et Françoise Bardeau ajoutèrent un premier codicille à ce testament. Ils léguent par préciput et avantage à Jean de Gaufreteau, leur second fils, à Pierre de Gaufreteau, leur septième fils, le plus jeune de ceux qui ont le nom de Pierre, pour les récompenser d’avoir toujours demeuré avec eux et de les avoir servis, à tous deux conjoinctement toutes les acquisitions qu’ils ont faites depuis leur testament, plus tous les meubles, cabal, argent, etc., qui se trouveront à leur décès, avec les adouberies qui joignent la grande maison où ils résident, laquelle doit demeurer à Jean l’aîné; mais ils payeront à Louise de Gaufreteau, leur sœur à marier, la somme de 1000 francs bordelais, ses habillements nuptiaux, son lit, etc., Les adouberies qui leur ont été laissées doivent être en commun; ils substituent les deux frères l’un à l’autre; ils veulent que les prés et les terres labourables et une grange située dans la paroisse de Vignonet, près de l’église, qu’ils ont légués audit Jean, appartiennent à Pierre, le jeune. Le Petit-Moulin, la gaudence des Droyneaux et la maison de Parle-Bas, qu’ils avaient léguée à leurs filles, appartiendront auxdits Jean et Pierre. Jean payera par mois 150 livres tournois pour les dépenses que Guillaume le plus jeune fera pour ses études. Ils émanciperont, en outre, Jean et Pierre de sorte que tout ce qu’ils gagneront dorénavant, leur appartiendra. Ils veulent que leur fils Guillaume, prêtre, ait une chambre garnie, un grenier et un cellier dans la grande maison.

    Le 3 mai suivant, les testateurs firent un second codicille par lequel ils veulent que tout ce qu’ils avaient laissé à Jean, leur second fils, dans la ville et juridiction de Saint-Emilion, soit indivis entre lui et Pierre leur septième fils.

    Girault de Gaufreteau, fils aîné de Jean et de Françoise Bardeau, faisait à cette époque divers achats dans la paroisse de Blésignac; il était ordinairement représenté, dans ces occasions, par son frère Guillaume, bachelier en décrets et curé de Bellebat; ainsi, le 16 mai 1569, Pierre Alegret, habitant de Blésignac, lui vendit une terre située au village de Durandet, confrontant à celle d’Annette Chicou; le 10 mars 1572, Elaxion ou Alixon de Chevery, mère et héritière de feu Martin de Hiribery, une certaine quantité de biens-fonds; le 16 du même mois, Philippe Chicou, dit Bertault, 7 règes de terre au village de Durandet; le 3 novembre 1572, le même Philippe Chicou lui vendit une autre rièce de terre dans le même village. Gaufreteau, qui était absent, était représenté par Marie de Cadouin, sa femme. Mais l’acquisition la plus importante que fit Girault fut celle de la moitié de la seigneurie de La-SalIe-de-Blésignac, que lui vendit, le 27 février 1573, moyennant la somme de 2,000 fr., Marguerite de Gaufreteau, pour se délivrer de quelques dettes. Marguerite, après avoir perdu son mari, Martin de Hiribery, devait une certaine somme à sa belle-mère; celle-ci fit saisir les biens de sa débitrice qui furent adjugés, par arrêt du 10 mai 1572, pour la somme de 2,500 livres, et vendus par la créancière à Pierre de Gaufreteau, second mari de Marguerite, et à Girault de Gaufreteau frères; le premier, fils aine de Jean de Gaufreteau et de Françoise Bardeau, et le second, sixième fils des mêmes. Girault de Gaufreteau éprouva, à l’occasion de l’achat de la moitié de Blésignac, une difficulté assez curieuse et qu’il est bon de signaler pour faire connaître à quel état de désorganisation notre pays était tombé pendant les guerres de religion. La famille de Gaufreteau ne possédait pas d’expédition du contrat de vente qui lui avait été faite de cette seigneurie, le 7 juillet 1530. Géraud Chauvelle, lenotaire qui l’avait rédigé, demeurant à Romagne, juridiction de Blaignac, était mort, bientôt après, pendant les derniers troubles, sans avoir délivré le contrat en forme, et une partie de ses papiers avaient été volés. Girault de Gaufreteau apprit que la minute était entre les mains de Jean Dalby, lieutenant de juge de la juridiction de Curton; mais il ne pouvait en faire faire une expédition, parce que, à cause des troubles,

    il n’y avait, dans la juridiction de Blaignac, ni juge, ni greffier, ni officiers de justice; il fut obligé de s’adresser au Parlement, afin d’obtenir un arrêt pour se la faire délivrer.

    Nous venons de voir que Marguerite de Gaufreteau, veuve de Martin d’Hiribery, avait épousé son cousin, Pierre de Gaufreteau; elle mourut bientôt après, et Pierre, qui était alors gouverneur du château du marquisat de Curton et coseigneur de Blésignac et de Perreau, se remaria, par contrat du 4 mars 1575, avec Jeanne de Puch, dame de Lugagnac en Pellegrue. Ce Pierre de Gaufreteau, seigneur de La Motte-de-Curton ou La Motte-Bourrue, à Espiet, Jean de Gaufreteau, le vieux, et Jean de Gaufreteau, le jeune, conseillers du Roi au parlement de Bordeaux, assistèrent comme parents, le 25 avril 1584, au contrat de mariage d’entre M. Me Guillaume de Gaufreteau, avocat au Parlement de Bordeaux, y demeurant, paroisse Sainte-Eulalie, et Jeanne Girault ou Géraud, demoiselle, fille de feus Pierre Giraud, écuyer, et de Betrande Amilton, damoiselle. Les témoins furent Me Romain Pic-de-Blays et sieur de Gaufreteau le jeune, conseillers. Le 24 février 1585, Pierre de Gaufreteau, écuyer, coseigneur de Blésignac et de la maison noble de Lugagnac, et sa femme Jeanne de Puch, habitants de Blésignac, vendirent à Jeannot de Busserolles, écuyer, sieur de La Forest, habitant de la paroisse de La Reyre, en la juridiction de Pellegrue, six pièces de terres, faisant partie de la métairie de Lugagnac, au village ae La Pellade et situés dans les paroisses de La Reyre et de Saint-Martin-de-Servolle, pour la somme de 150 francs bordelais. Pierre de Gaufreteau, comme coseigneur de Lugagnac, fit, à cette époque, une certaine quantité d’achats dans les environs de cette maison; il fit aussi, le 23 mai 1591, une échange de terres, situées à La Reyre, contre des rentes assices sur le village des Viauts, dans la même paroisse, avec Lucrèce de Beaupoil, damoiselle, veuve de Jean de Busserolles, écuyer, sieur de La Forest, comme mère et tutrice d’autre Jean de Busserolles, son fils.

    Outre Pierre de Gaufreteau, coseigneur de Lugagnac, la seigneurie de Blésignac avait d’autres copropriétaires, c’étaient les filles de feu noble Pierre de Gaufreteau : Catherine, femme d’Étienne Cruzeau, et Perinne, femme de Blaise de Ligardes, laquelle vendit à sa sœur, le 4 août 1588, pour la somme de 600 livres, tous les droits que son père lui avait légués dans cette seigneurie, sauf les terres qu’elle y possédait noblement. C’était aussi Jean de Gaufreteau, conseiller au parlement de Bordeaux, et autre Jean de Gaufreteau, aussi conseiller en la même cour, qui, en novembre 1592, font planter de la vigne à Blésignac. Un de ces Jean achetait, le 26 juillet 1594, des vignes dans le village de Moucheteau, et le II juillet 1597, des terres dans la même paroisse. Jean de Gaufreteau, seigneur dudit lieu et coseigneur de la baronnie de Blésignac, et Pierre de Gaufreteau, écuyer, sieur de Perreau, assistent, le 7 novembre 1593, Louise. de Gaufreteau, leur nièce, fille de Pierre de Gaufreteau, sieur de la maison noble de la Motte-Curton et de Guillaumire Denis, dans son contrat de mariage avec Pierre de Nolibois, écuyer, sieur de Bouliac.

    Me Jean de Gaufreteau, avocat en la Cour, donne procuration, le 28 décembre 1592, comme chapelain d’une chapellenie fondée en l’église Saint-Seurin de Bordeaux et d’une autre chapellenie fondée à Saint-Remy de la même ville, par Arnaud-Guillaume de La Caze alias de Bruges, à Jean Cruseau, avocat au Parlement, pour gérer les biens de ces chapellenies. Il n’est pas dit dans cet acte, extrait des archives de Blésignac, que ce Jean fût prêtre ni coseigneur de cette terre; mais Guillaume de Gaufreteau, seigneur du Cau et de Montaigne, était qualifié, le 10 mai 1593, coseigneur de Blésignac.

    Nous avons vu que Catherine de Gaufreteau, femme d’Etienne Cruseau, avait acheté à sa sœur Perinne, femme de Biaise de Ligarde, ses droits sur la seigneurie de Blésignac; lors de sa mort, elle laissait quatre enfants : Marie Cruzeau, femme de Me Jean Donzeau, conseiller, magistrat en Guienne; Me Etienne Cruseau, contrôleur en l’élection de Guienne; Me Jean Cruzeau, chanoine de Saint-Seurin; et Anne Cruzeau, veuve de Pierre de Salignac, bourgeois et marchand de Bordeaux. Ils partagèrent, le 8 août 1599, les biens délaissés par leurs père et mère, en firent quatre lots, dont trois pour les deux fils et le quatrième pour les filles, sauf les deux tiers du moulin du Luc qui demeurèrent aux fils pour les réparations qu’ils y avaient faites.

    Les deux filles de Catherine de Gaufreteau, qui demeuraient à Bordeaux, vendirent, le 6 novembre 1602, à M. Me Jean de Gaufreteau, conseiller du roi au Parlement de Bordeaux, où il demeurait, dans la paroisse Saint-Projet, chacune une seizième partie, les deux parts faisant une huitième partie, de la justice haute, moyenne et basse, des rentes et devoirs seigneuriaux de la terre et seigneurie de Blésignac, à elles obvenus par le décès de leur mère et suivant le partage qui avait été fait entre elles et leurs frères Etienne et Jean Cruzeau, moyennant la somme de 360 livres tournois.

    Pierre de Gaufreteau, fils de Jean de Gaufreteau et de Françoise Bardeau, épousa Guillaumine Denis dont il eut, entre autres, Pierre de Gaufreteau, moine de l’abbaye de La Sauve, et Joseph de Gaufreteau, jésuite, dont nous aurons l’occasion de parler plus tard. Le 16 janvier 1608, Pierre, âgé de 19 ans, et au moment de prononcer ses vœux, fit son testament pour distribuer les biens dont il avait hérité de Pierre de Gaufreteau, écuyer, sieur de Perreau, et de Jean de Gaufreteau, écuyer, capitaine pour le service du roi, ses oncles. Il légua à jean de Gaufreteau, son frère, avocat au Parlement de Bordeaux, alors à Paris, tout ce qui lui. revenait de ces successions ne s’en réservant que 90 livres tournois d’usufruit par an, pour son entretien, acheter des livres et continuer ses études. Il lui substituait Jean et Joseph, ses frères, par égales portions, et à ceux-ci Françoise et Louise de Gaufreteau, ses sœurs ou leurs enfants. D’ailleurs, son héritier ne devait jouir de cette succession qu’après la mort de Guillaumine Denis, sa mère. Ce jeune religieux devint, plus tard, prieur de La Sauve et général des Bénédictins de France; les rigueurs du cloître n’avaient pas assoupli son caractère; il était violent, et, les mœurs de l’époque aidant, il se laissait aller à commettre des actes indignes d’un religieux et surtout de la haute position qu’il occupait. Il résulte, en effet, de deux informations faites, les 26 et 27 novembre 1631, à la requête de Pierre-Louis de Fisson, seigneur de Rougerie, que les cotisateurs, de La Sauve, probablement, ne pouvant obtenir de lui la somme à laquelle il était taxé, ne s’étaient pas contentés, le vendredi précédent, de saisir ses meubles, ses grains et un cheval, mais avaient rossé son valet qui en conservait une large plaie à la tête; parmi les assaillants, se trouvait le domestique du prieur de La Sauve. Le dimanche suivant, les mêmes individus, mais cette fois accompagnés du R. P. Prieur, d’un de ses valets et d’un nommé Nolibois, s’étaient rendus, pendant l’office, à la maison de Rougerie, avaient brisé les portes, volé les meubles, s’étaient emparé du domestique du sieur Fisson, l’avaient attaché derrière la charrette sur laquelle ils avaient chargé les meubles, l’avaient ainsi traîné jusqu’à La Sauve où le R. P. de Gaufreteau l’avait roué de coups de bâton et fait jeter ensuite dans les prisons de l’abbaye, les fers aux pieds. Fisson porta plainte à Jean-Pierre de Maleret, prêtre, licencié en droit, archiprêtre de Bourg, et official de Bordeaux, qui chargea un prêtre, assisté d’un autre ou notaire catholique, d’informer secrètement contre le prieur de La Sauve. Les documents nous manquent pour suivre ce procès qui dut avoir de curieux incidents.

    Dom du Laura place Pierre de Gaufreteau au nombre des grands hommes de La Sauve : « Pierre de Gaufreteau, dit-il, de la noble famille de ce nom en ce pays, fit profession dans cette abbaye, le 20 janvier de l’an 1608, il étoit âgé d’environ vingt ans, entre les mains de dom Jean d’Arnal, docteur en décrets, chambrier de Sainte-Croix de Bordeaux et provincial de la Congrégation des Exempts. Il a exercé les principales charges de cette congrégation, dont il fut créé syndic général en 1620, provincial des provinces d’Aquitaine et d’Auch au chapitre général tenu à Marmoutiers en 1623, et, enfin, plusieurs fois supérieur général, entre autres ès chapitres généraux tenus à Saint-Benoît-sur-Loire, le 30 aoust 1626, et, dans ce monastère, le dernier jour du même mois de l’an 1643. Je le trouve encore nommé en cette qualité ès années 1630, 34, 36, 46, 51, etc.; enfin, il ne quitta cette charge qu’à sa mort, laquelle arriva en 1653, le 29 aoust. » Jean de Gaufreteau, conseiller au Parlement, un des coseigneurs de Blésignac eut, entre autres, pour fils, Jacques de Gaufreteau, chevalier, baron de Francs et Puynormand, seigneur de Blésignac, Bonne-Maison et La Chapelle-aux-Eymars. Il acheta, le 7 octobre 1630, à François de Treilles, écuyer, et à demoiselle Marie de Salignac, sa femme, pour la somme de 8,000 livres tournois, tous les droits de justice haute, moyenne et basse, rentes et devoirs seigneuriaux qu’ils possédaient dans les paroisses de Blésignac, Saint-Léon, Dardenac, Daignac, Espiet, Montarouch et Moulon. Ces biens consistaient en une maison, basse-cour, fuie, jardin, etc., et une autre petite maison, terre et vigne, le tout en un tenant appelé le Bourdieu-de-devant-l’église, près du bourg de Blésignac; ces biens avaient jadis appartenu à feue demoiselle Anne de Cruseau, fille de Catherine de Gaufreteau, et mère de ladite de Salignac. Jacques de Gaufreteau rendit, le 18 mai 1632, par devant les trésoriers généraux de France, hommage au roi de ses diverses maisons nobles et seigneuries, mouvant de Sa Majesté à cause de son duché de Guienne.

    Guillaume de Gaufreteau, seigneur de Montaigne et du Cau, étant décédé, sa veuve Marie de Cazeau prétendait que Pierre de Gaufreteau, écuyer, son fils, et ses autres enfants, avaient droit de quotité dans la seigneurie de Blésignac; elle s’adressa à Jacques de Gaufreteau et lui remontra que, de temps immémorial, son mari et ses auteurs possédaient dans Blésignac des droits indivis avec les siens; elle le pria de vouloir venir à une liquidation amiable : ce qu’il accorda. Ils firent arpenter, en conséquence, la paroisse et il se trouva que Mme de Montaigne y possédait, au nom de ses enfants, 114 journaux de fonds que son mari y avait eus, tant comme successeur de Jean de Gaufreteau, écuyer, son père, après le partage fait par celui-ci avec autre Jean de Gaufreteau, père de Jacques, et ses consorts, que autrement; elle prouva aussi que, du chef de son beau-père, elle pouvait prétendre à la huitième partie de la justice et autres droits seigneuriaux de cette juridiction, de sorte qu’il fut convenu, par transaction du 22 mai 1635, que les enfants de Guillaume jouiraient d’abord de la huitième partie de la justice avec le huitième des revenus et émoluments de la seigneurie, à la charge de payer leur cote-part des frais; et qu’en outre, ils jouiraient noblement des droits sur les 114 journaux susdits.

    Dès le 25 avril 1631, Philippe de Gaufreteau, fils de Guillaume de Gaufreteau et de Marie de Cazeau, était aussi coseigneur de Blésignac; le 22 janvier 1648, il est qualifié seigneur des maisons nobles de Gaufreteau et de Montaigne dans une transaction entre lui et demoiselle Hilaire des Appas, veuve de feu Jean de Gaufreteau, écuyer, sieur de La Motte, fils de Pierre de Gaufreteau et de Guillaumine Denis; Hilaire réclamait 100 livres de pension annuelle qui lui avaient été accordés tant par son contrat de mariage que par le testament de son mari des 23 juillet 1642 et 15 novembre 1645; Philippe déclarait que le sieur de la Motte ne pouvait disposer d’une pareille somme; cependant tout s’arrangea à la satisfaction des parties. Le sieur de La Motte fit faire, en 1654, un mémoire de son avoir après le décès de son frère, prieur de La Sauve, arrivé, le 29 août 1653; on y voit qu’il possédait, outre les acquets qu’il avait faits, deux sortes de biens : ceux qu’il tenait des successions paternelle et maternelle, et ceux qui lui étaient obvenus par succession collatérales. Ces derniers étaient : 1° le quart des biens de feu Jean de Gaufreteau, capitaine, sieur de La Graulet, lequel, par son testament du 30 janvier 1595, avait donné le quart de ses biens aux quatre enfants mâles de Pierre de Gaufreteau, sieur de La Motte : Jean l’aîné, Pierre, Jean le jeune et Joseph; il avait recueilli tout ce quart tant en conséquence de ce testament que par des donations qui lui avaient été faites par ses frères. Cette quatrième partie avait été confondue avec la succession de feu M. de Blésignac, ainsi qu’il appert par le contrat de partage du 22 octobre 1611; de plus, il avait la quatrième partie de tous les biens de feu Pierre de Gaufreteau, sieur de Perreau autrement de Blésignac, tant en conséquence du testament dudit Pierre, du 23 novembre 1600, que des donations de ses frères. Viennent ensuite la nomenclature de ses possessions; mais nous ne pouvons pas les indiquer, parce que la suite du mémoire est perdue. En 1657, Pierre et Jean de Gaufreteau, père et fils, eurent un procès désagréable avec Jean de Fisson, sieur de Rougerie, valet de chambre du roi : ce procès était intenté par les Gaufreteau à Geneviève, Louise, Marie et Catherine de Nolibois, nièces du curé d’Espiet dont nous avons raconté les exploits. Geneviève était mariée avec Jean de Fisson. Il s’agissait dans ce procès d’un action en désistement à propos de la métairie de Gazeneau, située à Camiac, et vendue le 20 octobre 1630 par Jeanne Géraud, aïeule des demoiselles de Nolibois, à feu Jean de Nolibois, seigneur de Bouliac, leur père. Il y avait eu, le 12 septembre 1657, une sentence du sénéchal qui déboutait les-dites demoiselles du renvoi qu’elles demandaient devant le iuge ordinaire de l’Entre-deux-Mers où était située la métairie : le sénéchal se fondait sur ce que, les Gaufreteau étant nobles, l’action devait être portée de plein droit d’avant lui, mais Jean de Fisson avait, le 23 décembre 1660, prié la cour de faire extraire certaines pièces qui lui permettaient de déclarer que, bien que les Gaufreteau prissent le titre d’écuyers, ils n’étaient pas nobles, car leur bisaïeul, dans son testament, ne se qualifiait que marchand corroyeur, et que, depuis, ils ne pouvaient produire aucun titre d’anoblissement. Les demoiselles de Nolibois obtinrent, en conséquence, le Ier avril 1661, un arrêt ordonnant que les parties procéderaient en la Cour. La cause paraissant mauvaise aux Gaufreteau, ils se retournèrent en disant que la métairie avait été vendue pour une somme inférieure à sa valeur : ce qui n’était pas exact. Les Nolibois demandèrent que les Gaufreteau fussent déclarés non recevables, condamnés aux dépens tant au sénéchal qu’en la Cour, et elles relaxées. Les documents nous manquent pour nous faire connaître le résultat de ce procès. Cependant, il exite un mandement du 26 mai 1662 pour contraindre Jean et Pierre de Gaufreteau à payer et rembourser deux écus sol et un écu sol et 15 écus sol pour les épices taxées aux arrêts d’entre les parties.

    A cette époque, Pierre et Jean de Gaufreteau étaient coseigneurs de Blésignac avec Jean-Jacques de Gaufreteau, fils de Jacques de Gaufreteau, chevalier, baron de Puynormand, Francs, Blésignac et autres lieux, et de Marie Le Berthon.

    Le 8 avril 1682, dame Anne de Vincent, femme de noble Izaac du Vergier, écuyer, seigneur de Bauclos, et Pierre et Jean de Gaufreteau, père et fils, écuyers et avocats au parlement de Bordeaux, y demeurant, le fils âgé de vingt-cinq ans, vendirent, pour la somme de 525 livres, à Jean-Jacques de Gaufreteau, tous les biens et tous les droits qu’ils possédaient par indivis dans la paroisse de Blésignac, comme les tenant de Mre Jean Donzeau, prêtre, curé de La Teste. Ce prêtre et sa sœur Mathurine Donzeau, décédée, les avaient recueillis de la succession de leurs père et mère qui les tenaient de feu Etienne Cruzeau, conseiller du roi en Guienne, mari de Catherine de Gaufreteau.

    Jean-Jacques de Gaufreteau s’était porté caution de M. de Fournel, tuteur du fils mineur de M. de Noaillac pour une somme de 500 livres qu’il devait à feu M. de Feydeau, chevalier, seigneur de Peyres, Romazières et les Giraudières, mari de Catherine de Gaufreteau, celle-ci, qui demeurait aux Giraudières, en la paroisse de Champniers, agissant comme mère et tutrice de François de Feydeau, chevalier, son fils, le déchargea de cette caution par acte du 2 novembre 1682.

    Jean-Jacques était marié avec Olive de Bergeron, fille de Pierre de Bergeron, écuyer, conseiller secrétaire du roi, et d’Olive de Gaufreteau.

    Il mourut vers 1685. Sa veuve, qui demeurait ordinairement au château de Blésignac, passait, le 6 mai 1695, au château de Francs, comme tutrice de Pierre de Gaufreteau, seigneur de Blésignac, son fils, une transaction avec dame Charlotte Fortin de La Hoguette, dame de Puynormand, Francs, Bonnemaison, La Chapelle-aux-Eymars et autres places, veuve de Mre Jean-François de Gaufreteau, tant en son nom que comme ayant charge et procuration de Mre Ardouin de Gaufreteau, chevalier, seigneur et baron desdites places, officier aux gardes, son fils, étant alors au service du roi, à propos d’une somme de 1730 livres que son mari devait au feu seigneur de Puynormand et dont 300 livres avaient été payées, il ne restait donc plus à solder que 1430 livres; mais, comme par son testament du 23 juin 1676, feue dame Marie Le Berthon d’Aiguille, dame de Francs et Puynormand, leur belle-mère, avait légué 1000 livres audit seigneur de Blésignac, son fils, cette somme devait être déduite de celle de 1430 livres,parce que ce legs devait être acquitté par la dame de Puynormand; de sorte qu’il ne restait plus à payer par la dame de Blésignac que 430 livres; d’un autre côté, comme elle pouvait avoir droit à quelque portion dans l’héritage de feu Marc-Antoine de Gaufreteau, seigneur de Bonne-maison, leur beau-frère, bien que son testament dût être considéré comme inutile, puisqu’il avait consommé sa légitime au service du roi en achetant diverses charges, il fut convenu entre ces deux dames que Mme de Puynormand abandonnerait les 430 livres restant à Mme de Blésignac pour ce qu’elle pourrait retirer de la succession du sieur de Bonnemaison.

    En 1703, Olive de Bergeron fit dresser un terrier de la seigneurie de Blésignac, dans lequel sont signalés les villages de Martin-Boutilhey, de Landreau et Biron, d’Audigey, de Raffarin ou Charrier, de Moucheteau ou La Bareyre, de La Boulangerie, de Tiffonet-Niauton ou des Couders, etc., et parmi les tenanciers on trouve, dans le village de Martin-Boutilhey, Jean de Gaufreteau, écuyer, seigneur du Luc, et Philippe de Fisson, sieur de Monavau, et Jean de Gallateau dans les villages de Landreau et Biron.

    Une des filles de Jean-Jacques de Gaufreteau et d’Olive de Bergeron, Marguerite-Rose, se maria, le 29 décembre 1705, avec Jean de Ségur, chevalier, seigneur de Montazeau, de Montaigne et autres places, et lui apporta la terre de Blésignac, où il habitait lorsqu’il acheta, le 2 décembre 1714, à Philippe de Gaufreteau, écuyer, habitant de la maison de Soussac à La Sauve, et à Arnaud et Philippe de Gaufreteau, ses frères, une pièce de terre située dans la paroisse de Blésignac, au tènement de La Boulangerie, près de l’étang du moulin de Romefort; en 1729, il en vendit une autre, située près de ce moulin, au commandeur de Montarouch. Jean de Ségur eut pour fils Alexandre de Ségur, chevalier, seigneur de Montaigne, Blésignac et autres places, habitant ordinairement son château de Montaigne en la paroisse de Saint-Michel, juridiction de Montravel en Périgord; il fit faire, en 1744, un terrier de la juridiction de Blésignac. En 1747, il parait dans un acte de vente comme fils et unique héritier de Marguerite-Rose de Gaufreteau, elle-même héritière testamentaire de dame Françoise de Bergeron, sa tante, veuve de Joseph de Fisson, sieur de Rougerie.

    Alexandre de Ségur avait épousé, en premières noces, Marie-Jeanne Sans qui avait apporté 60,000 livres de dot; puis, en secondes noces, Anne de Borie dont il eut, entre autres, Charles-Joseph de Ségur; elle se remaria avec M. Joseph de Ségur de La Roquette, chevalier de Saint-Louis. Après ce second mariage, Marie-Laurence Sans, sœur de Marie-Jeanne et femme de M. de Conseil, conseiller en la grand chambre du Parlement, poursuivit Augan, tuteur onéraire des enfants mineurs de M. de Ségur, pour la restitution de la dot de sa sœur; d’un autre côté, Anne de Borie représenta à M. Aubry, tuteur honoraire de ses enfants, qu’elle désirait qu’il fut incessamment procédé à la liquidation des droits et reprises qu’elle avait sur ks biens de son premier mari, lesquels s’élevaient à des sommes considérables; mais qu’elle voulait que cette liquidation fut faite à l’amiable. En conséquence, un conseil de famille, composé de M. de Maleret, lieutenant criminel en Guienne, M. de La Chassaigne, le chevalier de Pontac, M. de Gaufreteau de Chateauneuf, M. Augan, tuteur onéraire, et M. Aubry, tuteur honoraire, se réunit, sur l’invitation de ce dernier, le 26 juillet 1771, dans la maison de M. de Maleret, et, après avoir examiné les droits réciproques des deux pàrties, jugea qu’il n’y avait d’autres ressources, pour arriver à mettre d’accord leurs intérêts réciproques, qu’à vendre la terre de Blésignac par autorité judicaire.

    Elle dut être achetée, au moins en partie, au nom des enfants d’Alexandre de Ségur, puisque, le 15 septembre 1774, Charles-Joseph de Ségur, seigneur de La Roquette et de Blésignac, reconnut de Jean-Baptiste de Thaon, grand-croix de Saint-Jean de Jérusalem, commandeur d’Arcins, de Montarouch, etc., du moulin de Raulet, autrefois de Rafarin situé à Blésignac.

    Quelque temps après la Seigneurie fut vendu à M. de Cassaigne qui garda le château de Blésignac pendant la Révolution, et le laissa à M. Vincent, son neveu, dont les héritiers l’ont vendu, vers 1868, à M. Saujon, qui le possède encore.

    Source : Un coin de l’entre-deux-mers ou Étude de moeurs au XVIIe siècle en pays bordelais, de Léo Drouyn.

  • Lettre de Jean-Baptiste Goursaud de Merlis à sa femme, à la veille de son exécution à Paris.

    27 ventôse, onze h. du soir, l’an II de la république.

    Voici bientôt le moment où mon sort sera décidé ; demain est le jour de notre jugement. Si j’en crois ma conscience ct même les apparences, il ne doit pas être sinistre. Cependant, en pareille circonstance, on ne peut assurer le résultat. Quel qu’il puisse être, je serais en état d’en raisonner froidement si c’était avec tout autre qu’avec mon amie. Mes trop fréquents retours vers elle ou mes enfants diminueraient de mon sang-froid, mais ne l’anéantiraient pas. Tout sera décidé lorsque tu recevras cette lettre. Si c’était la dernière… je te plaindrais bien plus que moi… Et mes enfants, mes chers enfants ! Dans tout autre temps si, cédant à une maladie, il fallait nous séparer, tu aurais au moins la perspective de trouver des secours, des sentiments ; actuellement, tous fuiraient les malheureux, tous s’isoleraient de toi. Que ferais-tu ? que pourrais-tu faire au travers des suites de cet évènement ? Oh ! pour le coup, ce serait alors que la plus forte comme la plus difficile preuve que tu puisses me donner de ton attachement, ce serait de prendre le dessus avec force, de sentir que tu restes seule avec des êtres perdus sur la surface de la république. Si je venais à leur manquer ! ce serait alors qu’il faudrait m’oublier, si je puis m’exprimer ainsi, pour songerà ces malheureux enfants, pourvoir à leur éducation, et à leur conserver une bien faible subsistance. Après avoir vécu pour moi, il faudrait vivre pour eux, et rendre à ma mémoire le seul souvenir auquel elle puisse être sensible….. Mais j’ai bien tort de te suggérer ce que tu devrais faire alors ; ton attachement pour eux ne m’est-il pas connu, et ne dois-je pas m’en rapporter à tout ce que t’inspire ce sentiment. Je me laisse entraîner à une idée qui vous identifie tous ensemble, et n’ai pas pensé que mes exhortations ne sont pas nécessaires.

    Dis à cet aîné, que j’aimai, que j’aime toujours, combien il a besoin d’acquérir, combien il lui manque de connaissances, et qu’il sache qu‘il ne pourra jamais mieux honorer ma mémoire qu‘en respectant sa mère, qu’en lui étant toujours soumis. — Dis à Adrien que ses dispositions lui imposent de plus grandes obligations qu’aux autres ; qu’il aura plus que jamais besoin d’en tirer parti ; qu’il te le doit, qu’il le doit à lui-même, qu’il le doit à son père qui l’a toujours chéri. — Dis à Charles que l’annonce de ses succès me présage que s’il veut, il te donnera autant de satisfaction que les autres ; que je l’y exhorte, l’embrasse et l’aime bien tendrement. — Quant à mes deux aînées, dont les caractères quoique constants me faisaient un égal plaisir, dis-leur, mais tu n’as pas besoin de le leur dire, que c’est à elles principalement, puisqu’elles sont plus souvent avec toi, que je m’adresse pour te prévenir en tout, te secourir, et ne se conduire jamais que d’après les conseils et tes instructions ; leurs exemples, leurs avis y porteront les deux plus jeunes, et si mes désirs à cet égard succèdent suivant mes espérances, tu seras au moins heureuse mère !….. Embrasse-les pour moi, ou du moins qu’elles t’embrassent chaque jour pour leur père. Si les uns savent combien je les chéris, les autres sauront un jour qu’elles ne m’étaient pas moins chères.

    Dis à ma sœur que si les circonstances ne m’ont pas mis à même de la voir longtemps, cela ajoute à mes autres privations. Elle s’affligera avec toi, je le sens, et ne pourra de longtempsjeter dans ton cœur le baume de la consolation. Je vous plains l’une et l’autre en proportion de mon affection ; juge donc jusqu’à quel degré ! Dis à mon oncle, et à sa maison à chacun en détail, ce que mon cœur dicte pour chacun ; ils le sentiront mieux que tu ne pourrais l’exprimer et que je ne pourrais le rendre moi-même.

    Dis à tous mes amis que je ne fus jamais indigne des sentiments qu’ils m‘accordèrent ; qu’ils me le devaient à titre de retour, et que jamais je ne ressentis plus vivement la peine qu’en songeant à celle qu’ils ont éprouvée et qu’ils éprouvent à mon sujet. — Dis à Marguy, à Françoise et Jean, que jamais le souvenir de leurs bons services ne s’effacera de mon âme.

    N‘oublie pas surtout ces pauvres malheureux qui m’ont si souvent souhaité la prospérité ; c’est sûrement leurs prières que je dois le calme parfait dans lequel je suis et serai jusqu’à la fin : Dis-leur que si dans d’autres temps je me trouvais heureux de pouvoir venir à leur secours, la plus grande privation que j’aie éprouvée lors du revers, a été de ne pouvoir me livrer aux sentiments de mon cœur pour eux.

    N’oublie pas mes métayers ; dis-leur que s’ils me trouvèrent bon maître, je leur étais et leur suis tendrement attaché par d’autres sentiments que ceux d’ordinaire, les croyant de bien honnêtes gens. Dis en un mot à tous ceux qui prennent quelque intérêt à mon sort, que j’avais des droits à ces sentiments de leur part, attendu la vive sensibilité que m’ont toujours fait les malheurs d’autrui….. Enfin recommande à mes enfants que, comme j’ai oublié et pardonné depuis longtemps les traverses qu’on a pu me faire éprouver, je demande et j’exige qu’ils n’en aient, non plus que moi, aucun souvenir. Au surplus, les causes de mon arrestation et de mon jugement n‘y ont aucun trait ; mon défenseur à mon défaut en donnera par la suite les détails.

    Voilà bien des commissions et bien des choses, ma chère amie ; tu ne seras pas en état peut-être d’y faire attention de longtemps ; mais après un certain terme tu retrouveras avec un plaisir réel, quoique mêlé de douleur, les sentiments qui m’ont animé et qui m’animent encore. Mon âme se peint avec plaisir à tes yeux, quoique tu la connaisses mieux que personne, et je ne finirais pas si je me livrais à mon penchant. Je te quitte pour travailler à ma défense ; tu me le pardonneras….. Adieu donc !….. adieu ! Puissé-je te le dire encore une fois, ô la plus accomplie des femmes, comme la plus chérie de ton trop affectionné.

    Merlis.

  • Celui-là aussi eut en son temps un grand renom comme orateur, comme homme de science et de caractère, et son souvenir est effacé. Sa vie eut du mouvement et de l’éclat; elle pourrait être reconstituée à l’aide des mémoires contemporains et ce serait une intéressante élude. On ignore pourlant le lieu et la date de sa naissance.

    Christophe de Roffignac, seigneur de Cousages (aujourd’hui hameau de la commune de Chasteaux, près Brive), dut naître au commencement du XVIe siècle, sur ce fief noble dont il portait le nom et où sa famille resta fixée assez longtemps (1). Il était fils de François de Roffignac, seigneur de Cousages, et de Marguerite de Meaumont. Cette famille, aux nombreuses branches, était des plus anciennes du Limousin et, s’il faut en croire la légende, elle était déjà illustre à l’ouverture de l’ère chrétienne. Excusez du peu !… Saint-Martial, apôtre, se rendant de Tulle à Ayen, s’arrêta, au passage, au château de Roffignac et évangélisa ses hôtes qui entendirent avec soumission la parole de Dieu et reçurent le baptême. On cite à l’appui de ce fait, dit Bertrand de Latour (notre Jacques de Voragine), des tableaux et des titres qu’on conserve dans cette très ancienne maison de Rouffignac qui a toujours été jusqu’ici favorable à la religion du Christ et a donné des membres distingués à la milice chrétienne, soit dans l’ordre régulier, soit dans l’ordre séculier (2). Cette dernière proposition, au moins, est véridique. Des évêques, des prêtres el même des laïcs du nom de Roffignac ont témoigné avec une très grande ardeur de leur foi catholique.

    Christophe de Roffignac, consacré dès sa jeunesse à la cléricature, débuta au parlement de Bordeaux comme conseiller clerc. Il remplaça, le 3 avril 1537, le célèbre Dibarola (3). Il avait rapidement conquis une importante situation parmi ses collègues lorsqu’il fut, au mois de février 1543, promu conseiller au parlement de Paris (4). Dans la capitale, comme à Bordeaux, il se fit apprécier, car il fut élevé promptement à la dignité de président à la chambre des enquêtes. Mais il n’avait pas quitté Bordeaux sans esprit de retour. Et lorsque le président à mortier plus ancien, Benoit de Lagebaston, fut promu premier président, il demanda à le remplacer, posant toutefois la condition, qui fut acceptée, qu’il aurait, à Bordeaux, le rang de président à mortier plus ancien.

    « A Bordeaux, du temps de mon père, a écrit Joseph Scaliger, entre soixante sénateurs, il y en avait plus de vingt très habiles et doctes personnages (5). » Ranconnet, Tiraqueau, Briand de Vallée, Arnoul Ferron, Montaigne, La Boétie furent de cette élite dans laquelle n’étaient pas indignes de figurer les d’Alesme, les La Chassaigne, les Massiot, les Montaignac, les La Guionie, les Maledan, les Geneste, collègues et compatriotes de Christophe de Roffignac. On sait que pour les Limousins adonnés il l’étude des lois et des belles-lettres, la capitale de la Guienne était une seconde patrie. C’est sans doute pour retrouver ce milieu qui lui était cher que le président de Paris avait « aspiré à descendre » à une présidence de province.

    Son installation comme second président ne se fit pas sans difficulté. Sa prétention de prendre rang après le premier violait ouvertement les us de la hiérarchie judiciaire en matière d’ancienneté. Mais les lettres de provision signées de Sa Majesté l’ordonnaient ainsi en termes formels, et Roffignac avait d’ailleurs stipulé vis-à-vis du roi que, s’il n’était pas reçu en qualité de second président, il reprendrait sa place comme président à Paris. Les présidents plus anciens, Carles et Laferrière, protestèrent, le récipiendaire insista avec vivacité et énergie. Il fut reçu, conformément à ses lettres de nomination, le 3 août 1555, mais le recours au roi fut réservé aux opposants. On peut lire dans la Chronique de Métivier les incidents multiples auxquels donna lieu ce conflit qui restait ouvert en principe quoique réglé en fait (6).

    De 1555 à 1572, surtout dans la seconde moitié de cette période, durant les années les plus agitées qu’ait traversées la ville de Bordeaux (car les troubles de la Fronde n’eurent pas autant de cruauté), Christophe de Roffignac fut pour ainsi dire le chef du parlement. L’autorité du premier président Lagebaston était discutée dans la compagnie et combattue par les représentants du pouvoir royal, civils et militaires, notamment Noailles, maire; Monluc, lieutenant-général; Montferrand, des Cars, etc. (7). On le soupçonnait dé connivence secrète avec les religionnaires. D’abord, il fut souvent absent, étant appelé au conseil du roi, puis dénoncé en 1562 et à plusieurs reprises à Monluc, au roi comme favorable à l’hérésie, dut se retirer à la campagne, en Angoumois, où il resta prisonnier de ceux qu’il était censé protéger. Cependant, en 1570, le roi le révoqua de sa charge et le remplaça par le président de Laferrière (8). Il fut réintégré vers la fin de l’année suivante (9).

    Dans ces conjonctures, le président de Roffignac tenait presque constamment les rênes du pouvoir. Il entretint la discipline dans la compagnie travaillée par des ferments de discorde; son action fut commune avec celle du gouvernement royal et de ses représentants, il traita les affaires avec eux, harangua en plusieurs circonstances le roi de Navarre, gouverneur de Guienne, Monluc, son lieutenant, les sieurs de Burie, de Lansac, de Montferrand, fit preuve du plus grand zèle. Haut à la main, impérieux, trahissant le gentilhomme sous le robin, il est certain qu’il se montra ardemment, peut-être même violemment, défenseur du catholicisme et poussa le parlement à entrer dans cette voie qui ne fut pas toujours celle de l’impartiale justice. L’historien du parlement de Bordeaux, le président Boscheron des Portes, cite de lui quelques traits qui, s’ils n’ont pas été inventés par ses ennemis, lui assigneraient un caractère de sévérité outrée et presque d’inhumanité.

    Il s’attira ainsi la haine des huguenots, et l’un des plus qualifiés de cette secte s’est exprimé sur son compte en des termes qu’on hésite à reproduire devant les honnêtes gens. Parlant du grand syndicat catholique qui s’était formé à Bordeaux, Théodore de Bèze écrit : De ce syndicat enroulant environ trois mille personnes, outre le clergé, furent plusieurs hommes d’Etat, comme entre autres le tiers président nommé Rofflgnac, homme si vilain, si détestable en sa vie qu’à grand peine y eut il jamais rufien de bordeau plus infâme, mais fout cela était couvert du zèle qu’il avait ou qu’il disoit avoir pour la religion chrestienne. » (10).

    Ce n’est pas pour celui qu’ils veulent atteindre que de tels outrages, dans leur ignoble expression, sont une honte. L’auteur lascif des « Juvenilia » aurait dû songer à la parabole de la poutre et de la paille avant de lancer des objurgations de ce genre et personne n’était moins autorisé à exiger d’au trui lamodération et la tolérance que le fanatique à froid qui, pour justifier l’atroce supplice de Servet, écrivit un traité sous ce titre sinistre : De hœreticis civili magistratu puniendis. C’est le cas de s’écrier doublement : Quis tulerit Gracchos!… Hélas, ces excès de langage sont coutumiers, des deux parts, dans le feu des discordes civiles, politiques ou religieuses. La recette n’en est pas perdue.

    Ces imputations isolées, sans aucune preuve, jurent, avec ce qu’on connaît du caractère, des habitudes, des goûts du président de Roffignac, attestés par les travaux qu’il a laissés et par les témoignages de ses contemporains. Il était plus que zélé dans l’exercice de sa magistrature, il s’y absorbait, l, il consacrait tous ses loisirs — ut nullum pereat momentum temporis illi — à l’étude de l’histoire et du droit, les preuves sont là. Il a été loué publiquement par des prêtres, des magistrats, des avocats, des hommes de lettres, historiens, poètes. Le conseiller Jean d’Alesme, des ptus honorés dans la compagnie, écrivain distingué, a composé la préface de ses « Commentaires des histoires ». Le poète François Moncaut s’étonne en vers latins qu’il puisse à la fois juger tant de procès et écrire tant de livres (11). Un autre le déclare aussi bon écrivain que « bon juge » (bonus judex) (12). Pierre de Brach, parlant des illustres de la Guienne, le place au même rang que le grand président Bohier (celui dont on a tant parlé au sujet de la question du « droit du seigneur ») :

    Là s’est fait et Cosage et Boyer dont l’esprit
    A semé leurs louanges en ce qu’ils ont escrit.

    De Lurbe dans son De Viris lui décerne les plus grands éloges.

    Martial Monier a dressé son épitaphe où il dit que la France a perdu un de ses meilleurs soutiens (13). Tout cela n’est pas fait pour un homme perdu de mœurs. Nous avons dit précédemment qu’il fut le Mécène de Jean de Maumont.

    Les calomnies de Théodore de Bèze n’ont, comme on voit, trouvé aucun écho chez les contemporains (14). Le président de Roffignac ne fut pas indigne de la considération publique, ses descendants firent les plus brillantes alliances et portèrent, tête haute, leur nom illustre et sans souillure.

    Le Journal de François de Syrueilh a fait connaître le lien et la date de la mort de Roffignac. On y lit : « Monsieur le président de Roffignac, revenant de la court, ayant esté confirmé par arrest du conseil privé en son estat de second président au dict parlement de Bourdeaulx, contre Monsieur le président de La Ferrière qui prêtendoit estre second président, tomba malade à Périgueux où il décéda le lundi septiesme janvier mil v° soixante-douze » (15).

    Je n’ai pu me procurer qu’un des ouvrages de Roffignac pour en rendre compte de visu :

    — Commentarii || Omnium A Creato II Orbe Historiarum. || Christophoro Roffin. (16) in Senatu Burdegal. Præside, auctore. — Lutetiae. M. D. LXXI. Apud Ioannem Bene natum.

    In-4° 16 pp. prélim. non numérotées, 500 pages, plus l’index qui tient 88 pages non numérotées. Dédicace à Albert de Gonde, comte de Rets, premier chambellan du roi, grand ami de l’auteur.

    L’ouvrage est divisé en paragraphes qui traitent le premier de la période avant le déluge, les autres de l’origine et de l’histoire des Assyriens, des Chaldéens, des Hébreux, des Lydiens, des Mèdes, des Perses, des Macédoniens, des Grecs, des Romains, des Francs, des Espagnols. C’est proprement un résumé de l’histoire universelle écrit en un assez bon latin, et suivant l’état des connaissances historiques à cette époque. Il y a donc des fables, particulièrement sur l’origine des Gaulois et des Francs, mais sorti de la période anté-historique, l’auteur s’adresse aux bonnes sources et se montre judicieux et exact. Les compilations avaient alors plus de mérite qu’aujourd’hui, parce que la plupart des informations étaient encore manuscrites et qu’il fallait beaucoup de persévérance et de savoir pour les découvrir et les déchiffrer.

    Jean d’Alesme, dans sa préface, rappelle les éminents et doctes magistrats qu’il a connus, Dibarola, Bertrand de Moncaut, Sauvat de Pomiès, Caldenet, Arnould Ferron, Briand de Vallée, le Président Belcier et nomme Roffignac parmi ces gloires du parlement. Il vante sa mémoire extraordinaire, sa puissance de travail, son jugement éclairé, comme magistrat et comme écrivain; il s’excuse de louer ainsi un homme vivant auquel il est attaché depuis longtemps par le goût commun de l’étude, mais il ne fait qu’exprimer un sentiment général; tous les hommes studieux l’aiment, l’admirent et l’estiment (ament, surpiciant et observent). D’Alesme rapporte que Roffignac prépara à Paris et mit au jour à Bordeaux un traité sur les matières bénéflciales qui était très supérieur à tout ce qu’on avait sur ce sujet et qui consacra sa réputation. Il ajoute que son collègue et ami avait en manuscrit un traité De jure patronatus, que tous ceux qui en avaient pris connaissance disaient aussi remarquable que son premier ouvrage sur les bénéfices. Les « Commentaires des histoires » sont précédés de nombreuses pièces de vers écrites à la gloire de l’auteur par des lettrés de tous les états.

    Voici L’indication des autres ouvrages qu’on lui attribue :

    — De re sacerdotali seu [de jure] pontificio, libri IV. — Paris, Le Preux, 1559.

    In-4°. Cette désignation est de l’abbé Vitrac, dans les Annales de la Haute-Vienne, en 1813 Celle d’Ellies du Pin, dans ses Tables des auteurs ecclésiastiques est un peu différente : « Quatre livre de l’autorité ecclésiastique. Paris, 1577 ». Y aurait-il eu deux éditions, dont une posthume?

    — Des bénéfices et des moyens de les avoir et de les perdre. Venise, 1384.

    Ainsi mentionné pur Du Pin. D’après Vitrac : « Dissertations bénéficiales. Ces écrits se trouvent dans les traités du droit, t. XVI, part. 2. f° 346. » — C’est peut-être le traité « De jure patronal ».

    Je regrette de ne pouvoir mieux éclaicir cette bibliographie, mais ces deux derniers ouvrages paraissent introuvables.

    Notes :

    1. C’était une antique seigneurie qui avait d’abord appartenu à des chevaliers du nom de Militis et, après les Roffignac, advint au XVIIe siècle à la maison de La Rochefoucauld, dont une branche prit le nom de La Rochefoucauld-Cousages.

    2. Bertrand de Latour, Histoire de l’église de Tulle, chap. IV

    3. Chronique du parlement de Bordeaux, par Jean de Métivier, t. I, p. 311.

    4. Ibidem, t. I, p. 402. — Il fut remplacé à Bordeaux par Léonard de La Guionie (de Royère en Limousin). — Nadaud (Nobiliaire, t. Il, p. 244, est erroné sur cet article. Le conseiller Métivier mérite plus de confiance.

    5. Scaligerana, éd. de 1695; p. 65.

    6. Chronique de Métivier, t. I, pp. 98 à 103.

    7. Boscheron des Portes, Histoire du parlement de Bordeaux, L. 1, passim. — Communay, Le parlement de Bordeaux. Notices sur ses principaux officiers, pp. 24 et s. — Gaullieur, Histoire de la Réformation à Bordeaux, t. I, chap. XXI et XXII.

    8. Communay, p. 32.

    9. Ibidem, p. 35.

    10. Histoire des Eglises réformées, t. I, p. 495 (éd. de Lille).

    11. Qui potuit Præses vexatus mille libellis
    Distrietus que foro tantum scripsisse volumen?
    Hœc est sedulitas, invicti et pectoris ardor,
    Ut nullum pereat momentum temporis illi,
    Quin studio incumbat, prisca ac recentia volvens
    Scripta; gratis labor hic multis, huic summa voluptas.

    12. François Hay, de Dax.

    13. Marcialis Monerii epigrammata, pièce 120.

    14. Les nombreux mémorialistes du parlement, Jean de Métivier, Jean de Gaufreteau, Etienne de Cruzeau ne disent pas un mot désobligeant sur le compte de Roffignac.

    15. Journal de François de Syrueilh, de l’an 1568 à l’an 1585 (Bordeaux, 1873, p. 31.) Lorsque le premier président Lagebaston fut réintégré, le président Laferrière qui l’avait remplacé prétendit prendre le premier rang après lui et le premier favorisa cette prétention. Roffignac fut encore obligé d’aller combattre à Paris pour garder sa place.

    16. Le nom est inscrit ainsi en abrégé.

    (Curiosités de la bibliographie limousine, 1902)

  • Hardouin de Gaufreteau, baron de Puynormand et de Francs, né en 1669 et décédé le 19 mai 1747 au château de Francs (Gironde), est un militaire français.

    Biographie :

    Il est le fils de Jean-François de Gaufreteau, chevalier, baron de Puynormand et de Francs, et Charlotte Fortin de La Hoguette, sa femme.

    Par ailleurs, il est, par sa famille maternelle, le neveu de Hardouin Fortin de La Hoguette (1643-1715), archevêque de Sens, ainsi que le petit-neveu d’un autre écclesiastique, Hardouin de Péréfixe (1606-1671), archevêque de Paris.

    Il est reçu page de la Grande Écurie de Louis XIV, à l’âge de 15 ans, le 1er janvier 1684, après avoir fait ses preuves de noblesse.

    Le 28 janvier 1690, il est enseigne au régiment des Gardes françaises, puis de grenadiers le 9 janvier 1694.

    Son oncle, Charles Fortin de La Hoguette, lieutenant-général des armées, est tué à la bataille de Marsaglia, le 7 octobre 1693.

    Hardouin de Gaufreteau est colonel-propriétaire du régiment de Puynormand-Infanterie le 13 décembre 1695. Son régiment est incorporé à celui de Royal-Infanterie après la paix de 1697.

    Il est nommé major-général des troupes françaises en Espagne en 1702 au commencement de la guerre de Succession d’Espagne.

    Promu brigadier des armées le 10 février 1704, il est réformé peu de temps après.

    Le 19 juin 1707, il est nommé colonel au régiment d’Angoumois, en attendant d’être finalement élevé au grade de maréchal de camp trois ans plus tard, le 29 mars 1710.

    Il est reçu chevalier de l’ordre de Saint-Lazare de Jérusalem en 1715.

    Commandeur de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis depuis le 1er mars 1720, Puynormand est nommé lieutenant-général des armées par Louis XV le 30 mars 1720, couronnement d’une longue carrière.

    Le 1er septembre 1745, il fait son testament.

    Célibataire, il lègue la majorité de sa fortune à son filleul et neveu, Hardouin de Chalon, évêque de Lascar, et le reste à des domestiques et à des couvents.

    Il décède le 19 mai 1747, à l’âge de 78 ans, dans son château.

    Bibliographie :

    Les Chalon étaient officiers depuis plusieurs générations et un grand-oncle, Gaufreteau, était même arrivé lieutenant-général et possédait des domaines importants, dont le château de Francs, à quelques kilomètres au nord de celui de Montaigne. Un frère de Jacques Hardouin était entré dans les ordres et y avait fait une carrière brillante : abbé de Sablanceaux, grand vicaire de Sens et finalement évêque de Lescar, près de Pau. Il avait, à la clôture de l’assemblée générale du Clergé de France à Compiègne, le 18 août 1740, présenté la harangue traditionnelle au roi Louis XV. C’était le grand homme de la famille. Il avait fait le mariage de son frère et fut le parrain, en 1738, d’Hardouin, le futur ambassadeur. Il hérita, en 1747, à la mort de son oncle Gaufreteau, de ses domaines et en particulier du château de Francs où dorénavant vécurent les Chalon. Il avait une grande affection pour ses neveux et nièces et abandonnait même parfois son siège épiscopal pour surveiller leur éducation à Francs, car son frère l’officier était mort en 1762, à 53 ans. Peu avant sa propre mort, en 1762, l’évêque avait eu la satisfaction de faire entrer ledit neveu comme capitaine au régiment du Roi-Infanterie, où avait auparavant servi son père, et de l’introduire à la Cour, où, héritier de son parrain, il devait faire fort belle figure, puisque il y rencontra Mlle d’Andlau et que Leurs Majestés furent témoins de leur mariage à Fontainebleau en 1768. […] Il était bien évident que M. de Chalon et sa famille n’étaient pas émigrés, mais ses biens au soleil attiraient bien des envies : à Paris son hôtel de la rue du Regard, à Nesles et Hédouville ses châteaux et terres, et en Guyenne, dans une douzaine de paroisses, environ 600 hectares de terres, bois et vignes avec deux châteaux, six métairies, trois moulins et un nombreux bétail. Aussi les administrateurs du Directoire du département de la Gironde demandèrent-ils par deux fois, en mai et avril, à Dumouriez, ministre des Affaires étrangères, si la loi relative aux biens des émigrés s’appliquait à M. de Chalon. Le ministre répondit que Chalon, étant ambassadeur à Lisbonne, la loi relative aux biens des émigrés ne saurait s’appliquer à ses propriétés. A ce moment, la France avait déclaré la guerre à l’Autriche et à la Prusse et la reine, informé l’ambassadeur que son pays observerait une stricte neutralité. Chalon, qui a des amis ou des officiers ministériels qui s’occupent de ses intérêts en France, apprend à nouveau en juin, que le district de Libourne a fait faire un inventaire de ses biens sous prétexte que son fils était émigré. Il informe le ministre que son fils est avec lui depuis 1789, sauf deux mois passés à Gibraltar et qu’il doit retourner faire un voyage de trois mois en Méditerranée pour sa santé, car il souffre depuis un an de rhumatismes dans les jambes et qu’il n’est donc aucunement émigré. […] (La dernière dame de Nesles)

    Aux termes de l’ordonnance, le gibier doit être chassé noblement, c’est-à-dire « à force de chiens et oiseaux », l’usage du fusil étant exclu. Mais rares sont les seigneurs qui font cas des principes de la chasse noble (1). Leur non-respect est, en 1737, l’occasion d’un conflit entre le baron de Puynormand, de Gaufreteau, et le seigneur Disle de Nivelle : ce dernier, alléguant une transaction de 1731 par laquelle il s’est réservé le droit de chasser dans six paroisses, dont il jouissait quand il était coseigneur de Puynormand, parcourt la baronnie avec armes à feu et chiens d’arrêt, et décime le gibier. En réalité, le titre ne lui donne pas que le droit de chasser « honorablement », c’est-à-dire « personnellement avec chiens courants et oiseaux, et sans fusil ». Portée successivement devant le juge seigneurial et la maîtrise des Eaux et Forêts de Guyenne, l’affaire se termine par une transaction : Disle s’engage à se conformer aux termes de l’acte de 1731 pour ce qui concerne les six paroisses, et à ne chasser avec fusil que dans les fiefs qu’il possède dans la baronnie de Puynormand (2). 1. Voir par exemple A.D.G. 3E 20569, 14 avril 1768 : prise de possession par Lassus, de la maison noble de Capdet : « il a chassé, lui, sa compagnie et ses valets, serviteurs et domestiques, avec arquebuses et chiens ». 2. A.D.G. 3E 551, 15 mars 1737. (La Seigneurie en Bordelais au XVIIIe siècle d’après la pratique notariale)

    Le commerce local des peaux et des cuirs occupait l’industrie des tanneurs, des parcheminiers, des selliers, des cordonniers, des savetiers, des gantiers, toutes distinctes. Les tanneurs achetaient habituellement à l’année, finissant au mardi gras, les peaux des animaux tués par les bouchers. Ils étaient presque tous établis sur les bords du ruisseau du Peugue. Les actes des notaires contiennent un grand nombre d’actes relatifs à cette industrie; nous en mentionnerons seulement quelques-uns. En avril 1493, les bouchers Pierre et Jean de Gajac affermaient pour un an les cuirs des bœufs, des vaches et des moutons qu’ils tueraient, au prix : la traque de cuirs de bœuf marchande, à 20 francs; celle de vache, à 12 francs, et la douzaine de moutons, à 1 fr. 16 ardits. En 1550, les peaux de bœuf en poil étaient achetées à 49 livres bordeloises la traque par des marchands de Bilbao, et 200 peaux étaient vendues 135 livres bordeloises. Les peaux d’agneau et de chevreau se payaient 9 livres bordeloises la douzaine. En 1552, un grand nombre d’actes montrent Pierre Bonneau, maître parcheminier, vendant des peaux de mouton, ainsi que René Duchesne, Martin de Chebéry et d’autres. Pierre Bonneau prenait à ferme d’Héliot de la Guye toutes les peaux d’aouilles (brebis, moutons) que celui-ci tuerait dans sa craberie de Saint-Michel, pour le prix, savoir : par douzaine de peaux de barreaulx jusqu’à la Saint-Michel, 37 sols 6 deniers tournois, et par douzaine de peaux marnes, de la Saint-Michel au mardi gras, 55 sols tournois. Le 13 juin, les peaux de mouton se vendaient 40 sols la douzaine; et le 14 juillet, Pierre Bonneau achetait à un marchand de Montauban 12 douzaines de peaux de veau tannées pour 37 livres tournois. Les tanneurs, pour être reçus maîtres, devaient préparer des cuirs de bœuf, de vache, de veau, de chèvre et de mouton. Leurs statuts avaient été approuvés par les jurats le 7 décembre 1570. Parmi les principaux tanneurs de cette époque nous citons Jean de Gaufreteau et Pierre de Gaufreteau, son fils. (Histoire du commerce de Bordeaux depuis les origines jusqu’à nos jours)

    Deux ans après, le 19 mai 1747, Hardouin Ier de Gaufreteau mourait, âgé de soixante-dix-huit ans, dans le château de Francs. On peut dire que le château de Francs avait été le berceau de la gloire des ancêtres d’Hardouin de Gaufreteau, et que c’est aussi dans ses murs que s’éteignit le plus illustre de cette forte race. Par la carrière des armes, Hardouin Ier de Gaufreteau avait enfin réalisé dans sa personne l’espérance qu’avaient si inutilement caressée et si obstinément poursuivie, dans la carrière judiciaire ou ecclésiastique, presque tous ses ancêtres, et principalement son arrière-grand-père, l’auteur de la Chronique. Les alliances, les cloîtres, les morts, avaient accumulé sur la tête d’Hardouin de Gaufreteau presque tous les domaines que la famille avait acquis depuis près de trois siècles. Immensément riche, proche parent de deux archevêques, commandeur de l’Ordre de Saint-Louis, lieutenant-général des armées du Roi, il mourut comblé d’honneurs et de richesses. Cependant, il lui avait manqué le malheur, comme disait Jean VI de Gaufreteau, d’avoir un fils pour ennemi. Hardouin Ier fut, sans contredit, le plus grand de sa race; mais il en fut le dernier. Ainsi l’on peut dire aussi de lui : Ultimus et maximus ! (Jules Delpit)

    Jacques Gaufreteau, tanneur, fils de N. Gaufreteau, épousa, en 1460, Jeanne Lévèque, sœur de Marie Lévèque, femme de son frère Jean. Jean Gaufreteau, tanneur, a formé les branches des seigneurs de Puynormand et de Francs, de Blézignac et de Montaigne, épousa, en 1460, Marie Lévêque. (Revue catholique de Bordeaux)

    Nobles Jean-François de Gaufreteau, seigneur et baron de Frans, Jean-Jacques de Gaufreteau, seigneur de Blesignat, Marc-Anthoine de Gaufreteau et Jacques-Philip de Gaufreteau, ses frères, n’ont pas de letres de bourgeoisie, mais sont filz de feu Jacques de Gaufreteau, et ledict Jacques, filz de feu maistre Jean de Gaufreteau, vivant conseiller du Roy en la Cour, et ledict Jean, fils de feu maistre Géraud Gaufreteau, aussy conseiller du Roy en ladicte Cour; ensuite se sont présantés maistre Arnaud de Gaufreteau, prestre, Pierre et Jean de Gaufreteau, escuyers, frères, filz de feu maistre Guillaume Gauffreteau, escuyer, advocat en la Cour, tous dessendans dudict feu maistre Géraud Gaufreteau, conseiller du Roy en la Cour; depuis s’est encore présanté Philip de Gaufreteau, escuyer et seigneur de Montaigne et Lamothe, qui dessend en droite ligne dudict feu Géraud Gaufreteau. Extrait de la liste des bourgeois vérifiés par le procès-verbal de Pellot, intendant de Guyenne, du 15 avril 1664. (Archives historiques du département de la Gironde.)

    Enfin, pour expliquer le séjour prolongé de Mgr de Lescar au château de Francs, son titre de baron de ce lieu, de seigneur de Puynormand et d’abbé de Sablonceaux (en Saintonge)… il convient de rappeler les alliances qui avaient uni plusieurs fois ces grandes maisons des Châlon, des Gaufreteau, des Fortin de la Hoguette. Elles firent du vieux manoir féodal le rendez- vous d’une société d’élite. Jacques de Gaufreteau, époux de Marie Leberton d’Aiguille, eut entre autres enfants : — Jean-François qui contracta mariage (le 16 décembre 1663) avec Jeanne-Charlotte de Fortin de la Hoguette. — Catherine mariée à Messire Hardouin Fortin de la Hoguette. Il est intéressant de noter que Jeanne-Charlotte et Hardouin Fortin étaient la sœur et le frère de Mgr l’archevêque de Sens : Hardouin Fortin de la Hoguette, et par leur mère, neveux tous les trois de Mgr Hardouin de Beaumont de Perefixe : l’archevêque de Paris. — Une autre, Catherine, alliée à Messire Louis de Châlon, seigneur de Maison-Noble. Les enfants de Jean-François de Gaufreteau et de Jeanne-Charlotte Fortin de la Hoguette avaient donc pour oncle l’archevêque de Sens. Dans leur nombre, nous ne retiendrons que : — Hardouin de Gaufreteau célibataire, lieutenant général des armées du Roy, commandeur de l’ordre militaire de Saint-Louis. — Jeanne-Henriette, née en 1670. Leur père (Jean-François de Gaufreteau) mourut semble-t-il prématurément le 17 juin 1675 (?) à la suite d’un accident et fut enseveli dans l’église abbatiale de Sablonceaux (Saintonge) le 21 juin. (Les évêques et la cathédrale de Lescar)

    Le 6. Le Roi a monté à cheval ce matin & après la Messe Sa Majesté a tenu Conseil de guerre. Sa Majesté a donné à M. de Cossé Maréchal de Camp le Cordon-Rouge, vacant par la mort de M. de Puynormand. (Mercure de France)

    L’ordre de St. Louis fut fondé en 1695 par Louis XIV. C’est un ordre purement militaire. Le Roi en est Grand Maitre : les huit Grand-Croix, qui ont 6000 livres de pension, portent avec l’étoile le cordon rouge : les 24 commandeurs, dont quelques uns ont quatre mille & d’autres trois mille livres de pension, portent le cordon rouge sans étoile : les chevaliers portent à la boutonnière une croix attachée à un ruban rouge. (Introduction générale à l’étude de la politique, des finances et du commerce)

    Gaufreteau de Puinormand (Hardouin de). — Guyenne. D’azur à trois pattes de grifon d’or. VI. Ne Jean de G., sgr de Blasignac, viv. 1530. V. Géraud de G., sgr de Blasignac, cons. au parl. de Bordeaux, x c. 13-II-1557 Antoinette Prieur. IV. Jean de Gaufreteau, sgr de Blasignac, cons. au même parl., x c. 8-VI-1592 Anne de La Gorce. III. Jacques de G., éc., bon de Puinormand, x c. 13-IV-1626 Marie Le Berthon. II. Jean François de G., chev., bon de Puinormand, m. n. par Pellot. int. de Guyenne, le 24-IX-1666, x c. 16-XII-1663 Charlotte Fortin de La Hoguette. I. Hardouin de Gaufreteau de Puinormand, né le 24 janv. (ou déc.) 1669, bapt. à Saint-Martin de Frans, dioc. de Bordeaux, le 26 janv. (ou déc.) 1669. (Il a apporté à d’Hozier deux extraits contradictoires). Preuves du 13-XII-1683. (Les pages de la Grand écurie)

    Raymond du Bourg mourut avant 1613. Sa veuve, Madelaine de La Vergne, et son fils, Sarrus du Bourg, vendirent, le 21 janvier 1613, la baronnie de Puynormand pour 25,800 liv., somme dont Jean Disle solda les deux tiers et Jean de Gofreteau de Francs le reste. Bientôt les protestants menacèrent de reprendre les armes, Louis XIII vint dans la Guienne (1621) et ne fut pas heureux au siège de Montauban. Les révoltés fortifièrent plusieurs villes de la basse Guienne et étaient commandés par Jacques-Nompar de Gaumont, baron de la Force, qui tenait son quartier général à Sainte-Foy. Le duc d’Elbeuf assiégeait les villes rebelles, en soumettait, ou était repoussé. Il se présenta devant le château de la Force pour l’investir; de Caumont appela auprès de lui le marquis de Montpouillan, son fils, occupé avec de grandes forces aux environs de Goutras à surveiller les mouvements des catholiques. Ce marquis et son frère le marquis de la Force, qui revenait de La Rochelle, s’acheminèrent par Saint-Seurin sur l’Isle (janvier 1622) dont ils minèrent l’église, assiégèrent celle de Lussac où s’étaient retranchés les habitants sous les ordres du capitaine Robin, la prirent, la pillèrent, ainsi que le bourg. Continuant leur marche, ils investirent le château de Puynormand et s’en rendirent maîtres par la trahison de quelques officiers. Le parlement de Bordeaux ordonna des informations contre les traîtres. Huit années se passèrent, et Jean Disle céda sa portion de la baronnie à de Gaufreteau pour des rentes, des terres, un retour de 4,000 liv., et la réserve d’une partie de la justice (27 avril 1631). Hardouin de Gaufreteau, petit-fils de Jean, testa le 2 juin 1747 et légua Puynormand et Francs à Hardouin de Châlons, évêque de Lescar, son neveu, « à la charge et condition que tous les biens qu’il recueillira, dit le testateur, en conséquence de mon présent testament, appartiendront et reviendront, après son décès, à l’un des enfants mâles de feu messire Jacques Hardouin de Châlons, mon neveu, lesquels je lui substitue, et de mâle en mâle. » L’évêque vivait encore en 1763, et en 1770 le comte Hardouin de Châlons, filleul et petit-neveu de Gaufreteau, était baron de Puynormand. Ses descendants ont conservé cette seigneurie jusqu’en 1792. (Histoire de Libourne et des autres villes et bourgs de son arrondissement)

    Source : Généalogie Charente Périgord.

  • Le 25 octobre 1779 le vicomte Marie-François-Honorine mourut à Paris, à l’âge de quarante-cinq ans. De son mariage avec dame Marie-Victorine Boucher naquirent trois enfants : 1° Armand-Constant, 2° Michelle-Marie, qui épousa le comte de Montagu-Lomagne ; 3° Agathe-Antoinette-Aimée, qui monrut à Paris, à l’âge de huit ans. Son corps, transporté à Rochechouart, fut enterré au Châtenet. Sur sa tombe était une plaque en marbre blanc qui portait cette inscription :

    « Ci-gît Agathe-Antoinette-Aimée de Rochechouart-Pontville, fille chérie, éternel et digne objet des larmes de très haut et très puissant seigneur Louis-Francois-Marie-Honorine de Rochechouart-Pontville, vicomte de Rochechouart, etc., brigadier des armées du roi, chevalier de l‘ordre royal et militaire de Saint-Louis, et de très haute et très puissante dame Marie-Victorine Boucher, son épouse, née au château de Rochechouart le 5 février 1772, morte à Paris le 13 avril 1779. O quelle fleur la mort a moissonnée ! »

    Avec l‘autorisation de M. le comte de Montagu, nous avons l’année dernière, déposé ce marbre au Musée.

    Armand-Constant, dernier vicomte de Rochechouart et le dernier de la famille de Rochechouart-Pontville. — Il était, en 1788, capitaine au régiment d‘Artois-dragon-infanterie, et se trouvait dans les camps au moment de la révolution de 89. Ses titrés étaient : vicomte de Rochechouart, comte et baron des Bâtiments, comte de Bridiers, baron de Rhodes et de Gros, seigneur de Chaillac et de Saillac, etc.

    Source : Rochechouart, de l’abbé Duléry.

  • Dans la Continuation des Annales, je trouve une curieuse anecdote dont le héros fut le vicomte Armand-Constant de Rochechouart. alors capitaine au régiment d’Artois, en garnison à Limoges :

    « Le 16 juillet 1781, les officiers du régiment Dragons d’Artois donnèrent au public de cette ville (Limoges) une scène assez singulière dans la personne de M. le vicomte de Rochechouart Pontville, officier, avec brevet de capitaine, à la suite du dit régiment. On dit que ce jeune sei gneur avait manqué a quelques règlements clu Régime de la Calotte, qui est une espèce de confraternité entre ces messieurs. En conséquence, il fut condamné à sauter sur la couverture, et. voici le cérémonial qui fut observé à cette occasion : Une douzaine d’officiers à cheval, en grand uniforme, le casque en tète et le sabre à la main, se rendirent à la maison où logeait le vicomte ; là. ils le firent monter sur un mauvais cheval, qui pour selle n’avait que la couverture sur laquelle l’officier devait sauter ; pour bride, qu’un licol Le dit sieur de Rochechouart monta dessus, nu tète, en robe de chambre et en pantoufles : un dragon prit le cheval par le licol et servit d’écuyer.

    La troupe se mit en marche précédée de deux trompettes à cheval et de toute la musique clu régiment d’Artois, à pied. Ensuite marchait un officier seul, revêtu, comme on l’a dit, de son grand uniforme et par dessus un ruban rouge en bandoulière, en forme de cordon rouge ; puis quatre autres officiers, au milieu desquels marchait le coupable; ensuite, deux autres dont l’un avait au lieu de casque un turban noir et blanc, et portait un coutelas à manche d’ébène, de la longueur d’environ trois pieds, au lieu de sabre, et l’autre un registre, où était la sentence rendue contre le coupable. Les autres officiers suivaient. On se rendit, dans cet appareil, à la place d’Orsay, où, étant descendus dans le creux rond en forme de bassin, qui est au haut de cette place, tous mirent pied à terre. On lut la sentence au coupable, tous étant rangés en cercle ; puis les officiers et plusieurs dragons tenant la couverture, on le fit sauter dessus à quatre reprises, et, après le dernier saut, il descendit et embrassa tous les officiers qui remontèrent à cheval et le ramenèrent chez lui dans le même ordre où on était venu. Ce spectacle attira sur la place d’Orsay une foule immense de peuple et de personnes de tout rang. Le lieutenant-colonel du régiment d’Artois y assista comme spectateur. »

    (Bulletin de la Société Les Amis des sciences et arts, 1907)

  • Les Bâtiments, paroisse de Biennat, qualifiés parfois « lieu noble », n’avaient jamais figuré avant 1603 sur la liste des fiefs des vicomtes de Rochechouart. ll y eut là, sans doute, à l’origine, un simple rendez-vous de chasse à la lisière sud de la forêt de Rochechouart, comme l’était Villeneuve, à la lisière nord. Au Moyen Age on y ajouta une chapelle, ce qui fait supposer que les seigneurs avaient pris l’habitude d’y faire des séjours prolongés pendant la saison des chasses. Dans les années qui suivirent l’érection en baronnie, l’ensemble fut incorporé à une vaste construction qui devint un important manoir, dont il ne reste actuellement que des ruines informes. Les seuls renseignements valables nous sont fournis par l’inventaire qui fut dressé en 1747 après le décès de Mlle Marie de Rochechouart, dernière occupante des lieux. Mais, si ce document nous indique le nombre de pièces de logement et leur ameublement il ne nous permet d’en reconstituer ni la disposition intérieure, ni l’aspect extérieur. ll énumère huit pièces principales au rez de chaussée, sans compter la chapelle et la cuisine et douze chambres à l’étage, avec un très riche ameublement estimé 20.000 livres (au moins 400.000 de nos francs). Délaissé par les vicomtes dès le milieu du XVllle siècle, déchu au rang d’exploitation agricole, le manoir ne tarde pas à tomber en ruines et la révolution y aida. En 1960, on voyait encore sur la façade nord une baie géminée de style gothique rayonnant, à fenestrage grossier, et au dessous, une porte à linteau plat, pratiquée secondairement, pour permettre l’accès direct de la chapelle aux gens du voisinage. Sur la même façade, à l’étage, s’ouvraient deux larges fenêtres à meneaux dont les moulures, identiques à celles de la porte de la chapelle, pouvaient dater de la construction du XVlle siècle. ll n’en reste plus rien actuellement. La baronnie des Bâtiments avait été dotée d’un domaine personnel qui comptait la plus grande partie de la forêt de Rochechouart (environ 250 hectares) et six métairies, l’une d’elles à côté du manoir, dite de la porte, celles de la Ribière (paroisse de Saint-Jean de Vayres), de la Mothe, de Villeneuve, de Boischenu (paroisse de Biennac), de l’Age, paroisse de Saint-Auvent. En outre, le baron donnait à ferme les moulins de la Guinandie (Vayres), de Chez-Combard, de Puyjoyeux, du Pont de Gorre (Rochechouart), du Moulin-Brûlé (Saint-Auvent). ll percevait les dîmes de Montazeaud et de la Pouge (Rochechouart) et de Nouaillas (Vayres). ll bénéficiait encore des droits féodaux sur les baronnies de Chaillac et de Saint-Cyr. Ses revenus étaient estimés 3.000 livres (60.000 F.). Ce chiffre paraît très inférieur à la réalité. L’inventaire de 1747 mentionne, dans les communs, la prison, car les barons des Bâtiments avaient leur justice particulière et leur sénéchal.

    Source : Histoire de Rochechouart, d’Adrien Grézillier.

  • La ville de Rochechouart est fort petite, sur la pointe d’un rocher; c’est la principale d’une vicomté qui appartient à Mme la marquise de Saint-Luc, héritière de la maison de Rochechouart dont elle porte le nom. Elle y a un château da conséquence et une juridiction subalterne, avec un maire perpétuel de nouvelle création.

    Il y a un prieuré simple et une cure de peu de revenu, un couvent de Jacobins de quatre ou cinq religieux et, à deux lieues de là, un couvent de religieuses de l’ordre de Fontevrault, situé à Boubon, au pied d’une montagne.

    Le pays de Rochechouart et les paroisses voisines est de même nature, quoique en certains cantons il soit meilleur qu’en d’autres; mais il s’y recueille partout peu de froment, beaucoup plus de seigle et de blé noir et peu d’avoine. Les ruisseaux, qui y coulent communément, font quantité de prairies et pacages qui donnent facilité aux habitants de nourrir beaucoup de bestiaux; c’est aussi leur principal commerce. On y nourrit encore quelques chevaux. Les châtaignes, qu’on y recueille en assez grande abondance, sont d’un grand secours aux paysans, qui pourroient souvent manquer de blé pour leur nourriture. Il y a aussi suffisamment de bois pour l’usage du pays. La dame de Rochechouart y a une forêt, qui n’est pas fort considérable. Autour de la ville il y a quelques vignes qui produisent de très mauvais vin. Il ne s’en recueille presque point dans le reste du climat. On prend sa provision en Angoumois, qui est fort proche.

    Le climat est froid et humide; il y a quelques petites montagnes, plusieurs petites rivières, fontaines et ruisseaux. Les gens sont d’un naturel grossier et difficile, mais laborieux. Il se tient, tous les mois, des foires à Rochechouart, où il se fait un grand commerce de bestiaux. Il y a aussi, en plusieurs gros bourgs du même canton, diverses foires qui entretiennent le commerce.

    Principales terres, fiefs et seigneuries de l’élection de Poitiers et ceux qui les posséder.

    Mme de Saint-Luc, la vicomté de Rochechouart et la terre de Saint-Germain-sur-Vienne, de 15,000 livres; — M. le comte de Morenville, la terre de Nohic, de 3,000 liv.; — M. de St-Auvent de Rochechouart, la terre de Saint-Auvent, de 4,000 liv.; — M. le baron du Bâtiment de Rochechouart, la baronnie du Bâtiment, de 2,000 liv.; — M. le comte de Châteaumorand, la terre de Cognac, de 4,000 liv.; — M. de…, conseiller au parlement de Bordeaux, la terre de Saint-Laurent-sur-Gore, de 3,000 liv.; — Mme la marquise de Sauvebœuf, les terres de Champagnac et de Chéronnac, de 6,000 liv.; — M. le marquis de Manadeau, la terre d’Oradour, de 4,000 liv.; M. de Bermondet, la terre de Cromières, de 4,000 liv.; — Mme la comtesse de Lambertie, la terre de Montbrun, de 3,000 liv.; — Mme la comtesse de Saint-Mathieu, la terre de Saint-Mathieu, de 4,000 liv.; — M. le comte de la Vauguyon, la terre de la Vauguyon, de 5,000 liv.

    Source : Mémoire concernant la province du Poitou, de Gilles-François de Maupeou.

  • Afin de détruire le particularisme des provinces, l’Assemblée nationale Constituante avait décidé, par le décret du 22 décembre 1789, de diviser le royaume en départements, districts, cantons et communes.

    Limoges, capitale du Haut-Limousin, ne pouvait se voir contester ses titres, et le chef-lieu du département de la Haute-Vienne y fut établi. Mais, pour le district, la lutte fut très vive entre Saint-Junien et Rochechouart.

    La ville de Rochechouart réclamait le chef-lieu du district parce que c’était un avantage qui lui avait été promis lors de la formation du département, comme contrepartie de sa réunion au département de la Haute-Vienne alors qu’elle appartenait au Poitou. Les officiers municipaux, les membres du Comité patriotique de Saint-Junien entreprirent de faire modifier cette décision et adressèrent une pétition à l’Assemblée nationale. Les deux villes dépêchèrent des députés extraordinaires à l’Assemblée : Chabaudie, Dupeyrat et S. Pouliot pour Saint-Junien, Goneau et Simon pour Rochechouart, qui participèrent à des réunions avec les députés du Haut-Limousin.

    L’argumentation des envoyés de Saint-Junien fut convaincante, et ils obtinrent gain de cause. Ils avaient fait valoir qu’à supposer que Rochechouart fût plus central, les routes et chemins qui aboutissaient à Saint-Junien étaient plus praticables que ceux qui desservaient Rochechouart, qu’il n’y avait à Rochechouart aucune facilité de logement, ni pour les étrangers, ni pour les Assemblées administratives, alors qu’à Saint-Junien, toutes les facilités étaient réunies : route de Limoges à Angoulême, palais des évêques de Limoges, hospice, etc.

    La décision s’explique sans doute par les arguments présentés, mais aussi par le fait que la thèse de la ville de Saint-Junien, ancien fief des évêques de Limoges, fut probablement soutenue par les députés du Haut-Limousin, et en particulier par l’évêque.

    Rochechouart ne se tint pas pour battu et réclama l’arbitrage du Comité de Constitution qui écouta les parties en présence. Une discussion très vive s’engagea et finalement le chef-lieu du district fut laissé à Saint-Junien ; mais Rochechouart obtint l’assurance d’être le siège de la justice du District.

    A la tête de chaque district, se trouvaient :

    1° Un Conseil général de douze membres ;

    2° Un Directoire de quatre membres pris dans le Conseil général ;

    3° Un procureur-syndic.

    Le district était divisé en communes réparties en cantons. Celui de Saint-Junien comptait trente-trois communes et six cantons : Saint-Junien, Saint-Victurnien, Rochechouart, Oradour-sur-Vayres, Saint-Mathieu et Saint-Laurent-sur-Gorre.

    Le canton de Saint-Junien comprenait les communes de Saint-Junien, Chaillac, Saint-Martin-de-Jussac et Javerdat.

    Les délégués des communes, au nombre de cinquante-six, se réunirent dans l’église des ci-devant Cordeliers, les 19, 20 et 21 août 1790, et, à bulletins secrets, composèrent ainsi le district :

    Administrateurs (12) : Léonard Rayet, notaire à Oradour-sur-Vayres ; 2. Pierre Nénert, notaire à Saint-Laurent ; 3. Léonard Rebeyrol, médecin à Gorre ; 4. Jean Gros de Puisseguy, bourgeois de Saint-Mathieu ; 5. Jean Hugonneau de Sauvau, chirurgien de Saint-Mathieu ; 6. Jean Pouliot, avocat à Saint-Junien ; 7. Léonard Rateau-Devaux, chevalier de Saint- Louis, à Oradour-sur-Glane ; 8. Simon, médecin à Rochechouart ; 9. Dupuy des Boëges, de Saint-Brice ; 10. Simon de Beaujeu, médecin à Saint- Junien ; 11. Jean-Jacques Benoît Gonneau, maire de Rochechouart ; 12. Anne-Marie Berthelot fils, avocat à Vayres.

    Procureur-syndic : Pierre Duvoisin de La Serve.

    Président du District : J.-B. Simon de Beaujeu, docteur en médecine.

    Secrétaire : Pierre-Léonard Périgord fils, avocat à Saint-Junien.

    Membres du Directoire (4) : les citoyens Léonard Rebeyrol, Jean Pouliot, Benoît Gonnaud et Léonard Rayet.

    Substitut du procureur-syndic : le citoyen J. Pouliot

    Receveur du District : Léonard Périgord père.

    L’Administration du District était composée, comme on le voit, uniquement de bourgeois, notaires, avocats, médecins.

    Il y avait aussi un Tribunal du District composé de dix-sept membres.

    M. Pouliot père fut nommé directeur de la Poste aux lettres.

    Plus tard, le 10 avril 1793, l’Administration du District forma un Comité de Salut public chargé de tout ce qui avait rapport à la sûreté générale du District. Il eut comme premier président le citoyen Rateau-Devaux. Il fut dissous par la loi du 14 frimaire an II. Elle créa également, en vertu de cette dernière loi, un Comité de Surveillance dont les membres furent nommés par la Société populaire. Ce Comité eut pour premier président le citoyen Chavaud et fut supprimé par la loi du 2 ventôse an III.

    Source : Petite histoire de Saint-Junien, d’Albert Hivernaud.

  • A Rochechouart en 1788, pour une population inférieure à 2.000 habitants, il y a 14 avocats, 10 notaires subalternes, 3 notaires royaux, 3 huissiers, 3 sergents subalternes, sans compter les procureurs et les postulants. De grosses fortunes se sont édifiées, aux mains de quelques familles qui sont de véritables tribus, dont chaque clan est désigné du nom d’un domaine qui lui est échu en dot ou en héritage. Citons les Simon (de la Gardette, de Fontgrenier, du Rivaud, de la Barde, du Breuil, de la Razide), les Chemison (du Bois, du Mas, de la Lande, de Lassaigne, de Villemery, de Laserve, de Recouvert) ; les Périgord (de la Guinandie, de Beaulieu, de la Contie, des Borderies, de Villechenon) ; les Goursaud (de Laumont et de Laumond-Chandos, de la Jousselenie, de Bonnefond, du Belhomme, du Mazet, de Boischevet, de Merlis, du Maine). Ce sont eux qui au XVIIe et XVIIIe siècles, ont construit dans les faubourgs, les belles maisons que nous avons mentionnées plus haut.

    Source : Histoire de Rochechouart, d’Adrien Grézillier.