Généalogie Charente-Périgord (GCP)

Sélection d'articles sur le thème de l'Histoire et du Patrimoine.

  • Les boulangers de Nontron demandent que la taxe au kilogramme soit fixée à 57 centimes 1/2 pour le pain blanc, 47 1/2 pour le pain second, 35 pour le pain noir de seigle et méteil. Cette taxe est acceptée par le maire et le sous-préfet mais, pour la compenser, une souscription permettra de distribuer aux pauvres environ 160 livres de pain gratuit. La nouvelle majoration de 1 liard par livre, prise le 7 avril 1817 et nécessitée par une hausse successive des grains pendant plusieurs marchés, met Nontron en effervescence. D’abord plainte est portée pour défaut de cuisson. Pendant que le maire Bussac escorté de son adjoint, du juge de paix, des gendarmes, saisit des tourtes de pain litigieuses dans les boulangeries, la foule que les femmes surexcitent l’injurie. Le pain confisqué est distribué séance tenante, aux indigents — il était donc comestible ! — et une accalmie se produit de courte durée. Des énergumènes envahissent la mairie et exigent une baisse immédiate de 2 liards jusqu’à la Saint-Jean. Le rétablissement de la taxe de la veille n’est pas agréé par les meneurs. Le maire se retire. Les ouvriers de la ville et quelques paysans des environs l’escortent, le menacent et assiègent sa maison, tandis que le tocsin sonne. Bussac fils serait décidé à frapper d’un sabre les émeutiers qui réussiraient à enfoncer la porte que les coups ébranlent. Il est désarmé par Tourny qui, vu du dehors l’épée en mains, détourne sur lui la fureur. La foule se précipite chez lui, pille les provisions de bouche, monte de la cave une barrique de vin qu’elle n’a pas le temps de vider en entier, chassée qu’elle est par le sous-préfet et le juge de paix. Le conseil municipal consent aux réductions imposées. L’émeute s’apaise dans les cris de joie. La taxe de la veille néanmoins est maintenue pour les étrangers de la commune ; « elle est réduite de 3 liards et ramenée à 4 sols 1 /2 en pain second pour la classe la moins aisée qui se munira de bons à la mairie et la commune paiera la différence des 3 liards ». Un mandat d’amener n’en est pas moins signé le 16 avril contre 13 accusés dont Martial Groslhier. Une agitation larvée se prolonge et proteste contre la fabrication du pain de troisième qualité, « préparé avec du son », affirme-t-on. La mairie se soumet aux injonctions et saisit douze sacs de son chez deux boulangers, pour qu’ils soient employés « au profit de la classe indigente », qui alors n’aurait plus protesté de manger gratuitement du son ! Cependant les boulangers rentrent en possession de leurs sacs, sur preuves que le son était réservé à leurs cochons. La répression de l’émeute du 7 avril par la justice est rapide. Le tribunal exceptionnel de la cour prévôtale, en vigueur en ce temps, se réunit le 16 mai suivant, sous la présidence du colonel de Montille. Neuf prévenus sont relaxés pour charges insuffisamment prouvées ; Marmiton, de la Maladrerie, est condamné aux travaux forcés à perpétuité ; Guérin dit Bourguignon, à dix ans de réclusion ; Jean Fargeas à six ans et Péry à cinq ans de la même peine. Le 17 mai tous les quatre sont exposés au carcan, devant une foule immense venue même des communes les plus éloignées de l’arrondissement.

    Source : La seconde restauration en Périgord, de Georges Rocal.

  • Par acte du 18 décembre 1751, reçu par Gervais, notaire à Paris, ratifié le 27 juin suivant, les créanciers et syndics de la dite dame Egon de Courcillon vendirent la terre et baronnie de Nontron à messire Jean-Charles de Lavie, président au Parlement de Bordeaux, pour la somme de vingt-cinq mille livres. Il ne s’agissait d’ailleurs, dans cette vente, que du chef-lieu de la baronnie et de la seule paroisse de Nontron, les trente-cinq, sur soixante-douze qui la composaient en 1553, ayant été successivement et irrévocablement aliénées du XVIIe au XVIIIe siècle. Voici à cet égard le tableau que nous avons relevé dans les Archives de la Charente, en rectifiant l’orthographe des noms : « 1° Nontron, à M. de Lavie; 2° Javerlhac, à M. Texier de Javerlhac; 3° Abjat, à M. d’Aydie; 4° Savignac, au même; 5° Saint-Martial-de-Valette, à M. Moreau de Villejalet; 6° St-Pardoux-la-Rivière; à M. d’Abzac de Villars, à Mme d’Allonis et à Mme la prieure; 7° Augignac, à M. de Pompadour, à M. du Lau d’Allemans; 8° Milhac, à M. de La Marthonie; 9° Quinsac, à M. le comte d’Aydie; 10° St-Front-de-Champniers, à M. de Labrousse de Verteillac; il y a d autres fiefs; 11° Pluviers, à M. du Lau d’Allemans à M. de La Ramière; 12° St-Martin-le-Peint, à M. de Labrousse de Verteillac; 13° Marval, à M. de Saint-Auvent, la justice: à M. de Lambertie, le fief; 14° Champagnac, à M. d’Aydie de Saint-Laurent; 15° Saint-Pancrace, à M. de La Garde de Saint-Angel; 16° l’enclave de Champeaux, à M. de Ribérac, à M. le marquis de Laxion, son beau-frère; 17° le bourg de Bussière-Badil, à M. de La Vauguyon, comme prieur de Malte; 18° Nontronneau, à M. de Labrousse de Verteillac; 19° Champniers, à M. du Lau d’Allemans, à M. de La Ramière; 20° St-Front-la-Rivière, ou La Renaudie, à la famille du Barry, à M. le comte des Cars; 21° St-Etienne-le-Droux, à M. de Pompadour, à M. de Lavie, à M. de La Ramière; 22° Villars, M. de Rastignac; 23° Varaignes, à M. Stuart de Quélen de Caussade, à M. Delay; 24° Bondazeau, à M. d’Hastelet; 25° Les Graulges, au même; 26° Saint-Saud, à M. d’Arlot de Frugie; 27° Beaussac, à plusieurs seigneurs de Bellussières, Fayard des Combes, Maillard; 28° Romain, à M. de Vigneras; M. de Roux y a un fief; 29° Saint-Martin-la-Rivière, M. Moreau de Villejalet; 30° Reilhac, M. de Roux de Reilhac; 31° Lussas, à la famille du Faure, à M. d’Aydie; 32° Champeaux, au même; 33° le bourg de Feuillade, à la famille Vigier, à M. de Javerlhac; 34° le bourg de Miallet, à divers seigneurs de Lambertie, d’Aydie, de Rastignac et Grant de Bellussière; 35° I’enclave de Bellussière et de La Beausse, dont le seigneur des Combes s’est emparé. »

    (Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, 1886)

  • Après les très mauvaises conditions climatiques de l’hiver 1788/1789 jusqu’à l’été 1791 : gelées, grêle, pluies diluviennes, orages puis sécheresse qui avaient ramené les récoltes de 1789 au 1/20e de la normale, celles de 1790 aux trois quarts et celle de 1791 à un tiers ; il n’y avait plus de réserves en 1792.

    Par crainte du manque de nécessaire et par spéculation, beaucoup de propriétaires ne portaient pas leurs blés sur les marchés d’où rareté et flambée des prix ; le septier de froment était passé de 15 livres en 1790 à 22 livres en 1792. Dans la nuit du samedi 24 au dimanche 25 mars 1792, Guillaume Vallade, maître de forges à Jomelières, avait été averti que le nommé Léonard Julien dit Tapon, recouvreur, tireur de mines, avait annoncé que le lendemain, un nombre considérable de particuliers de Varaignes et de Javerlhac iraient chez lui pour manger et boire à discrétion, sinon ils briseraient tout.

    Vallade dénonça Tapon à la municipalité de Javerlhac qui l’envoya chercher mais 150 personnes environ le firent libérer de la maison commune. Le lendemain dimanche, ces mêmes particuliers s’attroupèrent devant la porte de l’église à la sortie de la messe.

    Là, Jean Aupuy dit Jacquillou, voiturier, les haranguait, disant qu’il fallait aller visiter les greniers et taxer le blé ; pendant ce temps Tapon faisait la quête. Puis tout le monde partit chez le sieur Chaperon, manger et boire à discrétion, visiter les greniers et prendre quelques montres de blé taxé à 16 livres le septier avec défense de le vendre au-dessus sous peine d’une amende de 50 livres.

    Ensuite direction Jomelières chez Vallade mais là les manifestants constatèrent qu’il n’y avait dans les greniers qu’à peine ce qu’il fallait pour la maison et la forge ; ils se contentèrent de boire et de manger à discrétion. La tournée se termine à Pys chez le sieur Puymartin pour boire et manger de nouveau et demander de respecter la taxe.

    Le lundi 26, Jacquillou accompagné d’un meunier de Javerlhac et d’un voiturier de Saint-Martin-le-Pin vint demander du blé au prix de la taxe à Chaperon ; celui-ci accepta de vendre six septiers mais à 22 livres comme au marché de Nontron.

    Ce même jour, Jean Baylet dit Saint-Jean garde-chasse de M. de Javerlhac rencontra François Pastoureau et lui dit : que c’étaient les bourgeois qui trompaient les paysans et les artisans puisqu’ils occupaient toutes les places, que c’étaient même les bourgeois qui retenaient le roi en prison, qui avaient fait empoisonner l’empereur (Léopold II empereur d’Autriche, frère de Marie Antoinette) et qui faisaient sécher les princes sur pied ; que quant à la taxe, elle se ferait tous les ans pour l’achat des habitants de la paroisse, seul le surplus pourrait être amené au minage de Nontron.

    Le mardi 27 mars, Jacquillou, accompagné d’un meunier de Javerlhac et d’un habitant de Bourdeix vint à nouveau chercher du blé chez Chaperon qui était absent et sa fille refusa de lui en fournir.

    ll se rendit alors chez Pierre Soury Lafond qui lui fit le froment à 20 sous de moins que le prix du minage 22 livres. Jacquillou lui dit que s’il ne voulait pas le laisser à 16 livres ce jour, il serait forcé de le livrer le dimanche d’après à 15 livres.

    Un autre incident s’était produit le 25 mars. La femme d’un cabaretier de Javerlhac, rencontrant avant la messe, le receveur de la commune, Jacques Pabot dit Chatelard lui demande le remboursement de sa patente car cinquante personnes avaient été chez elle la veille pour lui ordonner de se faire remettre son argent et que si elle n’obéissait pas à l’instant, ils la rosseraient de coups.

    Chatelard accepta dès qu’elle lui eut remis le reçu qu’il lui avait délivré mais il se vit entouré d’une multitude de paysans qui lui défendirent absolument de donner ni faire prendre de patente à qui que ce fût, parce que cela faisait augmenter trop considérablement les denrées.

    Les principaux meneurs et participants (treize personnes) dénoncés par le maire de Javerlhac, François Eyriaud Bechemore étaient : Jean Aupy dit Jacquillou et Bellair cordonnier habitant le bourg, Léonard Julien dit Tapon, le fils du nommé Limousin et Jeammet Bordier habitant La Cour, Jean Baylet dit Saint Jean garde-chasse de M. de Javerlhac et le fils aîné de Mathieu Bonithon dit Bernassou habitant Le Petit Gilou, le fils aîné de Marguillier, métayer de Mme Desvergnes habitant Taxat, le fils aîné de Solle, métayer de Mme Desvergnes et le fils aîné de Lois, métayer du sieur Fonreau habitant Pys, Jean Mercier dit Bonnet, maçon aux Chenauds, Gros tailleur d’habits à La Meynardie et Nicolas Doucet laboureur.

    Avec l’aide des gardes nationaux, les gendarmes réussirent à en arrêter quatre : Jean Aupy, Léonard Julien, Jean Baylet et Nicolas Doucet, lesquels furent conduits à la maison d’arrêt de Nontron alors que leurs partisans s’attroupaient pour tenter de les libérer. Le directoire fit même venir de La Rochebeaucourt, deux canons et de vingt-cinq à trente hommes pour parer à toute éventualité, mais il ne se passa rien. Les quatre hommes, inculpés d’attroupements séditieux furent écroués le 16 avril à Périgueux et jugés le 15 juin par le tribunal criminel.

    Jean Aupy, principal accusé, meneur des attroupements, initiateur de la taxe et qui, de plus, prétendait former dans sa troupe une municipalité, une Garde nationale et aller chercher le seigneur de Javerlhac pour le rétablir dans son château fut condamné à six ans de fers. Léonard Julien fut condamné à trois ans de détention, Baylet et Doucet furent acquittés.

    Aupy et Doucet déposèrent le 17 juin un recours en cassation ; nous ne connaissons pas la suite. Les émeutes de Javerlhac avaient finalement fait plus de peur que de mal, pas d’armes et pas de violence, mais elles étaient révélatrices de causes profondes du conflit : opposition à la patente des commerçants et artisans mais surtout opposition des bourgeois propriétaires et des artisans et métayers, gens sans propriété.

    Source : Nontron et le pays nontronnais, de Jacques Lagrange.

  • La Loge de Nontron

    A Nontron, une première Loge, l’Avenir de Nontron, avait été fondée en 1869 par treize frères parmi lesquels Antoine Debidour, le sénateur Alcide Dusolier, les frères Jean et Emile Millet-Lacombe. En sommeil depuis 1884, l’atelier fut remplacé par la Loge La Solidarité Nontronnaise dont la constitution fut accordée le 7 mars 1904 et qui eut pour Vénérables Joseph-Augustin Castaud, Commissaire de Police et Eugène Lainé, instituteur à Champs-Romain.

    Les Archives du Grand Orient permettent de recenser cinquante-quatre frères ou profanes présentés à l’initiation, dont le tiers seulement résident à Nontron, quatre habitent Jumilhac-le-Grand, trois, Piégut-Pluviers et Thiviers, deux, Abjat ; il n’y a qu’un seul franc-maçon à Augignac, Beaussac, Le Bourdeix, Brantôme, Champs-Romain, La Coquille, Léguillac-de-Cercles, Lussas-et-Nontronneau, Mareuil, Miallet, Milhac-de-Nontron, Saint-Front-de-Champniers, Saint-Jory-de-Chalais, Saint-Martial-de-Valette, Saint-Martin-de-Fressengeas, Saint-Pierre-de-Côle, Saint-Saud, Teyjat et Villars. Dans ce petit atelier travaillent le député Sireyjol, Apprenti, le 5 août 1906, Maître, le 25 mai 1911, Vénérable, le 9 juillet 1919, les Inspecteurs primaires Minot, en 1904 et Chaumont en 1906, l’imprimeur du Nontronnais, Jolivet et celui de l’Indépendant de Thiviers, Fargeot, le percepteur de Nontron, le Commissaire de Police et quatorze instituteurs, près du tiers de l’effectif de la Loge. Guillaume Gustave Hermann, Sous-Préfet en 1890, était maître à l’Orient de Périgueux à la même date.

    Source : La séparation de l’Église et de l’État en Périgord, de Pierre Pommarède.

  • Philanthrope, née à Nontron (Dordogne). Elle est veuve de Pierre-Alfred Agard, né à la Feuillade (Charente) le 1er mars 1835, qui, après de lointains voyages, où il s’employa très activement et intelligemment à développer l’expansion commerciale française et à faire connaître et aimer notre pays, revint se fixer à Nontron. Là, il consacra son temps et sa fortune aux intérêts généraux : travaux publics, mesure hygiéniques, plantations et mise en valeur de terrains agricoles, etc. Il fut conseiller municipal de Nontron et chevalier du mérite agricole.

    Cruellement atteint par le décès de son fils unique, Alfred Agard mourut, le 10 décembre 1916, léguant, dans une dernière et générause pensée d’altruisme, aux malheureux de la ville de Nontron, toute sa fortune pour que soit édifié, dans sa propriété de Talivaud, un hôpital civil et militaire portant son nom et celui de son fils.

    Mme Agard s’est associée aux initiativex bienfaisantes de son mari. Elle s’est aussi toute particulièrement employée à l’œuvre si noble de la Croix-Rouge. Membre de la Société française de Secours aux Blessés militaires et choisie comme présidente du comité de Nontron dès le temps de paix, le début des hostilités la trouva à ce poste, en août 1914. Elle s’empressa d’organiser, dans cette ville, un hôpital auxiliaire (le nr 6), où, durant toute la guerre contre les empires centraux, de nombreux blessés ou malades ont trouvé les soins les plus empressés et les plus éclairés. Inébranlablement fidèle au devoir qu’elle s’était imposé, Mme Agard n’a jamais abandonné son poste, malgré les terribles épreuves qu’elle eut à subir, telles que la mort de son fils et celle de son mari ; et elle est constamment demeurée à la tête de son œuvre, en même temps qu’elle participait à toutes les autres initiatives suscitées par la guerre : Œuvre du Tricot du Soldat, dont elle fut l’âme, Secours aux Prisonniers de guerre et à leurs familles, organisation de ventes de charité, etc.

    Le fils de la présidente de la Croix-Rouge de Nontron, Jean-Baptiste-Pierre Agard, né dans cette ville le 27 février 1889, mérite, lui aussi, d’être honoré ici comme un héros et une victime de la guerre.

    Après de bonnes études au lycée d’Angoulême, à la Faculté de Droit de Paris et à l’Ecole des Sciences politiques, il prit la licence et le doctorat en droit et se fit inscrire comme stagiaire au tableau des avocats de la Cour d’appel de Paris. Il accomplissait son service militaire au 50e régiment d’infanterie à Périgueux quand s’ouvrirent les hostilités et il partit, le 2 août 1914, comme brancardier. Fait prisonnnier le 23 août à Saint-Médard, en Belgique, il faillit être fusillé en servant courageusement d’interprète à son ambulance. Emmené au camp d’Ordruf (Saxe), il y collabora à la Gazette d’Ordruf, journal des prisonniers ; puis il fut enovyé dans un camp de représailles en Courlande, où, pendant huit mois, il souffit de privation de nourriture, travail excessif, punitions barbares, sous un climat rigoureux. Rendu, avec un corps sanitaire, à la liberté, le 11 octobre 1916, il rejoignait son dépôt douze jours après son retour dans sa famille ; mais, épuisé par les souffrances physiques et morales endrées pendant sa captivité, ses forces trahirent bientôt son courage et il mourut, le 25 du même mois, à l’hôpital mixte de Périgueux.

    Source : Dictionnaire national des contemporains, de Curinier.

  • Dussolier.

    Avocat, ex-député, né à Nontron en 1799.

    C’est en 1830 que M. Dussolier fut envoyé à la Chambre. Sa nomination fut un beau triomphe pour le parti radical auquel il appartient. Il avait fait échouer la candidature du général Lamy, qui passait pour tin des membres les plus compromis du parti de la cour, et qui, jusqu’alors, avait disposé de Nontron comme d’un bourg-pourri.

    En 1842, il ne fut point réélu, et c’est M. de Saint-Aulaire fils qui le remplaça.

    Il retourna à la Chambre en 1846, et reprit sa place sur les bancs de la gauche.

    Après la Révolution de Février, il ne demanda pas, il accepta seulement le commissariat de la Dordogne qui lui était offert par M. Ledru-Rollin. Comme on le trouva trop modéré, il lui fut adjoint deux commissaires, que le département refusa de recevoir. Force fut donc au Gouvernement de les rappeler. Trois nouveaux commissaires furent envoyés à Périgueux vers la fin de mars. Un commissaire général les accompagnait. Quant a M. Dussolier, il fui révoqué et remplacé dans la Dordogne par quatre commissaires, total 7, au moyen desquels les choses marchèrent comme elles purent.

    Les concitoyens de l’honorable M. Dussolier réparèrent avec éclat cette injustice en le nommant représentant à l’Assemblée nationale par plus de 103,000 suffrages, c’est-à-dire à la presque unanimité.

    Grolhier-Desbrousses.

    Avocat, né a Nontron (Dordogne) le 4 octobre 1796. Son père, également avocat, fut maire de Nontron, de 1791 à 1794, c’est-à-dire dans les années difficiles de la Révolution. Il quitta les fonctions de maire pour exercer, peu de temps après celles de procureur de la République.

    Le jeune Grolhier commença par la carrière militaire : en 1815, an début des Cent Jours, plein d’un noble enthousiasme, admirateur fervent de Napoléon, il s’enrôla volontairement et quitta le service à la seconde Restauration. Il se retira alors dans ses foyers. Dès ce moment commença, pour lui la vie politique : les Bourbons lui étant profondément antipathiques, il s’associa à toutes les tentatives que l’on fit pour les renverser; il fut affilié aux sociétés secrètes qui s’organisèrent alors. Les persécutions, loin de refroidir son zèle, l’enflammèrent encore; la Restauration et ses hommes n’eurent pas d’ennemi plus déclare. En 1817, il se bat avec un officier de la garde royale, essuie un coups de feu et le laisse pour mort.

    Reçu avocat en 1823, les causes politiques sont celles qu’il préfère. En 1830, il est nommé par acclamation capitaine de la garde nationale de Nontron, puis vice-président de la Société Aide-toi le ciel t’aidera. L’élection confirma ces deux nominations. Plus tard, on le nomma commandant de cette garde. Il l’était encore en 1848, après l’avénement de la République. Inutile de dire qu’on le maintint dans ce poste.

    On voit que M. Grolhier-Desbrousses n’était guère ami de la monarchie, déchue; garda-t-il bien d’en solliciter la moindre faveur. Le département le regardait comme l’un des chefs de l’opposition. On le savait, du reste, en relation avec Armand Carrel, Odilon Barrot, Ledru-Hollin, etc.

    M. Grolhier-Desbrousses paraît appartenir a la ligne du National. Il a obtenu 64,555 voix.

    Source : Biographie impartiale des représentants du peuple à l’Assemblée nationale.

  • D’après une tradition conservée dans cette famille, un cadet de maison noble du Poitou, fourvoyé dans l’une des bandes de Pastoureaux de 1251, fut blessé dons une rencontre et laissé à Nontron, où il se fixa en prenant et gardant le nom de Pastoureau. Si, à l’appui de cette tradition, nous consultons les documents écrits, nous y trouvons que deux Pastoureau étaient propriétaires à Nontron en 1357, d’après les titres suivants, mentionnés par Doat, vol. 241 :

    « 1357… Instrument mentionnant que certaine maison assise au bourc de Nontron, entre le four d’Aixe et la maison de Jacques Peytoureau, est de la fondalité du vicomte die dominica post festum beati Marcialis anno Domini M° CCC° quinquagesimo septimo. — 1857… Acte de la rente due au vicomte sur certain solar portal et autres biens sis à Nontron et appartenant à Jehan Pestorele et Pierre Savenya. Die lune post hiemale festum beati Martini anno Domini millesimo trecemtesimo quinquagesimo septimo. »

    Ce Jehan Pastoureau (Pastorelli) serait-il fils ou frère de Jacques, et celui mentionné dans le Dictionnaire de jurisprudence de Guyot, v° ministère public, en ces termes :

    « Il n’y eut pas au Parlement d’avocats ou de procureurs du roi avant 1300, Jean Le Bossu et Jean Pastoureau sont cités dans toutes nos annales comme les premiers officiers qui furent appelés avocats du roi. »

    Après eux, dans le cours des XIVe et XVe siècles, apparaissent Eymeric, Pierre et Jehan Pastoureau qui descendent probablement du Jacques ou du Jehan Pastoureau de 1357. Il est question des trois frères dans des titres de rente de 1430, 1438, 1439, déjà cités, de Pierre et de Jehan dans une autre du 26 mai 1472 et de Pierre, seul dans deux autres des 24 août 1474 et 3 juin 1476, dans lesquelles ledit Pierre est qualifié de : Prudente et honesto viro petro Pastourelli mercatore et burgeni ville de Nontronii.

    Les descendants de Jehan et de Pierre Pastoureau formèrent deux branches : 1° Jehan, qui dut avoir pour fils Dauphin Pastoureau, marié avec sa cousine, Marion Pastourelle, qui ne lui donna que quatre filles et laissa tomber cette branche en quenouille, ainsi que nous l’avons suffisamment démontré plus haut. Jehan Pastoureau eut aussi une fille, Marguerite. 2° De Pierre Pastoureau provinrent Jehan, dit le Vieux, et une fille, Marion, unie à Dauphin. Jehan dit le Vieux se maria avec sa cousine, Marguerite Pastourelle, ainsi qu’il appert du testament dudit Dauphin et de divers titres de rente, notamment d’un acte du 15 avril 1495 consenti par lui et Marguerite Pastourelle, sa femme, Prudente viro Johannes Pastourelli senore mercatore et proba muliere Margarite Pastourelle sua uxore, et portant cession de six sous de rente sur un jardin joignant les prés de Janot, de maître Gérald et de maître Pierre Pastoureau frères, prati Janoti, magistri Geraldi et magistri Petri Pastourelli fratribus.

    Ce dernier acte nous révèle l’existence dune troisième branche qui doit provenir d’Eymeric Pastoureau, de 1430, qui dut avoir aussi pour fils Daniel marchand, qui, le 6 août 1480, consentit au seigneur de Nontron une reconnaissance de rente sur une maison dans la ville vieille de Nontron. Nous trouvons encore sur cette branche les renseignements suivants :

    « Le 20 avril 1486, noble Pierre de Beaulieu vendit à Jeannot et Gérald Pastoureau diverses rentes sur le tènement de Lascouts, paroisse de la Chapelle-Pommier. Par testament du 33 juin 1503, reçu Blois, notaire, maistre Gérald Pastoureau, licencié ès-lois de la ville de Nontron, fonda dans l’église du monastère de St-Pardoux-la-Riviere quatre anniversaires à célébrer après quatre festes de Noël, Toussaints, Pasques et la Pentecoste, pour un sestier froment, huit sols argent et une poule sur le mainement de Cossevigne, paroisse d’Abjat, plus quatorze boisseaux froment, quinze seigle, dix advoine et dix sols argent sur le village de Lascouts, paroisse de la Chapelle-Pommier. Avant sa mort, et le 2 octobre 1505, ledit Gérald fonda à Nontron une vicairie dite Nostre-Dame-de-Pitié, à laquelle ses descendants nommèrent le titulaire en 1514. Jeannot dut se marier avec Louise Pastoureau qui, dit Nadaud dans ses mémoires manuscrits I, p. 114, fut femme de Jean, marchand de Nontron, testa le 22 mars 1523 et veut trois cents prêtres à son enterrement, autant à la septaine et autant au bout de l’an. Ils durent avoir pour fille Jeanne, veuve de Mathurin Poisson, avocat au présidial de Périgueux, d’après deux reconnaissances de rentes à elle consenties le 9 décembre 1535 et où elle est ainsi dénommée : Nobilia Johanna Pastoureau vidua honorabili et seneschali viri magistri Pissis cum vivebat advocati in curia presidiali et seneschali petrocorensis. Quant à Pierre Pastoureau, licencié ès-lois, nous ne trouvons sur lui aucun document écrit, à moins de supposer qu’il devint le chef de la branche des Pastoureau, seigneurs d’Ordière en Poitou et à lui rattacher, ou à ses descendants, les alliances suivantes, indiquées par Nadaud : Louise Pastoureau éponsa N. Paulte, dont la fille, Antoinette, épousa François de Bousiers, écuyer, le 29 novembre 1579. Le 27 mai 1515, Françoise ou Antoinette Pastoureau épousa Martial Audier, conseiller au parlement de Bordeaux, seigneur de Montcheuil. Le 1er août 1594, Josias de Livron, écuyer, épousa Esther Pastoureau, fille de Jean Pastoureau, escuyer, seigneur d’Ordières, et de Jeanne Travers. Le 5 décembre 1512, Hélie Couradin, sr du Vignaud, épousa Anne Pastoureau. Le 14 mai 1623, Jeanne Pastoureau épousa Jean des Hoches, fils de Jonathan, sr de Douzat, et de Marguerite du Sault. Le 23 avril 1628, Pierre de Moneys, chevalier, épousa Esther Pastoureau. En 1650, Jean de Montfrebœuf, sr de La Nadalie, épousa Marie Pastoureau.

    Mais revenons aux Pastoureau de Nontron et à la branche de Jehan dit le Vieux, qui, de son mariage avec Marguerite Pastourelle, eut : l° Jean, qui suit; 2° François, d’après le testament, en 1505, de son oncle Dauphin Pastoureau.

    Dauphin, dit le Jeune, Prudente viro Pastourelli junior burgeni et mercator ville Nontronii, d’après des titres de rentes de 1487 et de 1508. De son mariage avec Marguerite Régis ou Roy, il eut trois enfants, ainsi qu’il appert d’une reconnaissance du 9 janvier 1514 consentie en faveur de sa veuve, honesta muliere Regina vidua Pastourelli junior, comme légitime administratrice de François, Jean et Estienne, leurs fils François, entré dans les ordres, devint abbé de Blanzac, et Etienne paraît être décédé sans postérité, car ses deux frères figurent seuls dans divers titres de rente des années 1519, 29, 30, 31, 32 et 1535 en ces termes : « Au profit de saige homme Jehan Pastoureau, marchan, fils de Jehan Pastoureau, dict Capduc, par le temps qu’il vivoit, marchand de Nontron, tant pour luy que pour vénérable personne mestre François Pastoureau, prestre, abbé de Blanzac. »

    Jehan Pastoureau est aussi qualifié de Toutbon dans une reconnaissance du 4 janvier 1524, consentie au seigneur de Nontron par lui et François Pastoureau, son frère.

    Jehan Pastoureau, dit Toutbon, se maria avec N…, dont il eut Thibeaud et, probablement : 1° Louise, à laquelle fut consentie le 10 janvier 1542, par Anne Goulard, veuve de maistre Jehan de Puisillon, seigneur de La Faye, une reconnaissance mentionnée dans le terrier de la famille Pastoureau. Elle se maria, d’après Nadaud, avec N… Paulte et en eut Marguerite, qui épousa, le 29 novembre 1579, François de Hougier, écuyer; 2° et Charlotte, qui se maria, vers 1564, avec noble Martial Guyot.

    Thibeau Pastoureau, seigneur de La Grange, qualifié de lieutenant des Roy et Reyne de Navarre dans leur ville et baronnie de Nontron, dans divers actes de rentes de 1550, 77, 82, 84, 86, 88 et 1597. Il se maria avec Marguerite de Labrousse, de laquelle il eut : 1° Florence, mariée le 4 janvier 1617 avec Annet de Pindray, écuyer, sr de La Neulhie, dont 1° Pierre, marié le 28 août 1647 à Charlotte de Saint-Laurent, de laquelle Jacquette, mariée le 3 juin 1692 à Claude de Conan, dans les archives duquel nous avons recueilli une partie des terriers et des titres de la famille Pastoureau; 2° François de Pindray, décédé sans enfants, et 3° Isabeau, mariée à Hereuillais de Massougnes, escuyer, seigneur du lieu noble de Chamfaron, suivant contrat de mariage du 20 janvier 1649 par lequel le père de la future lui constitue :

    « Tant dans la succession de deffuncte damoiselle Florence Pastoureau, sa mère, que de deffunct Pierre Pastoureau, escuyer, sr de La Grange, son oncle maternel, de demoiselle Marguerite de Labrousse, son ayeule maternelle, que de feu François de Pindray, escuyer, son frère germain, la moityé de certaine maison noble sittuée en la place appelée de La Cayo, en la ville de Nontron, commune et indivise avec Pierre de Pindray. escuyer, sr de Lacau, son frère germain, avecq la moityé de toutes les rentes aussy indivises par moityé entre sondit frère… et tout ainsi que lesdites maisons et rentes leur sera escheus par la succession dudit Pierre Pastoureau… par le contrat de transaction partage du 26 mars 1630, devant Amblard et Lenoble, notaires royaux ».

    III° Ledit Pierre Pastoureau, décédé au repaire noble de La Grange, paroisse de Nontron le 27 août 1627 et sans enfants de son mariage du 25 septembre 1623 avec Jehanne Védrenne fille de Léonard Védrenne, juge des juridictions d’Augignac et Savignac.

    IV° Autre Pierre Pastoureau, marié avant 1596 avec Florence de Lacroix, d’après l’acte de baptême d’Honorette, leur premier enfant, du 20 octobre 1596, et décédé avant 1603, suivant acte du 14 avril de cette année, portant vente de certains fonds à M. Pierre Maillard, seigneur de Lafaye, par Florence de Lacroix, veuve de Pierre Pastoureau. De ce mariage : 1° Honorette, baptisée en 1596, ayant pour parrain Thibeaud Pastoureau, son grand-père, se maria le 17 janvier 1617 avec François Texier, docteur en médecine; 2° et François, marié avec Marguerite de Labrousse, dont Helie, baptisé le 30 novembre 1636.

    V° François Pastoureau, sr de La Serve, marié, le 29 novembre 1626, à Bertrande de Labrousse, fille d’Helie de Labrousse, sr des Chapoulies, et de Jehanne de Camain, de laquelle provinrent : 1° Helie, baptisé le 6 janvier 1628, ayant pour marraine Marguerite de Labrousse, sa grand-mère, marié à Marie Villariaud, dont François et Anne, d’après le testament de leur tante, Honorette, du 20 janvier 1697 ; ledit François marié avec Marie Pastoureau, dont Pierre qui, de son mariage, eut une fille, Françoise, mariée le 16 février 1749 à Léonard Bouthinon, sr de Beaumont ; et un fils, François, baptisé le 18 septembre 1721, ayant pour parrain François Pastoureau, son bisayeul. Ledit François, sr du Buisson, se maria avec Marie Bouthinon des Essards, dont il eut une fille, Marie, qui, suivant contrat du 8 février 1776, avec Pierre Grolhier, assistée de ses père et mère, et de Pierre Pastoureau, sr de Lasserve, son ayeul, habitant tous, y est-il dit, au fief noble du Buisson, paroisse de Javerlhac, et deux fils, Pierre, sr du Buisson, et autre Pierre, sr du Coutirand, d’après une assignation du 18 janvier 1787, à la requête de Léonard Grolhier, contre ces derniers, et Marie Bouthinon, leur mère, veuve de François Pastoureau. Ledit Pierre Pastoureau, sieur du Coutiran, se maria avec Marie Bernard, dont Martial, marié le 10 août 1831, avec Catherine Pastoureau-Lannet, représentés de nos jours par leurs quatre fils, parmi lesquels Pierre-Henri Lorenzo Pastoureau, actuellement chef de bataillon au 61e régiment de ligne et chevalier de la Légion d’honneur ; 2° Thoynette, baptisée le 4 novembre 1629, ayant pour parrain Charles Pastoureau, frère de son père ; 3° Honorette, le 13 novembre 1633 ; 4° François, le 19 janvier 1635, marié avant 1671 à Catherine Chaperon et en 1675 avec Anne Laud, dont plusieurs enfants; 5° Antoinette, mariée en août 1653 avec Jean Dubarry ; 6° et Estienne, baptisé le 2 août 1642, et dont les descendants se divisèrent en plusieurs branches, dont deux sont encore représentées de nos jours, savoir :

    Du mariage d’Etienne Pastoureau, sr du Coutiran, avec Sibille Desages, du 22 novembre 1695, provinrent trois enfants qui partagèrent leurs successions le 12 mai 1730 : François, Helie et autre François.

    1° François Pastoureau, baptisé le 29 août 1699, fut avocat et juge de St-Martial et de Bernardière, et se maria avant 1734 avec Marie de Labrousse, dont il eut, de 1734 à 1754, onze enfants, parmi lesquels François, baptisé le 21 juin 1753 et marié le 19 mai 1787 avec Marguerite de Jalanihat, habitant à Javerlhac, suivant contrat où il est qualifié d’ancien sergent-major du régiment de la marine, fils de feu François Pastoureau du Coutiran et de Marie de Labrousse.

    2° Helie Pastoureau, sr de La Besse, second fils d’Etienne, se maria avec Anne Reynier avant 1742. Leur premier ne, Mathurin, ayant été baptisé le 24 avril de cette année ; leur second fils, Pierre, le fut le 1er août 1750. Ce dernier fut avocat en parlement, juge d’Abjat et Savignac de 1770 à 1789, maire de Nontron, puis juge de paix de 1823 à 1830. Il eut de son mariage avec Marguerite Marcillaud du Genest deux filles, dont l’une représentée aujourd’hui par M. le marquis de La Garde, son petit-fils, et l’autre par les familles Marcillaud de Goursac, de Gandillac et de Jaurias. Il en eut aussi deux fils, l’un, lieutenant-colonel d’artillerie, officier de la Légion-d’Honneur, marié à demoiselle Lapeyre de Bellair, dont un fils, ancien officier des eaux et forêts, et deux filles entrées dans les familles de Teyssière et Baignol, enfin, Jean, fils aîné, marié à demoiselle Marguerite de Labrousse, fille de Pierre de Labrousse, sr du Bosfrand, avocat et subdélégué de l’intendance de Bordeaux, et de demoiselle Françoise de Reix. De ce mariage provinrent quatre enfants, dont celui qui représente actuellement cette branche de la famille Pastoureau, Jean-Baptiste, ingénieur en chef de la marine en retraite, officier de la Légion-d’Honneur, résidant à Bordeaux, a épousé demoiselle Henriette Perrier, fille de sir Anthony Perrier, chevalier, consul de Sa Majesté Britannique, de laquelle sont provenus trois filles et un fils, André William-Paul, capitaine, en premier, d’artillerie.

    3° Autre François, sr du Coutiran, qui, de son mariage avec Marie de Labrousse, en eut François, baptisé le 6 août 1731, lequel se maria avec Marie Pourteyrou, laquelle lui apporta le fief noble de La Meynardie, paroisse de Siorac-de-Ribérac, dont il prit le nom. Le 26 mai 1757, il fut nommé contrôleur ordinaire des guerres, et décéda célibataire, après avoir légué tous ses biens au susdit Pierre Pastoureau, son cousin-germain.

    VI° Le sixième enfant de Thibaud Pastoureau et de Marguerite de Labrousse fut Charles, qui fit les branches du Tallet, de La Grange et de Lannet. Le 31 décembre 1609, ledit Charles, sr du Tallet, donna à bail à rente le moulin Vicomteau, près de Nontron. Il se maria en 1615 avec Marguerite Cholet, de laquelle il eut huits enfants, parmi lesquels : Dauphin, né le 7 juin 1620, sr de La Grange et de Lannet, qualifié de « capitaine de Nontron » dans l’acte de baptême du 4 décembre 1651 d’autre Dauphin Pastoureau. Il se maria en 1642 avec Anne Dufaure, décédée en 1652, se remaria en 1655 avec Jeanne-Zélie Dohet et décéda le 11 janvier 1690 à La Grange-de-Lannet, paroisse de la Chapelle-Nontronneau, lieu de sa résidence. Il fut inhumé dans la chapelle St-Jean-des-Cordeliers, dans les tombeaux de la famille et selon les prescriptions de son testament de 1689, mentionnées dans notre chapitre des institutions religieuses. Du second mariage provint Jean Pastoureau, marié en 1695 avec Françoise Feuillade, de laquelle il eut autre Jean, marié à Jeanne Pourten, de Magnac, et dont la descendance est aujourd’hui représentée par le commandant Pastoureau, fils de Catherine Pastoureau-Lannet, mariée en 1831 avec Martial Pastoureau, de la branche Coutiran du Buisson.

    Un autre des enfants de Charles fut François Pastoureau, né en 1626, lequel devint avocat, conseiller du roi, écuyer, conseiller enquêteur et examinateur en l’élection de Périgueux. De son mariage avec Marguerite Roy, il eut Pierre, qui fut aussi avocat et conseiller du roi en ladite élection. Ledit Pierre Pastoureau, sr de Goulières, se maria en 1699 avec Marguerite Eyriaud, dont il eut dix enfants, réduits à quatre d’après le partage de sa succession du 2 février 1737, suivant acte reçu Grolhier, notaire, savoir : 1° Suzanne, épouse de Michel Martin, écuyer, seigneur de Jaillac, demeurant au château des Landes, paroisse de Merlande, et dont un oncle avait été prieur de Nontron ; 2° Jean de Labrousse, sr du Bosfrand, avocat et juge du marquisat du Bourdeix et de la baronnie de Champniers, subdélégué, comme administrateur légal des enfants issus de son mariage avec demoiselle Bertrande Pastoureau ; 3° autre Bertrande Pastoureau, épouse de Jean Feuillade, sr de Laterrière ; 4° et Pierre Pastoureau, sr de La Serve, comme mari de demoiselle Marie Pastoureau. Cette branche, tombée en quenouille, est représentée, du côté des Feuillade, par les familles Ribeyrol et Roussilles Laforet, et, du côté des Labrousse, par les familles Nadaud, Devars et par M. l’ingénieur Pastoureau.

    Telles ont été les principales branches de cette famille Pastoureau, dont le nom se retrouve à chacune des époques et des phases de notre histoire locale, ainsi que de la majeure partie du Nontronnais.

    Ribault de Laugardière

    (Société historique et archéologique du Périgord, 1888)

  • Nontron, petite ville du Périgord pour le temporel, et du diocèse de Limoges pour le spirituel, à six mortelles lieues de Périgueux. La première couchée du messager sortant de cette ville pour Poitiers a trois portes, les rues étroites, sales et malpropres, par les cochons qui courent dans les rues, assise parmi des rochers, frontière de l’Angoumois, Poitou et Limousin. Ses fabourg sont dans le fond par où passe la petite rivière du Bandiac, qui, après avoir fait tourner quantité de moulins arrose les pieds du château. Cette ville est très ancienne ainsi que son château très fort, autrefois séjour délicieux de la reine Marguerite de Navarre, qui y avoit fait élever un beau palais pour ces temps là. Ce château quasi ruiné est sur une hauteur considérable, entourée de toutes parts de profondes ravines : on y trouve des souterrains dans le roc, et les éminences voisines ne pouvoient lui nuire avant l’usage du canon. De la ville on parvient à ce vieux château par un long et large pavé, qui aboutit à sa seule porte, assez en désordre ; une tour quarée subsiste, et une église, avec son clocher, où l’on célèbre encore le service divin.

    La ville, assise, partie entre des rochers, partie dans le fond, est entourée d’anciennes fortifications et de tours quasi ruinées et de trois portes et trois faubourgs, et l’on se rend à ces fauxbourgs par des chemins et rues taillés dans le rocher. Sur une hauteur, en face du vieux château, est le joli couvent des Cordeliers. La voûte de leur église est boisée et peinte en diverses figures et personnages très curieux, ainsi que l’esculture du grand autel et celle des deux costés de cet autel, qui renferment quatre grands tableaux. ON y voit aussi quatre grandes chapelles assez jolies, pratiquées dans des enfoncements, et des orgues. Ces religieux, au nombre de huit, possèdent un grand enclos, de beaux jardins, des terrasses qui ont vue sur le Bandiac. On y trouve aussi des religieuses de Sainte-Claire assez mal bâties, et l’église des pénitens, où l’on célèbre la messe, sous le nom de Nostre-Dame, desservie par les Cordeliers. La ville est fort peuplée : il y a beaucoup de riches marchands de fer et bourgeois aussi ; il y a un maire, un subdélégué et un juge royal.

    A cent pas en dehors de Nontron, est une espèce de village ou fauxbourg, sur les bordes d’un ruisseau et voisin de quelques ravines, sous le nom de Maladeries ou Léproseries, que je visitai par ordre du grand maistre de Saint-Lazare, composé d’environ dix familles de ladres ou lépreux. Là ils subsistent de père en fils depuis sept cents ans, s’aliant entre eux, exempts de toutes charges et impositions, taxes ou logements de soldats. Ils ne peuvent commercer, manger, ni s’allier avec les autres sujets du roi ; ils se tiennent aux portes des églises, ont des ruisseaux et fontaines particulières pour laver leur linges ; estoient sujets de l’ordre de Saint-Lazare. Tout le blé qui se vend au minage de Nontron leur doit un poilon par boisseaux, ce qu’on appelle droit de poillonage ; vont quester dans les campagnes avec des bourriques sous le nom de pauvres rebutés ; ils sont néanmoins assez aisés, travaillent à faire et à blanchir des toiles, car ils sont tous tisserands. Ils doivent porter des marques qui les distinguent, mais leurs mines et leurs jaunâtres figures sont des plus extraordinaires. Ainsi ces mêmes familles établies à Bergerac, à Lhoumeau, faubourg d’Angoulesme, à Milhac, à Brusac, à Latourblanche, Saint-Georges de Périgueux, Chalus, Larochebeaucourt et autres lieux, lieux où ils subsistent encore aujourd’hui, quoique ce sang se soit purifié et qu’ils se soyent mariés avec d’autres familles.

    De Nontron à Larochefoucaud, on compte cinq grandes lieuses et deux routes différentes. Mon guide me mena par le bourg de Javersac, à deux lieues de distance ; chemin des plus rudes à monter et descendre le long du Bandiac. Javersac est confinds du Périgord et Angoumois. Le château est à trois tours en pierre my quarées et rondes, biens crénelées et entretenues, ayant un bourg et église paroissiale sur les bords de cette rivière, pays peuplé et fort cultivé. Ensuite je passai sur un petit pont d’une arche, qui me mena sur un deuxième pont de pierre de cinq arches d’où je fus à la paroisse de Feuillade, trois lieues de Nontron, appartenant aussi à la famille de Javersac, où est une belle forge que je vis. Là, repassant la rivière, je vis une deuxième grande forge de… avec son château à diverses tours quarées et l’église paroissiale sur une pointe de rocher. Après y avoir diné, marchant par un beau pays je découvris Larochefoucaud.

    Source : Voyage en Périgord, de Louis de Lagrange-Chancel.

  • Du mardi 12 jusqu’au samedi 16 mai 1778.

    Cette espèce de ville, toute méchante et toute vilaine qu’elle est, se trouve toujours sur mon itinéraire, parce que ma sœur de Constantin y est établie. Cette fois-ci, j’avais un motif de plus pour y passer. Il y a un subdélégué, le pire de tous ceux de la généralité, comme M. Bouriot, de Bazas, en est le premier. Il s’appelle M. Dubosfrand. Son âge de quatre-vingts ans a achevé de lui ôter le peu d’esprit et de sens qu’il avait reçu en naissant.

    Pour établir une filature à l’hôpital de Nontron sous la direction de la sœur Bussac, supérieure, il m’a fallu bien de la peine pour persuader cet imbécile de subdélégué de l’utilité de l’établissement, et flatter sa petite vanité en engageant les habitants les plus distingués de la ville à s’assembler chez lui, quoiqu’il en soit détesté. Après bien des débats, bien des objections plus bêtes les unes que les autres, messieurs de Nontron ont bien voulu souffrir qu’on prenne des mesures pour faire travaller et nourrir leurs pauvres sans qu’il leur en coûte rien. MM. Mazerat, surtout le fils aîné, se sont montrés du beau côté dans cette circonstance-ci; et c’était important, parce que, tout jalousés qu’ils sont, ils ont beaucoup d’influence dans les assemblées.

    J’écris à M. l’Intendant pour qu’il veuille bien envoyer de Bordeaux les fonds nécessaires pour le coton, les rouets, cardes, etc. J’espère que l’établissement réussira, malgré les criailleries de quelques mauvais sujets. Un acte capitulaire, signé des principaux habitants, a constaté le vœu général, et MM. Savignac et Boyer ont été nommés administrateurs.

    Il y a dans Nontron sept tanneurs, dont quatre seulement en plein commerce. Les eaux du Bandiat noircissent les cuirs forts, aussi les fait-on venir de La Rochefoucauld; mais elles sont excellentes pour les autres genres de tannerie, car elle ramollissent singulièrement les cuirs, au point qu’en quatre jours elles opèrent davantage que celles de La Rochefoucauld en douze; aussi ajoute-t-on du son à celles-ci pour les rendre plus douces.

    Il y a trois foulons pour les serges, cadis et étamines, qui se fabriquent soit dans le pays, soit à Brantôme et à Bourdeilles. Le sieur Nouran est le marchand le plus accrédité.

    Il y a quelques sergeurs, mais qui ne travaillent pas pour leur compte. Il peut se fabriquer dans Nontron environ 200 pièces par an. Les étamines ne valent pas celles de Bourdeilles. Cependant tant celles de Nontron que [celles] de Bourdeilles et de Brantôme sont forts recherchées à Bordeaux, et l’on ne peut assez en fabriquer dans le pays pour les demandes.

    Il y a beaucoup de moulins à huile de noix sur le Bandiat. On écrase, sous une meule très épaisse et verticale, les noix dépouillés de leur écaille. Ces noix écrasées, moulues, sont portées dans une chaudière établie sur un petit four échauffé; lorsqu’elles sont très échauffées, on les porte sous le pressor, et l’huile découle dans un case par un canal de fer.

    La coutellerie est l’art le plus cultivé à Nonton. Elle n’est à la vérité que fort commune, mais c’est une branche d’industrie lucrative, à cause du voisinage des forges.

    Il n’en manque pas dans le pays, puisqu’il y en a 27 dans la seule subdélégation de Nontron. La plus belle est celle de la Jommelière, à une lieue de Nontron, en descendant le Bandiat. Quand l’aspect du pays ne l’annoncerait pas aux voyageurs, il est aisé d’en conclure que la mine de fer doit y être abondante.

    A une lieue de Nontron, au lieu appelé Saint-Estèphe, est un rochet immense posé sur un autre, tellement en équlibre que le mondre mouvement de la main le fait balancer. On l’appelle Casse-noisette. Je ne l’ai pas vu, mais le fait est sûr. (Je l’ai vu depuis, plusieurs fois.)

    Il y a environ 1,500 personnes dans Nontron.

    Deux couvents, l’un de Cordeliers, et l’autre de Clarisses.

    La paroisse est fort ancienne; c’était autrefois un couvent de Bénédictins.

    La ville doit aussi être d’une grande antiquité, puisqu’elle était considérable en 769 lorsque Roger, neveu de Charlemagne, et sa femme en firent cession à l’abbé de Charou. La terre de Nontron passa depuis aux vicomtes de Limoges, ensuite à la maison d’Albret, d’où à la couronne de France. Le président de Lavie en est actuellement seigneur engagiste.

    La ville de Nontron obtint en 1654 un arrêt du Conseil, très honorable, par lequel le roi lui remet la moitié des impositions pour avoir fourni un bon nombre de vaillants hommes qui contribuèrent infiniment à la prise de Brantôme, de Bourdeilles et d’autres petites villes des environs.

    C’est à Nontron (c’est-à-dire immédiatement au delà du Bandiat) que commencent les granites, car, à Saint-Martial, village qui est en deça, finit la pierre calcaire. Les cailloux roulés qui tapissent le fond de la rivière à ce passage, offrent le mélange des deux genres de pierres. Ce ne sont d’abord que des couches immenses et assez irrégulières de schistes d’un brun verdâtre, et remplies de mica. Le quartz et surtout le spath s’y mêlent peu à peu en montant vers Nontron.

    Il y a des vignes sur ces coteaux schisteux et graniteux, mais elles produisent peu, et le vin n’y vaut rien. Le châtaignier et le chêne y réussissent le mieux.

    Source : Journal de tournée de François-de-Paule Latapie, inspecteur des manufactures de Guyenne.

  • Enfant du pays, Chabaneau naquit à Nontron, le 21 avril 1754, d’une famille d’artisans pauvres. Un de ses oncles, moine à Saint-Antonin (Aveyron), voulut en faire un prêtre et l’éleva près de lui. Il le fit admettre plus tard à l’Oratoire de Paris pour y étudier la théologie. Mais les maîtres de Chabaneau le jugèrent d’esprit trop indépendant et le renvoyèrent. Jeté sans argent sur le pavé de Paris, un certain abbé La Rose le recueillit et le fit charger d’un cours de mathématiques dans une maison d’éducation que les Jésuites avaient à Passy. Il lui fallut alors apprendre ce qu’il avait à enseigner, et il l’apprit si bien qu’il ne tarda pas à acquérir un certain renom de professeur. Bientôt il put ouvrir un cours public. C’est là que vinrent l’entendre les fils du comte de Peña Florida, que leur père avait chargés de recruter des professeurs pour un grand collège de nobles récemment fondé à Bergara. Ils enrôlèrent Chabaneau, qui resta trois ans à Bergara et y fit des leçons si remarquées que le roi Charles III créa pour lui, à Madrid, une chaire publique et gratuite de sciences minéralogiques, chimiques et physiques, le logea dans son palais et lui alloua un traitement de 2,200 piastres (12,000 francs). Dans le laboratoire que le roi lui avait fait construire, Chabaneau, après de longues recherches, arriva à rendre le platine malléable. Le roi ordonna qu’on frappât une médaille commémorative de cette découverte et dota le savant d’une pension de 2,800 piastres en sus de son traitement annuel, à la condition qu’il ne quitterait pas l’Espagne (1783). En 1790, parut un grand ouvrage sur les sciences naturelles que Chabaneau avait rédigé en langue espagnole. Cependant l’excès de travail avait altéré sa santé; on lui conseilla le retour au pays natal, et, malgré les instances du roi, il renonça à sa pension et revint en Périgord. C’est peu après qu’il accepta de professer à l’École centrale de Périgueux. Lorsqu’elle fut supprimée, on lui offrit en vain une chaire de chimie à Paris; en vain on lui demanda l’autorisation de traduire et de publier son grand ouvrage : il ne voulait plus que l’indépendance et le repos. Bien qu’il eût été connu et apprécié par des hommes illustres comme Volney, Cabanis et Lavoisier, il resta indifférent à la renommée et mourut dans une retraite paisible, en 1842, à l’âge de quatre-vingt-huit ans.

    Source : La Revolution française, de Alphonse Aulard.